La lettre à Helga est un roman de Bergsveinn Birgisson paru aux éditions Zulma en août 2013 (131 pages, 16,50 €, ISBN 978-2-843046469). Svar við bréfi Helgu (2010) est traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson.
Bergsveinn Birgisson est né en 1971. Il a étudié la littérature médiévale scandinave.
« À Kolkustadir, le 29 août 1997
Chère Helga,
Certains meurent de causes extérieures. D'autres meurent parce que la mort depuis longtemps soudée à leurs veines travaille en eux, de l'intérieur. Tous meurent. Chacun à sa façon. » (page 9).
Voici comment commence la longue lettre que Bjarni Gíslason, un vieil homme, écrit à Helga, la femme qu'il a aimée.
Son épouse, Unnur, est morte.
Hallgrímur, le mari d'Helga, est mort.
Son neveu, Marteinn, est venu le chercher à la maison de retraite et il passe l'été chez lui « avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » (page 11).
Ainsi, Bjarni se sent libre d'écrire cette lettre.
Bjarni Gíslason était contrôleur des réserves de fourrage du canton de Hörgá et il avait une ferme à Kolkustadir. Dans cette lettre, il raconte sa vie, son travail, ses proches, les animaux, la dure vie islandaise. Il était paysan, pêcheur, habile de ses mains et membre de la Société de lecture (ça, ça m'a surprise, que les paysans ne soient pas illettrés et apprécient de lire, je pense que ce n'était pas le cas dans tous les pays !). Il délivre de belles réflexion sur l'amour, la vie et la solitude.
J'ai bien aimé deux passages drôles (l'oubli du cadavre et le bélier court sur pattes). Par contre, ai-je bien compris le passage avec l'agnelle (pages 114-115) ? Je crains que oui...
Pour ne pas en dire trop, quelques extraits tout simplement.
« Littérature et culture générale semblaient être pour elle [Unnur] qu'un luxe superflu qu'on devait avoir honte de s'offrir puisque le temps qu'on y passait était volé au travail. » (page 26).
« Je ne suis qu'un vieillard qui n'a plus rien à perdre. » (page 36).
« Aimons ce qui s'apaise et aimons la bonté humaine. » (page 46).
« Je me souviens que mon cœur disait que je t'aimais, lorsque je t'ai regardée et que j'ai vu à quel point tu étais grave et résolue quand tu as séché tes larmes en me parlant, alors que j'étais là debout, tel un pieu en bois d'épave battu par les vents. Je n'ai fait que t'aimer encore plus. » (page 76).
« C'est quand les gens tournent le dos à leur histoire qu'ils deviennent tout petits. » (page 85).
« Il s'agissait là d'hommes qui avaient eux-mêmes forgé le sens qu'ils donnaient à leur vie ; ils avaient l'intelligence dont la nature les avait dotés car aucune école ne leur avait inculqué comment penser. Ils pensaient tout seuls. » (page 101).
« L'amour ne se réduit pas au romantisme citadin où il s'agit de trouver la seule, la vraie qui comblera votre âme jusqu'à la faire déborder et dégouliner telle une pompe intarissable. L'amour est présent aussi dans cette vie que j'ai menée ici, à la campagne. Et quand je l'ai choisie pour la vivre sans regret, j'ai appris que l'homme doit s'en tenir à sa décision, la conforter et ne pas en démordre – c'est ainsi que l'amour s'exprime. » (page 105).
Une lecture dans les challenges 1 % de la rentrée littéraire 2013, Défi scandinave, En toutes lettres (ça tombe bien car je m'étais inscrite à ce challenge sans grande conviction lisant peu d'épistolaire), Petit Bac 2013 (catégorie Prénom), Premier roman, Tour du monde en 8 ans et Voisins voisines.