Pour quelques milliards et une roupie est un roman de Vikas Swarup paru aux éditions Belfond en avril 2014 dans la collection Littérature étrangère (406 pages, 21,90 €, ISBN 978-2-71445417-1). The accidental apprenctice (2013) est traduit de l'anglais (Inde) par Roxane Azimi.
Vikas Swarup est né en 1963 à Allahabad (Inde). Il a étudié l'Histoire, la psychologie et la philosophie. Il est diplomate (depuis 2009, il est consul général de l'Inde à Osaka-Kobe au Japon) et écrivain : Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire (2006) qui fut déjà un coup de cœur, et Meurtre dans un jardin indien (2010) que j'ai zappé à sa parution mais que je veux lire. Plus d'infos sur http://www.vikasswarup.net/.
Je remercie les éditions Belfond et Babelio car j'ai reçu ce roman dans le cadre d'une opération Masse critique.
Sapna Sinha, jeune femme de 23 ans, a abandonné ses études à la mort de son père (professeur) et accepté un poste de vendeuse chez Gulati & Fils, un magasin d'électroménager, électronique et informatique. Elle doit en effet ramener de l'argent pour s'occuper de sa mère et de sa sœur de 20 ans, Neha, avec lesquelles elle vit à Rohini dans la banlieue de Delhi.
Le vendredi, à la pause déjeuner, elle va prier au temple du dieu singe Hanuman pour expier la mort de sa sœur de 15 ans, Alka, dont elle se sent responsable.
« Le temple est bondé, […] Le sol de marbre est frais sous mes pieds nus, et l'air embaume le mélange capiteux de sueur, de santal, de fleurs et d'encens. » (page 11).
C'est là qu'elle est abordée par Vinay Mohan Acharya, un monsieur de 68 ans, veuf et sans enfant, qui lui propose de devenir PDG de son groupe à condition qu'elle réussisse sept épreuves pour sept critères fondamentaux mais dont il ne peut rien dire.
« J'ai cherché en long et en large, mais je n'ai trouvé personne qui convienne. Mes cadres sont d'excellents exécutants, mais je n'en vois aucun qui aurait la stature d'un vrai dirigeant. » (pages 17-18). « Il y a un je-ne-sais-quoi dans vos yeux, une étincelle que je n'ai encore vu nulle part ailleurs. […] Vous seule possédiez cet irrésistible mélange de désespoir et de détermination que je recherche. » (page 18).
Bien que son avenir soit bouché, Sapna refuse d'abord : elle n'a pas les compétences requises et n'a pas envie de diriger une entreprise. Le besoin d'argent la décide finalement à accepter l'offre d'Acharya mais elle a l'impression d'être « un jouet entre les mains d'un richissime homme d'affaires. » (page 116). Heureusement, elle est soutenue par son voisin, dont elle est secrètement amoureuse, Karan Kant.
« Rien n'est plus rassurant qu'un ami qui est toujours là quand on a besoin de lui et sur qui on peut compter en toute circonstance. » (page 163).
Quel riche roman très agréable à lire ! Dans cette fable moderne, j'ai retrouvé avec grand plaisir l'ambiance et l'humour des Fabuleuses aventures d'un Indien... Mais Pour quelques milliards et une roupie n'est pas qu'un roman divertissant : il donne à réfléchir sur l'Inde moderne, toujours prise dans un carcan de traditions difficiles (impossibles ?) à faire disparaître... Pauvreté, bidonvilles, ateliers clandestins, travail des enfants, trafic d'organes, mariage forcé, système des castes encore présent bien qu'aboli dans la Constitution de l'Inde (en 1949 !), discriminations, corruption, et puis quelque chose de nouveau : l'obsession de la gloire et de la célébrité pour la jeunesse (exemple de Neha qui veut devenir chanteuse).
Sapna n'est pas au bout de ses peines et regrette parfois d'avoir signé ce contrat un peu fou ! J'ai frémis avec elle, j'ai voulu l'encourager ou la mettre en garde, je veux dire qu'en tant que lecteur, j'ai vraiment eu l'impression de vivre avec Sapna ces épreuves toutes plus ardues les unes que les autres et, comme elle, je ne pouvais pas m'arrêter !
Quelques extraits
« Les morts ne meurent pas. Ils se métamorphosent en fantômes, flottent dans l'air, hantent nos pensées, squattent nos rêves. » (pages 63-64).
« Les morts ne meurent pas. Tant qu'on se souvient d'eux, ils continuent à vivre dans nos cœur. » (page 75).
« Les choses ont la valeur qu'on leur donne. » (page 140).
« On ne choisit pas sa famille, mais on a toujours le choix de réparer ce qui a été cassé. » (page 199).
« Le malheur des uns ne doit pas faire le bonheur des autres. » (page 280).
Pour quelques milliards et une roupie est un très bon roman que je mets dans les challenges Lire sous la contrainte (conjonction de coordination), Littérature du Commonwealth (Inde), Petit Bac 2014 (catégorie Objet avec la roupie), Le riz et la mousson (bien que Val ait décidé de l'arrêter) et Tour du monde en 8 ans (Inde).
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