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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 05:36

ZahrasParadise1.jpgZahra's Paradise est une bande dessinée dramatique iranienne de Khalil et Amir qui paraît en épisodes sur Delitoon depuis le 12 juillet 2011 : il y a pour le moment 15 chapitres soit 150 pages.

 

Printemps 2099, Evin, un hameau au nord de Téhéran. Un garçon prend plaisir à regarder les six chiots qui viennent de naître téter leur mère. Mais un homme s'empare des chiots, les met dans un sac, les écrase avec une pelle et les jette dans la rivière... Zahra's Paradise, c'est le cimetière et on ne va pas payer l'imam pour faire enterrer des créatures impures. Heureusement le garçon a pu sauver un chiot.

 

ZahrasParadise2.jpgJuin 2009, Téhéran. Zhara Alavi, une femme iranienne, se confie à Miriam, son amie d'enfance arménienne (image ci-contre). Son fils, Mehdi, 19 ans, n'est pas rentré alors qu'il est en plein partiels et elle est très inquiète. Elle a couru dans les rues et les hôpitaux mais ne l'a pas retrouvé. Elle a vu des cadavres, du sang et la milice Bassidji qui emportait les blessés... Une génération tuée comme les chiots jetés dans le sac.

Un blog, Zahra's Paradise. « Ce blog est tout ce qu'il reste d'eux. » (chapitre 1). Ce blog, c'est Hassan, le fils aîné qui l'alimente. Lui aussi a été arrêté, lorsqu'il était étudiant, 10 ans auparavant. Rien n'a changé... Mais « C'est à mon tour de publier. Je vais tester le pouvoir de mon blog face à leurs médias. Je rendrai publique l'absence de Mehdi, j'imprimerai son visage pour couvrir le leur. Et le monde saura ! » (chapitre 4).

Zahra et Hassan cherchent Mehdi partout (hôpitaux, commissariat, tribunal, morgue, prison) mais il n'est nul part, comme s'il n'avait jamais existé... Un jour, dans un bureau, Zhara et Hassan font la connaissance de Madame Ardalan, issue de l'aristocratie déchue en 1979 ; elle propose de les aider.

 

ZahrasParadise4Malgré des choses de plus en plus horribles comme la milice qui matraque, deux étudiants pendus à une grue car ils sont homosexuels (chapitre 5, image ci-contre, cliquez sur l'image), la torture et les viols des jeunes gens dans les prisons (chapitre 9), on a l'impression que le peuple iranien ne cède pas au désespoir et continue d'espérer et d'essayer de faire bouger les choses. Et puis il y a les gens qui veulent aider, souvent parce qu'eux aussi ont souffert, subi une injustice : Miriam, le chauffeur de taxi, Timour du magasin de photocopies et sa nièce Sepideh, Madame Ardalan, l'oncle Bahodar spécialiste du sanskrit. Mais tous se heurtent au gouvernement et à ses sbires militaires ou religieux qui dirigent tout.

J'ai compris la parabole des chiots, un seul de sauvé et il représente tous les autres, pour qu'une génération ne soit pas totalement perdue. C'est triste quand même, combien de vies prises pour rien ? Enfin pas pour rien, pour la liberté ! Le choix de vouloir être libre, le droit à la liberté, vite réprimé... Et le survivant : quel traumatisme va-t-il véhiculer et transmettre ? Quel message va-t-il délivrer à une jeunesse éperdue de liberté et à un peuple asservi ?ZahrasParadise3.jpg

J'ai appris que la javanmardi était le code d'honneur de la chevalerie persane, « à ne pas confondre avec la namardi, la couardise » ! (chapitre 4) et qu'en Iran, le week-end est le jeudi et le vendredi (chapitre 11).

Une bande dessinée dure, mais agréable à lire ; de beaux dessins en noir et blanc ; un témoignage qui représente tous les témoignages de l'été 2009 (cliquez sur l'image ci-contre) – déjà deux ans, que s'est-il passé en deux ans ? – une révolte latente pas seulement chez le jeune Hassan, et une pointe d'humour pour ne pas sombrer dans le désespoir.

Cette bande dessinée va-t-elle être publiée en album ?

PALsechesEn tout cas, elle est – pour l'instant – disponible librement sur Delitoon alors profitez-en pour la lire parce que c'est un sacré témoignage sans faux-semblant et sans concession !

 

Cette bande dessinée est la trentième que je présente pour le challenge PAL sèches de Mo' et l'Iran fait son arrivée dans les origines géographiques.

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 09:07

ExilesRazavi.jpgLes exilés : une chronique iranienne est un roman d'Emmanuel Razavi paru aux éditions Mon petit éditeur en septembre 2010 (113 pages, 16 €, ISBN 978-2-7483-5639-7).

 

Je remercie Blog-o-Book de m'avoir envoyé ce livre. L'équipe de BoB fait un super boulot et propose chaque semaine des partenariats avec de grands éditeurs ou des « petits » éditeurs peu connus.

 

Le narrateur est grand reporter. Il est à Riyad avec « une délégation de journalistes qui suit le Président français » (page 11). Au nord-est de la capitale saoudienne, c'est l'Iran, le pays de ses ancêtres. Il pense alors avec nostalgie à son pays d'origine et à ses ancêtres, des Qâdjârs qui ont subi de plein fouet la révolution de 1979.

 

28 novembre 1943, ambassade de Russie à Téhéran. C'est la célèbre conférence entre Churchill, Staline et Roosevelt. Le Général de Gaulle n'a pas été invité. Parviz (le père de l'auteur) alors enfant, est à la réception avec son frère, Houchang, et ses parents, Youssef (un officier issu de l'aristocratie militaire) et Mandane.

Ahmad, 8 ans, est le fils de Koshkho Namiz, un professeur de mathématiques qui a quelques liens avec des communistes. Avec son père, il se contente de regarder la voiture passer dans la rue.

C'est ce soir-là que Youssef déclare à Joséphine, l'épouse française du cousin Amir : « Le jour où la guerre sera finie, j'enverrai mes enfants étudier en France pour qu'ils deviennent comme vous. Cultivés et fiers ! » (page 24).

1946, la guerre est finie en France. Parviz et Houchang qui ont 10 et 11 ans, débarquent à Montpellier et vont intégrer L'Enclos Saint-François. C'était pour un an mais ils vont y rester jusqu'au baccalauréat...

Fereidoon, le cadet, partira plus tard aux États-Unis.

 

Le quotidien de Parviz et Houchang est difficile, seuls, loin de leur famille et de leur pays (leurs habitudes, leur culture), obligés d'apprendre rapidement une langue qu'ils ne connaissent pas, et surtout dans un pays qui sort de la guerre donc en ruine et qui subit encore le rationnement. Le football, les copains et un couple bienveillant (Andrée et Robert Marès) vont les aider à supporter l'exil et ils vont réussir.

« Les enfants, vous êtes devenus un lien entre l'Occident et l'Orient. Quoi que vous décidiez de faire à présent, veillez à ne jamais l'oublier. Le monde est voué à changer dans les prochaines années. Votre pays devra alors faire des choix. Soyez de ceux qui lui permettront d'œuvrer dans le sens de la paix. » (Robert Marès page 70, mon passage préféré).

 

Ça, du changement, il y en a eu !

1978-1979. Parviz est à l'abri en France avec Marie-Josèphe (les parents de l'auteur) mais Houchang est en Iran où il travaille avec son père. Le vent a tourné... Les Occidentaux, les aristocrates et les intellectuels sont devenus des ennemis du peuple iranien. Ahmad est hostile à la famille Razavi alors que Youssef avait fait libéré son père des années auparavant... Youssef et Mandane (les grands-parents de l'auteur) pourront-il fuir aux États-Unis où vit leur fils Fereidoon ? Houchang et son épouse vont-ils s'exiler en France ?

 

Je n'ai pas été déçue car le livre est agréable à lire, simple et honnête, mais je n'ai rien appris de plus sur l'Iran que je ne savais déjà... Marjane Satrapi, Zoyâ Pirzâd, Naïri Nahapétian et d'autres sont déjà passés par là ! Toutefois, j'ai trouvé plaisant de lire l'histoire de cette famille, de voir que Parviz et Houchang ont réussi et se sont attachés au pays qui leur permet de vivre bien avec leur famille (il en est de même pour leur jeune frère aux États-Unis). Il y a à la fois la douceur et la douleur dans ce court roman, l'exil et la nouvelle terre. Les souvenirs, la nostalgie, et l'avenir des enfants nés dans un autre pays que celui de leurs ancêtres. Lisez-le si vous voulez découvrir l'Iran en toute simplicité ou l'histoire de deux familles iraniennes totalement différentes, les Razavi et les Namiz. Une chronique iranienne, tout simplement.

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 06:23

LibraireAmsterdam.jpgLe libraire d'Amsterdam est un roman historique d'Amineh Pakravan paru au Nouveau Monde éditions en avril 2008 (320 pages, 19 €, ISBN 978-2-84736-315-9).

 

Amineh Pakravan est née en Iran en 1946. Elle a étudié au lycée franco-iranien de Téhéran puis a effectué « des recherches d'histoire sous la direction de Georges Duby, à Aix en Provence ». Elle vit maintenant en Toscane, viticultrice.

C'est son premier roman et il a reçu les prix Molinello 2006, Elio Vittorini 2006 et il a été finaliste des prix Berto et Chianti 2006 !

 

1604, « Amsterdam était le plus grand centre de production de cartes et de globes de toute l'Europe. » (pages 11-12).

1638, Guillaume Pradel est libraire, typographe et imprimeur comme son père et son grand-père. Depuis la mort de son concurrent Gerhard Mercator, il est même le meilleur. Mais il est à la fin de sa vie, il le sent, et il est le dernier de sa lignée. Grand observateur, il est passionné de géographie, de cartographie, de mathématiques et d'astronomie. Il rêve de partir, de voir si toutes ces lignes qu'il a tracées sur les cartes existent vraiment, de découvrir l'inconnu. Un jour débarque son vieil ami, Jean des Sept-Écluses. Lui rêve de se fixer enfin, de tomber amoureux, d'avoir un enfant qui lui ressemble mais qui ne mènera pas une vie de chien comme la sienne mais... « Tu as peut-être raison, nous avons besoin d'un voyage. Eh bien, nous le ferons. Le premier pour toi, le dernier pour moi... Tu devras te contenter de pain de seigle, de beurre rance et de bière coupée. Mais s'il fait beau, nous parlerons assis sous les étoiles. En mer, la seule chose qui ne manque pas est le temps. » (page 31).

Pendant que La Pie Voleuse vogue vers le Vénézuela, Guillaume raconte donc ses ancêtres, des papetiers, son grand-père Mathieu qui lui a narré l'histoire de la famille avant de mourir, son père Simon : « Troyes, Lyon, Paris, Anvers, Amsterdam étaient la géographie de sa famille. » (page 14), ainsi que ses deux voyages à Rome à 30 ans d'écart.

 

Dans cette histoire, on croise Dolet, Érasme, Rabelais, Garamond, Galilée, Descartes et tant d'autres...

Amineh Pakravan fait preuve d'une grande érudition non seulement en ce qui concerne le XVIIe siècle en Europe et le conflit religieux entre Catholiques et Protestants mais aussi en ce qui concerne l'imprimerie et les progrès de l'époque. C'est un roman parfois difficile à lire mais c'est une lecture vraiment enrichissante.

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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 06:05

Qui a tué l'ayatollah Kanuni ? est un roman de Naïri Nahapétian paru aux éditions Liana Levi dans la collection Policiers en janvier 2009 (278 pages, 17 €, ISBN 978-2-867-46499-7).

 

J'ai lu que Qui a tué l'ayatollah Kanuni ? était le premier roman policier iranien. En fait, Naïra Nahapétian a quitté l'Iran lorsqu'elle avait 9 ans (après la révolution islamique) et, devenue journaliste, elle est retournée régulièrement dans son pays natal. Je dirais donc que c'est un roman policier franco-iranien ! Qu'en pensez-vous ?

 

Narek Djamshid, le héros du roman, a quitté l'Iran en 1982 dans les bras de son père, Massoud. Il avait 4 ans. Il a vécu à Paris, a étudié l'Histoire, Langues O et, ayant échoué à l'oral de Sciences Po, a décidé de devenir journaliste. Un reportage sur les élections est le but de son voyage en Iran en ce mois de juin 2005. Il a 27 ans et n'y est pas retourné une seule fois en 23 ans, c'est dire s'il ne connaît rien de ce pays et de ses transformations !

Téhéran, c'est 17 millions d'habitants, la pollution, les taxis collectifs, les femmes « qui dissimulent leurs tenues extravagantes sous l'uniforme révolutionnaire », les formules du taarof (« règles compliquées de savoir-vivre, [...] art de l'ellipse permanente »), la Savama (qui a remplacé la Savak, services secrets du Shah), une population hétéroclite, de nombreux étudiants en particulier de sexe féminin, etc.

À Téhéran, le jeune homme loge chez une tante de sa mère, d'origine arménienne, et sur les conseils d'une connaissance de son père exilée à Paris, il contacte Leila Tabihi, une féministe islamiste qui souhaite se présenter aux élections et « réformer de l'intérieur la condition des femmes iraniennes en s'appuyant sur une réinterprétation du Coran. » (page 21).

Leila doit déposer un dossier à l'ayatollah Kanuni au Palais de Justice (un an qu'elle attend ce rendez-vous !) et Narek l'accompagne mais « Le bureau du juge était grand ouvert. Bizarrement, il n'y avait pas de gardien de la Révolution à l'entrée. [...] Alors que Leila, le visage blème, lui faisait signe de s'éloigner, Narek remarqua un Pasdar abattu dans un coin, recroquevillé sur lui-même. Il recula, pris d'une brusque nausée, [...]. Narek ressentit alors une forte chaleur tandis que les Pasdaran l'attrapaient par l'épaule pour le menotter. » (pages 34-35). Et voilà : qui a tué l'ayatollah Kanuni ?

Leila et Narek sont conduits à la prison d'Evin. « Et lui, qui n'était qu'un étranger, le bouc émissaire idéal... » (page 39). De toute façon, dans la presse, il n'y a rien sur l'assassinat du juge et l'enquête est menée par dessus la jambe...

 

Des extraits inquiétants du Livre vert de Khomeiny : page 171 (zoophilie) et page 174 (sodomie par le mari des membres de la famille de son épouse. Charmant...).

 

Une phrase que j'aime bien : « Les bruits qui circulaient étaient de plus en plus romanesques : Téhéran, privée de Tchekhov, avait soif de mélo. » (page 75).

 

Qui a tué l'ayatollah Kanuni (ce mot signifie en fait législateur, glossaire page 274) est un roman policier totalement différent de ceux que je lis habituellement, il y a l'exotisme et surtout la vie quotidienne à Téhéran. J'ai eu l'impression que la police iranienne n'existait pas : il y a une milice militaire (les Bassidji), une armée régulière (les Pasdarans, gardiens de la révolution) et des services secrets (la Savama) mais finalement pas trace d'une police telle qu'on l'entend et qui mènerait une véritable enquête, surtout que les médias annoncent que l'ayatollah est mort d'un arrêt cardiaque... C'est pourquoi Leila Tabihi et Mirza Mozaffar enquêtent eux-mêmes à leurs risques et péril, entraînant avec eux Narek et le lecteur ! Une agréable découverte !

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