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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 01:52

Dictionnaire des idées reçues sur l'Asie et l'Orient est un essai de Régis Poulet paru aux éditions Zaporogue en février 2009 (91 pages, 3,98 €).

 

Régis Poulet est né le 3 mai 1966 à Lyon (Rhône). Il est diplômé de géologie, de philosophie, docteur en littérature comparée (il enseigne en lycée et à l'université), traducteur, astronome amateur et passionné d'ornithologie (ses photos d'oiseaux). Il travaille à La Revue des Ressources (RdR) depuis 2003 (rubriques Asiatiques, Idées, Feuillets africains et dossier Kenneth White) et a relancé l'Atelier géopoétique du Rhône en 2011. Du même auteur : L'Orient : généalogie d'une illusion (2002).

 

Dans son introduction, l'auteur nous dit que « il ne se passe pas une semaine […] sans qu'il ne soit question de l'Asie ou de l'Orient » : politique, arts, littérature... Il a eu donc l'idée d'écrire ce petit dictionnaire des idées reçues en utilisant humour et décalage.

 

Par exemple, le premier mot est aïkido : « ça commence mal, on a déjà mal avant d'avoir rien fait. Plein le dos des Japonais ! ». Et plus loin, bonsaï : « arbre en pot qui a été torturé. Si ce n'était pas japonais, on jurerait que c'est chinois... ».

 

Vous l'aurez compris, ça ne se prend pas au sérieux (même si les définitions sont recherchées) et ne vous inquiétez pas, l'auteur n'a rien contre les Japonais ou les Chinois : c'est toute l'Asie qu'il passe en revue de A à Z (noms communs, noms propres, lieux…) et c'est vraiment intéressant et amusant (omoshiroi, diraient les Japonais).

 

D'autres exemples ?

Canard : « toujours laqué en Asie, comme les meubles. »

Derviches : « des tourneurs comme on n'en fait plus. »

Fakir : « métier de pointe. »

Ikebana : « trois ou quatre pauvres tiges perdues dans un modeste vase. Dire que certains prennent des cours pour en arriver à ça ! »

Lotus : « nénuphar protée de l'Asie qui fournit des fleurs, des graines, des positions de yoga, des pole position, des motifs décoratifs et du papier toilette. »

Sage : « est Chinois alors que le saint est Indien. Possède une longue barbe clairsemée et s'exprime par énigme (lorsqu'il est aveugle, cela ajoute bien sûr à la clarté de ses pensées). »

Zen : « synonyme japonais de 'cool'. Tout ce que les Japonais font de bien vient du zen. Mot anti-stress. »

 

Ma définition préférée

Samouraï : « guerriers qui poussent des cris effroyables dans les films de Kurosawa et qui s'ouvrent le ventre à la moindre contrariété. »

 

Après le dictionnaire, l'auteur continue avec Un peu de sérieux, texte dans lequel il parle de l'Inde (mythe aryen, sanskrit, bouddhisme) et d'autres thèmes comme le despote en Asie, les estampes japonaises (ukiyo-e), le hara-kiri (seppuku), les idéogrammes chinois, le Qi, la réincarnation, le Zen, etc.

 

Ah, l'Asie... Fascination, imaginaire, fantasme, méconnaissance, mauvaise interprétation, menace... Tout y est !

 

En fin de volume :

- une bibliographie d'œuvres que l'auteur juge représentatives (je note la présence de Le mystérieux Docteur Fu Manchu, de Sax Rohmer, roman qui fut un coup de cœur pour moi) ;

- des conseils pour la collection Connaissance de l'Orient de Gallimard et l'éditeur Philippe Picquier qui selon lui sont « indispensables pour sortir des clichés » ;

- et la rubrique Asiatiques qu'il dirige sur La Revue des Ressources.

 

Voilà donc un petit livre à la fois divertissant et instructif qui mérite d'être plus connu !

 

Une lecture pour le challenge Petit Bac 2013 (catégorie Lieu).

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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 03:13

Je vous ai rapidement parlé des 10 récits qui terminent La bible de l'astrologie chinoise, de Derek Walters.

 

Ces contes et légendes du folklore chinois sont intitulés Récits des astrologues chinois et, les ayant lus à part, je voulais faire un article séparé pour les mettre dans le challenge Des contes à rendre.

 

Le pêcheur mystérieux

Avant d'aller chasser, Wen Wang, « homme d'État et légendaire auteur du mystérieux Livre des mutations », lançait des tiges d'achillée pour consulter l'oracle. Mais ce jour-là, la réponse était aussi inhabituelle que le gibier qu'il allait attraper !

 

Les prophéties peuvent être dangereuses

Jing Fang, un astrologue du 1er siècle avant Jésus Christ savait qu'il allait devenir célèbre et que ça allait provoque sa perte.

 

Voyageur dans le temps

Fei Zhang Fang, un magicien du 1er siècle, avait une baguette magique qui lui permettait de « parcourir de vastes distances en quelques instants », en un mot de voyager dans le temps et donc de prévoir l'avenir.

 

Les agents secrets

Au 2e siècle, l'employé Li a observé deux nouvelles étoiles et a su que deux visiteurs importants allaient venir dans son village. Effectivement, l'empereur avait envoyé deux espions pour savoir ce que le peuple pensait de son gouvernement.

 

Un astrologue réticent

L'astrologue Yan Cun refuse d'être célèbre et riche car il pense que « Richesse matérielle signifie pauvreté intellectuelle ». Ainsi, chaque jour, lorsqu'il a gagné assez pour subvenir à ses besoins, il préfère retourner étudier que de continuer de travailler.

 

L'héritage

Un diseur de bonne aventure sur le point de mourir confie à son épouse son Livre des mutations avec recommandations de ne pas vendre la maison pendant les cinq années de famine à venir et de donner le livre à un dénommé Hong qui viendra au printemps après ces années difficiles. Tout se passe comme le mourant l'avait dit mais Hong assure à la veuve ne pas avoir de dette envers son mari défunt. Pourtant...

 

Le fanatique de la forme

Au 1er siècle, Ren Wengong prédit une inondation et construisit un bateau mais le gouverneur dont il est l'assistant se moqua de lui et ne protégea pas sa population. Arriva ce qui devait arriver... Peu de temps après, il entraîna sa famille et ses serviteurs à courir avec de lourds fardeaux sur le dos, mais encore une fois, tout le monde le crut fou.

 

Horoscopes incompatibles

Au 1er siècle, au temps de la dynastie Han, une belle jeune fille intelligente, et amoureuse de Chang, ne se laisse pas démonter par leurs horoscopes incompatibles. Leur mariage attendra l'année du Lièvre pour que leurs signes opposés se retrouvent dans un groupe compatible !

 

Guan Lu

Guan Lu, célèbre devin depuis l'âge de 8 ans, dont la vie est mentionnée dans les Annales des trois royaumes, a un comportement négligé (buveur, glouton, mauvaises manières) mais il est tellement doué et célèbre qu'à 46 ans, un poste bien rémunéré lui est proposé. Cependant, il savait que sa vie arrivait à sa fin.

 

Tai Yang

Dans la seconde moitié du 3e siècle, Tai Yang est un astrologue reconnu car il a des donc depuis l'âge de 12 ans. Mais il n'est pas l'astrologue officiel car il fait carrière dans l'administration. Un jour il prédit à l'opposé de l'astrologue officiel et Wang Zhen, le secrétaire du gouverneur, le fait enfermé sans nourriture pendant 50 jours.

 

Ces courts contes sont intéressants et plaisants à lire, ils ont du caractère, ainsi qu'une spiritualité différente de celle de l'Occident mais dans laquelle je me sens bien. Ils invitent à faire face à l'adversité, à vivre heureux, à ne pas vouloir être ce que l'on n'est pas, mais ils montrent aussi qu'on peut modifier les choses désagréables en faisant le bien et en attendant le bon moment. Ils se rapprochent des principes de Confucius. À méditer donc.

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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 04:03

La bible de l'astrologie chinoise est une encyclopédie de Derek Walters parue aux éditions Guy Trédanel en janvier 2009 (22 €, 400 pages, ISBN 978-2-84445-960-2). The Chinese astrology bible (2008) est traduit de l'anglais par Antonia Leibovici.

 

Derek Walters est auteur de plus de 25 livres sur l'astrologie chinoise, le feng shui et le mah-jong. Je pense qu'il est Anglais mais je n'en suis pas certaine.

 

Le mot astrologie me gêne, je n'aime pas l'astrologie, mais si je m'intéresse à la cosmogonie chinoise des 12 animaux de Bouddha, ce n'est pas pour faire des horoscopes, c'est parce que j'aime l'animal en tant que totem et que je m'intéresse à ses particularités.

C'est pourquoi j'ai voulu lire ce livre, très bien fait, avec des couleurs pour chaque chapitre et abondamment illustré.

 

L'astrologie chinoise : définition, principes, éléments, quatre saisons, ses deux zodiaques (deux ?), ses étoiles... (pages jaunes).

Les douze animaux : rat, buffle (ou bœuf), tigre, lièvre (ou lapin), dragon, serpent, cheval, mouton, singe, coq, chien, cochon (selon la légende de leur arrivée devant Bouddha), les déterminer, leurs caractéristiques, leurs qualités et défauts... (pages violettes).

Les relations entre les animaux : les partenaires idéaux, les meilleurs compagnons... (pages oranges).

Les années à venir : chaque année étant gouvernée par un animal, les points forts, les points faibles... (pages turquoises).

Calculer les signes de l'heure, du mois, du jour : accords et conflits entre les quatre signes animaux pour chaque année, heure, mois et jour (pages grises).

L'horoscope élargi : comment dresser un horoscope chinois selon deux méthodes, le Ming Shu – vue d'ensemble – et le Cycle de vie – compte-rendu plus détaillé – (pages roses).

Les 60 paires tronc et branche : 60 combinaisons possibles entre tronc et branche, chacune ayant un nom et une perspective différente (pages vertes).

Analyse avancée : les 28 animaux supplémentaires et divers articles (pages bleues).

 

La partie qui m'a le plus intéressée est ce dernier chapitre (le plus gros, plus d'un quart du livre) avec les animaux supplémentaires que je ne connaissais pas ! Ces 28 animaux sont apparus au VIe siècle, en même temps que les 12 animaux très connus. Pour ne pas les oublier, je me les note !

Dragon vert du printemps : salamandre, dragon céleste, martre, lièvre céleste, renard, tigre céleste, léopard.

Tortue noire de l'hiver : licorne, buffle céleste, chauve-souris, rat céleste, hirondelle, cochon céleste, porc-épic.

Tigre blanc de l'automne : loup, chien céleste, faisan, coq céleste, corbeau, singe céleste, anthropoïde.

Oiseau vermillon de l'été : tapir, mouton céleste, chevreuil, cheval céleste, cerf, serpent céleste, ver.

Soit 4 groupes (les quatre grandes constellations) de 7 animaux chacun = 28 animaux parmi lesquels les 12 bien connus déclinés en 'céleste'.

Pour que chacun s'y retrouve, il y a plusieurs tableaux dans tout le livre pour trouver son animal, son mois, son jour, sa direction, sa couleur...

De courts chapitres parlent aussi du feng shui, du tai sui (force du vent), du ba zhai (les 8 demeures), de l'alimentation et de la cuisine chinoise, de la médecine chinoise...

Et, en fin de volume, dix récits (contes et légendes) terminent agréablement cet ouvrage. Je vous parlerai de ces contes dans un article séparé.

 

Cette lecture entre dans le challenge Animaux du monde.

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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 04:12

Le bonheur prisonnier est un album illustré de Jean-François Chabas et David Sala paru aux éditions Casterman en avril 2011 (26 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-203-03056-5).

 

Jean-François Chabas est né en 1967 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et vit au Pays Basque. Récemment, j'ai lu son premier roman, Une moitié de Wasicun !

 

David Sala est né le 18 juillet 1973 à Décines (Rhône). Il a étudié à l'école Émile Cohl et il est illustrateur. Plus d'infos sur http://davidsala.com/davidsala.com/HOME.html.

 

Liao, un petit garçon, demande à son arrière-grand-mère Na pourquoi il y a dans la maison une minuscule cage en or qui pend au plafond. La vieille femme lui répond que c'est « la cage du grillon du foyer » qui – bien que la famille ne soit pas riche – est en or. Selon une légende, en Chine, un grillon protège la maison, il chante et apporte le bonheur.

Mais le jour de ses sept ans, Liao entend le grillon l'appeler : l'animal voudrait que l'enfant le libère de sa cage car il est malheureux enfermé.

Après mûre réflexion, Liao libère le grillon mais dès le lendemain, plusieurs catastrophes s'abattent sur la maison...

Finalement, Liao avoue sa « faute » à Na et se rend au temple pour prier Bouddha mais les malheurs continuent !

 

Des dessins chaleureux et grandioses éclatant de couleurs et de détails ! Les illustrations de David Sala ressemblent à des œuvres de Klimt (voyez l'extrait ci-contre avec les femmes en kimono).

Un grillon tout mignon et un enfant sensible et intelligent.

Une tradition qui peut être changée pour le bien de tous (humains et animaux).

Beaucoup de texte à lire pour les plus jeunes, mais l'histoire est amusante et fait réfléchir : est-ce bien de garder un animal (le bonheur) prisonnier ?

 

Une très belle lecture pour les challenges Animaux du monde (grillon), Des contes à rendre et Je lis aussi des albums.

 

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 04:39

Le rossignol et l'empereur de Chine est un album illustré de Kochka et Qu Lan paru aux éditions Flammarion/Chan-ok en avril 2013 (32 pages, 13,25 €, ISBN 978-2-916899-85-5).

 

Kochka est l'auteur. Née au Liban en 1964, elle vit en France depuis 1976, présentement dans la Sarthe. Déjà lu d'elle : Le destin blanc de Miyuki.

 

Qu Lan est l'illustratrice. Née le 6 décembre 1977 à Suzhou en Chine, elle vit en Charente depuis 2002. Elle est peintre, illustratrice et a déjà publié Le chat bonheur. Plus d'infos sur http://www.lan-artwork.com/.

 

Je remercie Brigitte et les éditions Flammarion/Chan-ok pour ce très bel album illustré.

 

« Il était une fois... » un empereur de Chine qui aimait les belles choses et la perfection. Au-delà des jardins du palais, il y avait une forêt dans laquelle vivait un rossignol gris. « Son apparence était commune mais son chant était magnifique ! » (page 7).

Lorsque l'empereur sut qu'il avait en son domaine un tel joyau, il exigea que l'oiseau chantât pour lui.

Le rossignol fut emmené au palais et l'empereur pleura en l'entendant chanter, mais le petit oiseau fut enfermé et bien que la cage fut dorée, il préférait plus que tout sa liberté...

Heureusement l'empereur reçut un jour en cadeau un très beau rossignol mécanique d'or et d'argent qui pouvait chanter sans se fatiguer !

Le rossignol s'enfuit et il est banni du palais.

Mais la mécanique chante-t-elle aussi bien que le vrai rossignol et va-t-elle tenir ?

 

Kochka s'est bien sûr inspirée du beau conte de Hans Christian Andersen, Le rossignol et l'empereur. Un conte réaliste paru en 1843 : une métaphore qui montre que personne, même le plus riche ou le plus puissant, ne peut s'approprier ce qu'il ne possède pas. Elle a allégé le texte, l'a rendu même plus poétique, et les illustrations de Qu Lan (pleine page ou double page) sont magnifiques. Un très bel album donc, à avoir dans sa bibliothèque ou à offrir.

 

Une lecture pour Des contes à rendre bien sûr mais aussi pour Animaux du monde (rossignol), Je lis aussi des albumsPetit Bac 2013 (catégorie Animal) et Royal (empereur).

 

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 23:05

Pour la 8e session des Lundis philo, le thème est Au bout du monde avec :

- soit le voyage

- soit la philosophie du bout du monde.

 

Alors que j'avais proposé à Heide le thème de la philosophie d'ailleurs (je pensais plus particulièrement à l'Asie), je me suis retrouvée sans idée précise devant cet intéressant 'Au bout du monde'... Et puis, j'ai trouvé (par hasard ! Mais le hasard existe-t-il ?) L'idée de Dieu dans la philosophie religieuse de la Chine, texte d'une conférence de Léon de Rosny le jeudi 23 mars 1899 au Musée social.

 

Léon de Rosny

Son nom complet est Léon Louis Lucien Prunol de Rosny.

Cet ethnologue et linguiste français, né le 5 avril 1837 à Lille, était très intéressé par l'Extrême-Orient (Chine, Japon, Corée, Indochine). Il parlait le chinois, le japonais, le coréen, le vietnamien, le thaïlandais... Il a écrit de nombreux livres sur l'Asie, les langues asiatiques (en particulier le japonais car il fut le premier à enseigner le japonais en France), les philosophies d'Asie, et aussi sur l'Amérique précolombienne. Il est mort le 28 août 1914.

 

Le Musée social

Il a été fondé à Paris, dans le 7e arrondissement, en 1894. C'est une fondation privée, reconnue d'intérêt publique. L'objectif était de « conserver et exposer de façon permanente les documents du pavillon d'Économie sociale de l'exposition universelle de 1867 : exposition universelle d'art et d'industrie qui s'est déroulée du 1er avril au 3 novembre 1867 et qui s'est tenue sur le Champ-de-Mars à Paris avec 41 pays représentés. Le comte Aldebert de Chambrun (nom complet Joseph, Dominique, Aldebert Pineton de Chambrun, 1821-1899), haut fonctionnaire et homme politique français, a consacré sa fortune à ce musée dont les membres ont travaillé à la naissance de l'urbanisme, des coopératives, des mutualités. Plus d'infos sur http://www.cedias.org/, Musée social, centre d'études, de documentation, d'informations et d'actions sociales.

 

Mais revenons au thème 'Au bout du monde' et au texte que j'ai lu : L'idée de Dieu dans la philosophie religieuse de la Chine.

 

Lors de sa conférence, Léon de Rosny précise les définitions de l'athée selon les époques historiques : paganisme grec et romain, Moyen-Âge, « de nos jours » (en 1899).

« Eh bien ! Lorsqu'on a soutenu que les Chinois étaient athées, on a oublié de nous dire auquel de ces trois genres d'athées ils appartenaient. ».

De plus, il questionne : est-ce qu'un peuple tout entier peut être athée ? N'y a-t-il pas plutôt dans un pays des athées et des déistes « sans qu'il soit permis pour cela de dire que ce peuple est lui-même athée ou déiste. ».

Léon de Rosny propose trois manifestations religieuses/philosophiques dans cette Asie orientale :

1. La doctrine cosmogonique (Taï-kih) qui remonte aux origines de « l'évolution intellectuelle des Chinois ». Il y aurait même sûrement eu « plusieurs systèmes cosmogoniques successifs très différents les uns des autres » (Yi-king, King, Taï-kih) dans l'antiquité chinoise. L'auteur analyse le mot kih, sa définition (« le principe et la fin, la condition suprême »), sa portée, son évolution, etc. Il parle ainsi de « Loi suprême », de « condition immuable », de « Justice fatale, intransigeante et ininfluençable », de « Unité absolue et primordiale », de yin (« principe femelle ») et de yang (« principe mâle »).

Dans le domaine philosophique, Léon de Rosny précise que le Taï-kih est « exempt de toute matérialisation, de tout anthropomorphisme » : il n'est « pas capable de prendre forme et même de parler » comme le Dieu de la Bible, ou « d'entendre les récriminations des hommes comme les dieux d'une foule de cultes anciens et modernes ». Par contre, il est identifié comme « le Ciel » mais ce n'est pas une idée anthropomorphique ou individualiste de Dieu : il faut plutôt penser à « émanation céleste » ou « Vertu céleste » (dans le sens de « Caractère spécial », pas dans le sens « bons sentiments » ou « actes généreux »).

2. L'enseignement moral et politique de Confucius. Confucius fut un « grand moraliste, qui professait une doctrine essentiellement utilitaire, c'est-à-dire une doctrine qui se rapproche à bien des égards de ce que nous appelons aujourd'hui le Positivisme ». Cependant Léon de Rosny explique que Confucius fut « un merveilleux observateur » qui a élaboré des « théories politiques et sociales » pour satisfaire « aux sentiments et aux aspirations de sa race » mais que « son esprit était inapte à tout travail de spéculation intellectuelle et même d'exégèse et de critique ». Bien sûr, l'auteur argumente et précise que son contemporain, Lao Tseu, l'avait en « médiocre estime ». En gros, Confucius était confronté à la philosophie cosmogonique (voir le point n° 1), concept(s) qu'il ne comprenait pas et qui ne servai(en)t pas « sa nation au point de vue pratique ». Il a donc créé le Hiao, principalement traduit comme « Piété filiale » mais qui a une portée bien plus importante (morale, politique et intellectuelle) et qui se base sur le « Culte des ancêtres » : respect du passé et « aucune ambition plus haute que celle de survivre par le souvenir chez leurs descendants ». L'auteur n'est pas dupe : « Cette manière de donner satisfaction à l'orgueil humain nous fait sourire » et permet de « dominer la masse », mais ce concept vaut ce qu'il vaut (il n'est pas pire que ceux des Occidentaux) et aucun Chinois ne s'en moquerait ! Ainsi, avec son livre canonique Yih-king (Livre traditionnel des Transformations), Confucius a effectivement transformé la philosophie cosmogonique – Taï-kih – en Chang-ti (équivalent de Dieu), « le grand prince ou chef de tous les génies » avec de nombreux Koueï (divinités, génies, esprits, parfois démons) auxquels il faut rendre hommage (sacrifices). Dans Chang-ti, ti signifie empereur et chang signifie élevé, d'où « Empereur élevé » ou « suprême Empereur ». L'auteur développe bien plus car ti signifie aussi gouverner, je vous laisse découvrir tout ça en lisant le texte de la conférence et les écrits de Léon de Rosny !

3. La philosophie taoïste. On considère Lao Tseu comme le fondateur de cette philosophie mais Léon de Rosny dit que « La doctrine que représente le Tao-teh King témoigne d'une puissance de pensée et de conception telle que je ne puis me résoudre à croire qu'elle ait été l'œuvre d'un seul homme, d'un seul philosophe, dans un pays où le travail de nombreuses générations antérieures ne lui aurait pas préparé toutes les voies. » car « le progrès s'accomplit lentement et avec le concours indispensable d'un nombre considérable de collaborateurs dévoués, tenaces et intelligents. » Et si l'auteur peut affirmer « Je n'ai donc plus aucune hésitation à soutenir désormais que la philosophie taoïste a été la conséquence d'un labeur intellectuel dont les premières manifestations se perdent dans la nuit des temps ou ont été du moins fort antérieures au VIe siècle avant notre ère. », c'est parce qu'il a étudié les textes originaux anciens et les ouvrages des sinologues. Et encore, à son époque (fin du XIXe siècle), les précurseurs et les contemporains de Lao Tseu étaient peu connus. D'ailleurs, le Tao-teh King est « d'une valeur considérable, mais dont l'intelligence présente d'énormes difficultés » et les premières traductions faites avec les connaissances de l'époque n'étaient pas exemptes d'erreurs de compréhension et de traduction... Léon de Rosny explique bien le concept philosophique du Tao qui signifie « route », « parler », « doctrine », parfois traduit par « voie », « Raison primordiale », « Principe suprême », « lumière », « Connaissance absolue » ou même « Dieu » toutefois « il s'applique à la conception d'un Dieu d'une nature non seulement immatérielle, mais indéfinissable. Lao-tse s'exprime à cet égard de la façon la plus formelle : Le Dieu qu'on peut définir, dit-il, n'est pas le Dieu absolu (en chinois : Tao ko tao, feï Tchang Tao.) ». Quant à King, souvent traduit par « Livre sacré », il signifie pourtant « écrit traditionnel ». Et Teh, « veut bien dire « vertu » dans le langage ordinaire, mais dans celui de la philosophie taoïste, il a une bien autre portée : il y exprime l'élément muable, qui est la seconde caractéristique de Dieu, dont la première est l'immuabilité. En d'autres termes, il désigne l'Activité sélective et le Devenir. ». L'auteur précise que cette notion de théologie trinitaire, présente en Chine « dès le VIe siècle avant notre ère », existe aussi en Inde (la trimourti) et au Japon (« Sintauisme primitif », c'est-à-dire shintoïsme primitif). Malheureusement, la théorie philosophique de Lao Tseu « ne devait obtenir d'écho dans les masses ignorantes que lorsque sa doctrine aurait été matérialisée de fond en comble et abâtardie de façon à devenir intelligible pour la foule inculte et à satisfaire ses instincts grossiers. À ce point de vue, il a eu la destinée de tous les grands instituteurs religieux : rien dans la pratique n'a survécu de son œuvre qu'une grossière et mercantile contrefaçon de son enseignement. » : c'est bien triste, mais c'est mon passage préféré (ce n'est qu'un extrait, l'auteur continue dans ses explications).

 

Alors, concernant le peuple chinois, athéisme ou déisme ?

L'idée de Dieu dans la philosophie religieuse de la Chine est un excellent texte à découvrir et à méditer, parfait pour ceux qui s'intéressent aux philosophies orientales, principalement de la Chine. Ce texte est écrit depuis plus d'un siècle (114 ans exactement) mais je le trouve toujours d'actualité pour la compréhension de la Chine antique et de sa (ses) philosophie(s), et surtout, il est relativement pointu mais vraiment à la portée de tous.

L'auteur rappelle « les graves inconvénients qui résultent de l'emploi insuffisamment réfléchi du mot « athée » pour désigner un individu et bien plus encore pour qualifier une race ou une fraction quelconque de l'humanité. » et j'apprécie qu'il dise que : « il n'est pas moins fâcheux de soutenir qu'un peuple est supérieur ou inférieur parce qu'on l'a qualifié plus ou moins à la légère de monothéiste, de polythéiste, de panthéiste, de fétichiste ou d'idolâtre. » car il est vrai que chaque peuple (chaque civilisation) a sa propre notion de Dieu et de la spiritualité (je ne parle pas de religion mais bien de philosophie).

J'ai été surprise du terme « la race Jaune » mais je remets cette utilisation dans le contexte de l'époque, d'autant plus que Léon de Rosny avait un profond intérêt et respect pour l'Asie, ses peuples et ses cultures.

 

En plus des Lundis philo, je mets cette lecture dans les challenges Cent pages (qui se termine le 21 juin), La Belle Époque (1879-1914), Petit Bac 2013 (catégorie Lieu) et Un classique par mois.

 

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 04:59

YinYinDragon.jpgYin Yin et le signe du Dragon est une bande dessinée de CHU Mi parue aux éditions Paquet sur le label Bao en janvier 2012 (96 pages, 17,50 €, ISBN 978-2-88890-935-4).

 

CHU Mi est née en 1988 à Tianjin (Chine). Elle a étudié la peinture chinoise classique. Elle est auteur et illustratrice.

 

Yin Yin vit avec sa grand-mère et son chat, Arc-en-ciel. Son papa lui manque mais il travaille beaucoup.

Pour ses 12 ans, sa grand-mère lui offre un bracelet de jade. Ce bracelet – qui a appartenu à la mère de Yin Yin – contient l'esprit des 12 animaux magiques pour les Chinois.

Yin Yin s'endort et fait un rêve dans lequel Arc-en-ciel parle. Mais... pourquoi n'y a-t-il pas de chat parmi les 12 animaux ?

 

Chaque période de rêve représente une histoire avec des animaux, Le serpent et le rat, Le bœuf et son maître, Le tigre et le lapin, Le loup, l'agneau et le cheval, Le singe qui voulait attraper la lune, Le coq qui n'arrêtait pas de chanter, Le cochon et le chien... jusqu'au portique d'entrée du Royaume des Mers et le Palais du Roi-Dragon.

 

Une très belle histoire magique aux couleurs pastels, ou plutôt plusieurs très belles histoires (contes, légendes) qui se rejoignent en un royaume (celui des rêves ?) où Yin Yin retrouve son père.

 

Le lapin (page 39) est sûrement un clin d'œil à Alice au pays des merveilles.

 

En bas de page : des mots chinois – une centaine – avec leur écriture en idéogrammes et leur prononciation. Parfait pour une initiation au chinois et à la culture chinoise ! (cliquez sur les illustrations).

YinYin3 YinYin6.jpg

Une lecture pour les challenges Animaux du monde, Cent pages, Des contes à rendre, Petit Bac 2013 (catégorie Animal), Totem (il y a un chat et un singe) et Dragon 2012 avant qu'il ne se termine !

AnimauxChallenge DefiCentPages ContesChallenge
PetitBac2013 TotemChallenge ChallengeDragonFeu

 

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 11:19

Maliang1.gifLe monde de Maliang est une série de bandes dessinées de Liu Yang (un auteur et dessinateur chinois) parue aux éditions Kantik. 

 

Tome 1 : Le pinceau

 

Parution en octobre 2010 (48 pages, 13 €, ISBN 978-2-35708-031-7), traduction du chinois de Fuat Erkol. 

 

Dans un village de la Chine ancienne. 

Orphelin, Maliang souffre de devoir travailler dur avec son grand-père, Xiao Chen, alors que les enfants des riches vont à l'école. Son grand-père lui conseille de ne pas se lamenter et d'essayer de changer le monde. D'ailleurs le garçon dessine sur les murs de leur petite maison (où vivent aussi une tante et sa fillette, Li Mei) et, avec ses dessins, il change déjà un peu le monde ! 

« Si tu dessines avec sincérité... Peu importe le support, ton œuvre sera toujours précieuse et vivante. » (page 9) lui dit un jour un vieillard et, après avoir vu Maliang dessiner sur le sol, il lui offre un pinceau. « Je vais te dire un secret, ton dessin est vivant. Ce pinceau aimerait t'appartenir car il peut lui aussi donner vie aux choses. Dessine ce que tu veux avec mais fais bien attention car tes dessins prendront vie. N'oublie pas... » (page 12). 

Mais il est difficile de garder un secret, d'autant plus que Maliang a dessiné un rat géant qui a pris vie, et Tsai Shen, le nouveau gouverneur, cherche le pinceau qui est un des objets sacrés.

 

Maliang2.gifTome 2 : La flûte

     

Parution en mai 2011 (48 pages, 13,50 €, ISBN 978-2-36640-023-6), traduction du chinois de Fuat Erkol.

 

« On dit que le gros rat les a sauvés de la noyade mais depuis, on n'a plus aucune nouvelle d'eux. » (page 3). Les villageois se demandent ce qui est arrivé à Maliang et à son grand-père. Pendant ce temps-là, Tsai Shen fait construire le plus grand bateau qui soit pour aller chercher la montagne d'or de l'autre côté de la mer. Mais l'empereur Shaka-Nyorai apprend que le gouverneur le trahit. 

Maliang et Xiao Chen ont effectivement été sauvés par le rat géant, que le garçon a nommé Tao, et ils se sont réfugiés sur l'île-montagne d'or créée par le pinceau magique. 

Un jour, toute une armada entoure l'île pour prendre l'or, qui pour l'empereur, qui pour le gouverneur, qui pour son propre compte. Heureusement Maliang a prévu du vent qui repousse les bateaux, mais pour combien de temps ?

« On est des aventuriers assoiffés d'or, oui ou merde ? – Merde !!! » (page 17). 

De retour au village, Maliang et Xiao Chen repartent vite avec la tante et sa fille, Li Mei, pour se réfugier à la capitale mais ils doivent laisser Tao à la campagne. À la capitale, Maliang surnommé Tao va à l'école et se fait de nouveaux amis, en particulier Jiao qui a lui aussi un secret. Mais Maliang et sa famille sont toujours recherchés par Tsai Shen et par des pirates, tous avides d'or et de vengeance. 

 

Une belle histoire bien construite, de beaux dessins, un garçon adorable qui a un don indéniable, une gentille famille pauvre et laborieuse, de l'aventure, de l'action et du fantastique, un empereur sage, des pirates, de l'or, un rat géant (Tao), une chevrette minuscule très mignonne (Biki), tous ces ingrédients font de cette série, des bandes dessinées très agréables à lire et qui montrent bien le pouvoir des images. 

 

Malheureusement les éditions Kantik n'existent plus et les lecteurs se demandent si la suite du Monde de Maliang paraîtra un jour... Il n'y a plus de site officiel et il ne reste que la page Facebook mais elle ne donne aucune information. Et puis, une bonne nouvelle : les éditions Physalis reprennent la série ! La couverture du tome 1 paru le 30 novembre 2012 est la même, il y a simplement écrit Physalis en bas au lieu de Kantik. De même pour le tome 2 paru le 25 janvier 2013. Je suis rassurée, il va falloir attendre un peu mais je pourrai lire les 3 autres tomes de cette série et découvrir les autres objets sacrés et leurs propriétaires. 

 

Deux bandes dessinées dans les challenges Dragon 2012, Animaux du monde et Totem pour Tao, le rat très présent dans les deux tomes. Je les mets aussi dans les challenges Des livres et des îles puisque Maliang, Xiao Chen et Tao sont naufragés et restent un bout de temps sur l'île-montagne d'or, Cartable et tableau noir car Maliang souffre vraiment de ne pas aller à l'école comme les enfants de riches (une des premières choses du premier tome) et dès leur arrivée à la capitale, le grand-père inscrit Maliang dans une école (deuxième tome). ChallengeDragonFeu TotemChallenge
DesLivresEtIles Cartable-et-tableau-noir AnimauxChallenge

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 05:01

AubordEau1.jpgAprès avoir présenté l'éditeur Fei et le coffret, voici le tome 1 de Au bord de l'eau.

 

Shi Jin, le Dragon-aux-Neuf-Tatouages.

Adaptation de Pu Wei et Gan Xu - Illustrations de Xidi Chao - Traduction de Nicolas Henry et Si Mo - 114 pages.

(Cliquez sur l'image ci-contre).

 

L'action commence à Dong Jing sous le règne de Zhe Zong (dynastie Song du Nord). Gao Qiu, qui signifie Gao-la-Balle, ne sait que jouer au ballon et préfère se faire appeler Gao-le-Bel. Il est détesté car il vit dans la débauche et entraîne les jeunes hommes de bonnes familles. Lorsqu'il devient garde du corps du grand officier Wang, il s'en fait apprécier car il sait le distraire. Un jour qu'il livre au prince Duan des objets en jade de la part de Wang, Gao Qiu surprend le jeune prince à jouer au ballon et ne peut s'empêcher d'entrer dans le jeu. Voyant les exploits de Gao Qiu, le prince Duan le prend à son service !

À la mort de l'empereur Zhe Zong, le prince Duan devient empereur et prend le nom de Hui Zong. Gao Qiu devient alors grand connétable, ce qui est « une position importante à la tête de l'armée de l'Empire » (page 17), les Généraux devant lui prêter allégeance. Gao Qiu oblige le général Wang Jin, instructeur de l'armée des Huit cent mille,à se présenter devant lui alors qu'il est malade, simplement pour se venger de son père, Wang Sheng, qui l'avait autrefois vaincu aux arts martiaux...

Pendant la nuit, Wang Jin et sa mère fuient en direction de Yan An, dans la préfecture de Zhong l'Ancien. Mais sa mère tombant malade, ils restent quelques jours dans un village habité par la famille Shi.

C'est dans ce village que vit Shi Jin, surnommé le Dragon-aux-Neuf-Tatouages, passionné d'arts martiaux. Wang Jin devient alors le maître de Shi Jin qui veut se perfectionner. « Ce chien galeux de Gao Qiu qui use de son pouvoir pour opprimer les pauvres gens ! Je jure que je vous vengerai, Maître ! » (page 39). Après le départ de son Maître et le décès de son père, Shi Jin s'ennuie un peu et cherche des « gens capables de se mesurer à lui au combat » (page 45).

C'est alors que Li Ji, un chasseur, lui parle d'une bande de sept cents brigands installés dans un camp fortifié au Mont-Fleuri. Shi Jin décide d'arrêter Zhu Wu, le Génial-tacticien, Chen Da, le Tigre-sauteur-de-ravins, Yang Chun, le Serpent-à-taches-blanches, et leurs hommes. Il y a d'ailleurs « une prime de trois mille ligatures pour la capture de ces gens » (page 50).

Au même moment, Chen Da tente de convaincre ses deux acolytes d'attaquer le village des Shi avant de combattre contre la Garde impériale de Hua Yin.

Mais...« Jeune maître, si vous n'aviez pas un domaine, vous désespéreriez de vivre... L'empereur est un incapable et un débauché. Les courtisans félons ont accaparé le pouvoir. Les taxes abusives saignent le peuple à blanc. » (page 71).

 

Je vous laisse bien sûr découvrir la suite !

 

Bien que linéaire, l'histoire de Shi Jin est passionnante et j'ai bien ressenti sa fougue et son attachement à certaines valeurs.

Les illustrations de Xidi Chao sont réalistes et accompagnent vraiment bien le texte. Il faut d'abord lire le récit sous les illustrations et ensuite (s'il y en a) les bulles de droite à gauche : quand on sait ça, la lecture est facile et agréable.

 

Si vous n'aimez pas la bande dessinée, vous pouvez lire l'œuvre Au bord de l'eau – attribuée à Shi Nai-an et Luo Guan-zhong – dans les éditions de Gallimard soit en Pléiade (2 tomes) soit en poche Folio (2 tomes).

 

 

Je présente cette bande dessinée dans les challenges Dragon 2012 (avant qu'il ne se termine !), Beaux livres, Cent pages, Classic'BD, Fant'classique, Petit Bac 2013 (catégorie prénom ou surnom, j'aurais pu aussi le mettre dans la catégorie animal mais j'y mettrai un autre livre) et Un classique par mois. ChallengeDragonFeu FantClassique BeauxLivresEiluned
ClassicBD  DefiCentPages PetitBac2013 ClassiqueMois3

 

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 23:51

FormoseLiChinLin.jpgFormose est une bande dessinée de Li-Chin LIN parue aux éditions ça et là dans la collection Longues distances en novembre 2011 (256 pages, 22 €, ISBN 978-2-916207-62-9).

 

« 1973. Hergé a visité Taïwan en septembre. Je suis née quelques mois plus tard... » (page 8) : une façon toute simple pour l'auteur de dire qu'elle est une héritière de la bande dessinée européenne, elle qui est née à l'autre bout du monde, à Taïwan et qui vit en France.

 

Ce que Li-Chin Lin raconte, c'est son histoire, et à travers son histoire, celle de sa famille, de son île, Formose devenue Taïwan. Alors que Taipei, la capitale, est au nord, Lin a grandi à Lin Bian, au sud avec ses parents et ses grands-parents paternels.

Li-Chin a six ans, elle vient de gagner le premier prix du concours de dessin anticommuniste. Ce prix peut nous paraître étrange, mais la Chine communiste est juste en face et représente un danger pour la petite île isolée. Lin grandit avec d'un côté les idées patriotiques de Taïwan et de l'autre la culture japonaise (dessins animés, manga, chansons) qui envahit l'Asie. « Impossible de résister à la culture pop japonaise. » (page 45) et grâce à cette culture différente, Li-Chin découvre « d'autres univers » (page 48).

Mais, comme la Chine, le Japon est un ennemi : il a colonisé Formose pendant un demi-siècle. Pourtant certains ont la nostalgie de la colonisation japonaise et Li-Chin a honte de ses grands-parents. Mais le Japon est « fascinant » : « C'était un vrai dilemme pour moi, petite écolière taïwanaise : fallait-il aimer ou haïr le Japon ? » (page 50).

Ainsi va, dans ces années-là, la vie d'une fillette et des enfants de Taïwan...

« Qui a chanté j'ai cinq maris au lieu de anticommuniste ? » et « Qui a chanté les huîtres frites au lieu de tuer les traîtres au peuple chinois ? » (page 16). C'est donc avec humour que Lin raconte tout ça.

Très tôt, Li-Chin se pose des questions sur l'histoire officielle. A-t-elle été déformée ? Les Taïwanais sont-ils des esclaves endoctrinés par le Japon ? Pourquoi l'histoire, les langues et la culture (marionnettes à gaine, opéra...) de Taïwan sont-elles méprisées ? Li-Chin va grandir et découvrir peu à peu la vérité.

En tout cas, elle explique bien comment les enfants taïwanais sont conditionnés pour devenir de vrais petits Chinois (anticommunistes bien sûr) parlant le mandarin sans accent et rejetant les cultures taïwanaise et japonaise.

« À cette époque, il n'y avait ni Internet ni Wikipédia. Les adultes se montraient critiques à la maison, mais ils ne nous ont jamais parlé de l'histoire qui a été effacée des livres scolaires. J'aimais lire, mais aucun livre ne parlait de la véritable histoire de Taïwan. Aucun. » (page 27).

 

Il y a très peu de cases mais il n'y a aucun problème pour suivre les dessins. Souvent il y a des idéogrammes chinois ou des kana japonais mais ce n'est pas grave si le lecteur ne comprend pas leur signification, ils font en fait partie du dessin. De temps en temps, Li-Chin se dessine de façon amusante, un peu comme le style chibi (mignon) japonais.

Et cette bande dessinée est passionnante ! Pour quelqu'un comme moi qui aime l'Asie, et qui a un ami à Taïwan, je découvre des choses sur cette île, sur le Japon et la Chine.

Je me demande si Li-Chin parle toutes ces langues (page 30) : le holo (langue taïwanaise), le japonais (langue de l'ancien colonisateur, langue de ses grands-parents), le hakka (langue maternelle de sa mère), l'anglais (langue internationale, langue défendue par son père) et le mandarin (langue chinoise), surtout connaissant la complexité du chinois et du japonais ! En plus, il y a les autres activités (piano, judo, dessin...), la vie des enfants taïwanais est vraiment très remplie ! « Le temps libre sert à étudier, pas à rêver. » (page 84). Le collège, le lycée à Taipei, le 6 avril 1989 à Tian-an-men, l'université où elle a décidé d'apprendre l'histoire « J'ai fait mon choix. Et les choix comportent des risques. » (page 151).

 

Li-Chin est née à Taïwan en 1973 et vit en France depuis 1999. Elle a étudié à l'École supérieure de l'Image à Angoulême puis à l'école d'animation La Poudrière à Valence. Courts-métrages d'animation, bande dessinée dès 2002 dans des fanzines, deux livres pour enfants (publiés à Taïwan), ateliers de bande dessinée. Formose est son premier roman graphique. (photo perso publiée en basse résolution).

LiChinLin2012.JPG

Une lecture pour les challenges

Des livres et des îles

(Formose/Taïwan),

Dragon 2012,

Lire sous la contrainte (un seul mot),

Littérature francophone 

et Petit Bac 2013 (catégorie Lieu).

LireContrainte4 LittFrancophone
DesLivresEtIles ChallengeDragonFeu PetitBac2013

 

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