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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 07:09

Soleil fané est le deuxième roman de Tuyêt-Nga Nguyên. Il est paru aux éditions Luc Pire/Grand miroir le 15 octobre 2009 en Belgique et le 13 novembre 2009 en France (220 pages, 18 €, ISBN 978-2-50700-472-9). Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce livre.

 

Tuyêt, la narratrice a quitté le Viêt-Nam après son baccalauréat pour étudier les sciences politiques à l'Université Libre de Bruxelles (Belgique). Après quatre années d'études et une fois le diplôme en poche, elle souhaite retourner au pays. Ce sera en septembre (1975) mais là, depuis dix jours, elle est en vacances en Floride chez sa cousine, Lan.

Lan, veuve à 30 ans, est partie aux États-Unis et elle vit à Orlando avec son fils de 6 ans, Petit Lôc. Elle vient de faire venir son père, Quang.

Lundi 30 avril 1975, la famille est devant la télévision à l'annonce de la fin de la guerre au Viêt-Nam : « Sur l'écran, la chute de Saigon, le triomphe de Hanoi, la mort de notre pays. » (page 11). Peu importe le vainqueur, Lan est satisfaite que tout soit enfin terminé mais Oncle Quang de dire à sa fille : « Il n'y a pas que la guerre qui tue, ma chérie, certaines paix tuent aussi, en silence. » (page 13). Et il a raison, car après moins d'une semaine, les journalistes étrangers sont renvoyés et les camps du nouveau régime se remplissent d'intellectuels, de militaires et d'autres personnes à rééduquer... Et « Les rêveurs ne rêvent plus. [...] Et les Vietnamiens pleurent. » (page 31).

Tuyêt est effondrée car sa mère, Kiêu, est là-bas : « Mon programme inscrit en lettres d'or dans le ciel est effacé, mon avenir est devenu une page blanche, si blanche qu'elle me fait mal aux yeux. » (page 33).

Oncle Quang est effondré, d'avoir abandonné la tombe de sa femme, ses amis et ses élèves à qui il avait promis de revenir, il est un déserteur, pire un traître, mais il n'y a plus de vol pour rentrer au pays « alors, il est là et se frappe la poitrine. » (page 41).

Tuyêt prend sa décision : « Chez moi est mort. Je l'oublie. La Belgique le remplacera. » (page 48) mais c'est sans compter sur Oncle Quang qui crée le Mouvement pour la Démocratie au Viêt-Nam (MDVN) et sur les premiers réfugiés qui arrivent. Je me rappelle des journaux télévisés de la deuxième moitié des années 70 où on voyait arriver les boat people, ce qu'ils avaient vécu était horrible et c'était très triste mais ils étaient heureusement arrivés à bon port (contrairement à des centaines de milliers d'autres, morts en mer). Du 3 décembre 2009 au 2 mai 2010, il y a une exposition intitulée Boat people, bateaux de l'exil à Rennes au Musée de Bretagne.

Après avoir aidé son oncle six semaines au camp d'Eglin, Tuyêt retourne à Bruxelles, chez la charmante Madame Leroy, une veuve qui loue des chambres aux étudiants vietnamiens désargentés. À 22 ans, la jeune femme doit passer ses derniers examens, défendre son mémoire sur les États divisés (Allemagne, Corée et Viêt-Nam). « Ce que je veux dire, Professeur, c'est que personne n'a envie de voir des troupes étrangères débarquer dans son pays, mais qu'entre deux maux, il faut choisir le moindre. Ce qui arrive ensuite... » (page 93).

 

Ensuite... Je vous laisse lire ce beau livre, vrai et douloureux. D'ailleurs, même s'il est écrit 'roman' sur la page de titre, c'est son histoire que raconte Tuyêt-Nga Nguyên. J'ai déjà lu de la littérature vietnamienne et j'ai retrouvé dans son récit la subtilité et la douceur de l'écriture de ce pays, mais aussi la douleur de la déchirure et de l'exil. Il y a aussi les relations mère-fille et cette très belle phrase : « Et c'est pour ça que je vais partir, Maman, parce que plus tard devient vite trop tard, et qu'il l'est devenu, pour nous. » (page 198).

 

Quelques mots sur le titre, Soleil fané : c'est le titre d'une chanson écrite et composée à la guitare par son ami, Luân, un étudiant retourné au pays pour se battre et venger ses parents et son frère.

 

Mon extrait préféré

Tuyêt à Lâp dans le camp d'Eglin : « – Vous avez tant appris dans la vie. Que pourriez-vous apprendre encore dans les livres ? – Ce que la vie a appris aux autres. » (page 128).

Je continue avec le paragraphe qui suit : « Il me demandait volontiers des romans d'amour. Il n'en avait jamais lu […] : jugée réactionnaire et décadente par le Parti, une telle littérature était en effet interdite dans le Nord, et dans le Sud, on en avait fait un bûcher, après le 30 avril […]. » Voilà donc à quoi servent les romans d'amour et la littérature populaire, à comprendre que nous sommes dans un pays où les écrivains peuvent écrire et publier, où les lecteurs peuvent lire ce qu'ils veulent, s'instruire ou se divertir.

 

Du même auteur : Le journaliste français paru aux éditions Luc Pire/Grand miroir le 15 février 2007 (prix Soroptimist 2008, décerné tous les deux ans depuis 2002 à une romancière francophone). Je veux lire ce roman ! Il se déroule à Saigon en 1963, l'auteur a 10 ans et elle est sauvée par un journaliste français (qu'elle n'a jamais revu mais dont elle parle dans Soleil fané).

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