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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 05:25

ZeroHeurePP.jpg

Zéro heure à Phnom Penh : une enquête du détective Calvino est un roman de Christopher G. Moore paru en février 2012 aux éditions Ma dans la collection Pôle Noir (321 pages, 20 €, ISBN 978-2-822-40086-2). Zero hour in Phnom Penh (1999) est traduit de l'anglais par Pierre H. Richard.

 

Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce roman qui m'a bien plu.

 

Christopher G. Moore est né le 8 juillet 1952 au Canada. Il fut journaliste et il est depuis 1985 l'auteur de plus de vingt romans mais Zéro heure à Phnom Penh est le premier traduit en français. Son site officiel http://www.cgmoore.com/ et le site de la série des Vincent Calvino.

Ne pas confondre Christopher Moore, Américain né en 1957 dans l'Ohio (États-Unis) qui est un auteur de romans humoristiques et de fantasy !

 

« Plusieurs personnes à Bangkok avaient des blessures. Certaines cicatrisaient plus rapidement que d'autres qui, bien qu'invisibles, semblaient ne jamais vouloir guérir, laissant suppurer de la plaie amertume et regrets. » (page 13).

 

Ancien avocat de New York, Vincent Calvino est maintenant détective privé à Bangkok (Thaïlande).

Pendant son temps libre, il traîne au Lonesome Hawk Bar tenu par un Américain.

Calvino y est contacté par Patten : il faudrait interroger un gars de Montréal, Stuart Leblanc surnommé Le Gros qui « est dans le racket de bijoux » pour avoir des nouvelles de Mike Hatch actuellement à Phnom Penh (Cambodge). Une mission facile pour 5 000 dollars ! Mais Le Gros meurt empoisonné au champ de courses...

Calvino va alors partir à Phnom Penh sur les traces de Hatch. Il sera accompagné de son ami, le lieutenant colonel Pratt de la police thaïlandaise qui enquête sur un vol de bijoux non résolu. Ils vont collaborer avec le surintendant de la police des forces des Nations unies, Ravi Singh, dont les enquêtes portent essentiellement sur la prostitution, la contrebande d'armes et aussi le vol de bijoux.

 

C'était déjà glauque en Thaïlande, ça va être encore pire au Cambodge !

Où beaucoup agissent en toute impunité...

Y compris les anciens Khmers rouges...

Y compris les soldats pacificateurs de l'ONU... illégalement armés, qui se livrent à des trafics, rackets et à la prostitution avec des Cambodgiennes et des Vietnamiennes mineures...

 

Voici quelques extraits pour vous faire une idée de l'ambiance, moite, sordide.

« Ouais, je vois ! Un Occidental ne peut jamais comprendre. C'est la sagesse proverbiale des Occidentaux. Mais, dans mon livre à moi, ça ne se passe pas comme ça. Les criminels n'ont rien à faire de la culture. Ce sont des opportunistes. Ils vont s'emparer de tout ce qu'ils peuvent avant qu'on les arrête. Donc... La seule question, c'est de savoir qui contrôle ici. Àmoins que tout le monde ne mange au même râtelier... » (page 58).

« Calvino savait qu'il y avait toujours suffisamment de preuves pour boucler un besogneux mais jamais assez pour atteindre son maître. Le système fonctionne de cette façon. […] ». (page 119).

« Les mensonges n'avaient jamais cessé. Ils avaient juste changé de camp, à la recherche de nouvelles victimes. Le Cambodge était une terre hors la loi dotée d'une population aux abois, […]. L'admettre n'était pas la question. Il suffisait de le constater. » (pages 150-151).

« … une cité où, en 1975, on avait ramené le calendrier à l'Année Zéro en même temps qu'on vidait la ville de ses habitants pour remplir les campagnes de leurs cadavres. » (page 204).

 

ChallengeDragonFeuCe roman que je mets dans le challenge Dragon 2012 (Thaïlande, Cambodge) est vraiment bien mais il est d'une telle densité que j'ai mis une plombe à le lire : trois semaines ! J'étais fatiguée, je lisais peu et j'avais l'impression de ne pas avancer. Pourtant c'est un excellent polar hardboiled, un roman noir avec un détective solitaire, désabusé mais séduisant, un contexte historique et social intéressant (le Cambodge de l'après Pol Pot), et une psychologie des personnages très poussée. La couverture est superbe, digne des grands romans (et films) noirs de la grande époque américaine des années 20 à 50.

 

D'autres enquêtes de Vincent Calvino à paraître ?

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 04:03

RouteBanlung.jpgSur la route de Banlung : Cambodge 1993 est une bande dessinée de Jacques Rochel et Vink parue aux éditions Dargaud dans la collection Long courrier en septembre 2011 (64 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-205-06509-1).

 

Jacques Rochel et Vink sont tous les deux nés au Vietnam.

Vink, pseudonyme de Vinh Khoa, est né le 24 décembre 1950 à Danang. Francophone, il a été au Lycée Blaise Pascal et à l'Université de Saïgon avant d'étudier en Belgique puis de se lancer dans la bande dessinée. Ses séries comme Le moine fou ou Les voyages de He Pao sont très connues. Le blog de Vink (et Claudine).

Jacques Rochel a fréquenté le Lycée Blaise Pascal en même temps que Vink (en 1968). Il est franco-vietnamien et vit aux États-Unis. Il travaille par l'ONU.

 

Jacques a été envoyé par l'ONU à Ratanakiri pour organiser des élections démocratiques et distribuer les paies pendant 6 mois.

La bande dessinée raconte la vie des missionnés de l'ONU (appelée UNTAC au Cambodge), leurs relations avec la population et l'organisation des élections.

Certains anciens Khmers rouges n'ont pas perdu espoir de revenir au pouvoir, ils complotent et cherchent de l'argent. Après l'échec du vol de la valise avec la paie des employés de l'ONU (200 000 $ chaque mois), ils vont profiter des retrouvailles de Jacques avec Mai (elle est vietnamienne et ils ont étudié ensemble il y a 25 ans) pour faire un chantage « sur la route de Banlung ».

De plus, Jacques a laissé dans le New Jersey son épouse, Ma (elle est Philippine) et leurs deux enfants, Nathalie et Philippe. Un jour où ils se parlent au téléphone, Ma dit à son mari que Philippe a été diagnostiqué autiste. Jacques ne veut pas y croire.

 

Ratanakiri est située au nord-est du Cambodge, près de la frontière vietnamienne. C'est la ville de naissance de Pol Pot et le berceau des Khmers rouges... C'est dire si ces premières élections de 1993 sont importantes !

La bande dessinée se lit sur 56 pages, surtout pour découvrir les relations humaines et le travail de réconciliation fait grâce à l'ONU, mais il y a un dossier de 8 pages supplémentaires avec des explications et de nombreuses photos.

En fait, Vink et Jacques Rochel se sont retrouvés à Liège pour le 40e anniversaire de leur promotion. C'est là qu'ils ont eu l'idée de faire cet album ensemble. « Incroyable ! Il faudrait écrire un bouquin là-dessus ! – Humm, oui, un bouquin là-dessus serait intéressant... » (page 59).

Effectivement ce témoignage est intéressant, il raconte un événement précis en 1993 : le régime des Khmers rouges a été renversé depuis 14 ans mais on sent encore leur présence (est-ce encore le cas maintenant ?). Je n'ai pas considéré cette bande dessinée (pratiquement autobiographique) comme un carnet de voyage mais comme un carnet de travail. Bien sûr, il y a du dépaysement, mais si vous cherchez le voyage, vous serez déçus, par contre si vous lisez Sur la route de Banlung comme un témoignage personnel et historique de l'après Khmers rouges, c'est parfait.

Le montant total de cette mission de l'ONU me laisse pantoise... 1 620 963 300 $ ! En 1993... Combien ça coûterait maintenant ?

À noter, page 19 et page 43, deux très belles peintures à l'huile de Vink (pleine page).

Si vous voulez en savoir plus sur le drame cambodgien, j'ai présenté cet été L'année du lièvre, 1 : Au revoir Phnom Penh, de Tian.

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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 06:03

AnneeLievreTian.jpgL'année du lièvre est une bande dessinée de Tian. Au revoir Phnom Penh est le tome 1 de cette trilogie, il est paru aux éditions Gallimard dans la collection Bayou en avril 2011 (120 pages, 17 €, ISBN 978-2-07-062957-2).

 

Tian, né au Cambodge en avril 1975, est arrivé en France avec ses parents en 1980. En 2001, il est sorti diplômé de l'École des Arts décoratifs de Strasbourg. Depuis 10 ans, il est retourné plusieurs fois au Cambodge.

 

17 avril 1975. Après 5 ans de guerre contre les Américains, Phnom Penh est libérée par l'armée des Khmers rouges. Le peuple se réjouit alors mais ne connaît pas les motivations des Khmers rouges.

Khim, médecin, est parti à l'hôpital chercher le nécessaire pour son épouse, Lina, qui va accoucher sous peu. Il échappe de justesse à une arrestation et peut fuir avec toute sa famille.

D'ailleurs, le bébé de Lina et Khim naît à Ta Prom, un village, et il porte le nom de Chan comme l'arbre qui pousse à côté de la hutte et Veasna qui signifie le destin.

Le Cambodge devient le Kampuchéa démocratique. Les Khmers rouges veulent « réformer la société » pour qu'il n'y ait « plus d'injustice, plus de corruption ni d'inégalité de richesse » (page 27).

La famille de Khim ainsi que deux autres familles veulent aller à Battambang mais les Khmers rouges sont déjà à la Pagode de Rakakong et détournent les fonctionnaires et les intellectuels vers Kompong Cham.

 

AnneeLievre98.jpgTian raconte ce qu'ont vécu ses parents et ses grands-parents (et lui, le bébé qui venait de naître et qui a survécu par miracle) avec une grande simplicité et une profonde humilité.

En lisant ce témoignage, j'ai ressenti bien sûr une grande émotion mais aussi une révolte ! Car qui a cru à ces slogans mensongers ? « Un Kampuchéa indépendant, uni, pacifique, où règnent le bonheur, l'égalité, la justice, la démocratie, sans riches ni pauvres, sans classe exploitante... » (page 106). C'est trop, n'en jetez plus ! Au milieu des années 70, on connaissait déjà le sort réservé aux populations d'Europe de l'Est et de Chine... Alors reconstruction, solidarité, union, prospérité, indépendance, paix, bonheur, égalité, justice... De bien beaux mots mais... De démocratie point ! Évidemment là, c'est moi qui porte un jugement, chose que l'auteur ne fait pas car il aime son pays d'origine et souhaite le bonheur de ses compatriotes.

Mais le ton de la bande dessinée est déjà donné dans l'intéressante préface de Rithy Panh, cinéaste connu pour le film documentaire S21, la machine de mort khmère rouge. Il parle de « succession de petits miracles » qui ont permis de fuir, de survivre, de recevoir l'hospitalité malgré le danger. Parce que dès le tout début, les populations ont fui et les habitants savaient que certains étaient exilés ou tués (fonctionnaires, intellectuels, etc.) mais les soldats étaient armés, dangereux et persuadés d'être dans leur bon droit. 

Vous pouvez cliquer sur cette image.

Un de mes passages préférés

PALseches« N'oubliez pas que dans ce nouveau régime, si vous voulez vivre... Il faudra planter du kapokier et du palmier autour de la maison. » (pages 74-75). « C'est un vieux proverbe khmer qui veut dire 'Ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire'. » (page 76).

 

Le challenge BD PAL sèches de Mo' continue avec cette 28e bande dessinée avec le Cambodge en plus pour les origines géographiques.

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