Trépassez votre chemin est le premier tome de la série 43 rue du Vieux-Cimetière, un roman de Kate et M. Sarah Klise paru aux éditions Albin Michel Jeunesse dans la collection Witty en septembre 2012 (169 pages, 8,50 €, ISBN 978-2-226-24239-6). 43 Old Cemetery Road, Book 1 : Dying to meet you (2009) est traduit de l'américain par Mickey Gaboriaud.
Catherine 'Kate' Klise, née le 13 avril 1963 à Peoria dans l'Illinois, est l'auteur. Elle a étudié à l'Université Marquette à Milwaukee dans le Wisconsin (diplômé d'anglais) et a travaillé pendant quinze ans pour le magazine hebdomadaire People. Elle écrit surtout pour la jeunesse (son premier roman adulte, In the bag, n'est paru qu'en 2012). Elle habite dans une ferme du Missouri.
M. (Mary) Sarah Klise, née le 31 décembre 1962 également à Peoria, est l'illustratrice. Elle a aussi étudié à l'Université Marquette (diplômée d'histoire) et enseigne l'Art. Elle habite un cottage victorien à Berkeley en Californie et a un fils, Milo.
Plus d'infos sur les deux sœurs sur leur site officiel, http://www.kateandsarahklise.com/.
Tout commence lorsqu'Ignace Bronchon, 64 ans, habitant Chicago, « spécialiste des mystères, du grabuge et du macabre », auteur de la série jeunesse en douze volumes, Le dompteur de fantômes, décide de louer une maison pour l'été afin de « finir » son nouveau livre : en fait il ne l'a même pas commencé, il n'a pas écrit depuis vingt ans... Son éditrice de New York, Sandy Page-Haller, est en colère et a embauché un détective privé, Teddy Skray, pour enquêter sur Bronchon !
Après avoir contacté Debbie Cock de l'agence Immo Ralasway à San Francisco, Bronchon choisit le manoir victorien de « trente-deux pièces et demie » sis 43 rue du Vieux-Cimetière à Livid City, Illinois, États-Unis.
En fait, le manoir fut construit par Adèle I. Vranstock en 1874 : elle écrivait et illustrait des romans à énigmes mais aucun ne fut publié. La vieille dame célibataire et sans enfant est morte il y a quatre-vingt-dix-sept ans et la maison appartient à Lino et Inès Perrance depuis douze ans. Ce couple de professeurs, spécialistes du paranormal, est en ce moment en Europe pour des conférences. Leur fils de onze ans, Lester, vit au manoir avec son chat, Mistynoir.
« Selon la légende, peu avant sa mort, Vranstock aurait juré de hanter sa maison et la ville de Livid City pour l'éternité – ou bien, jusqu'à ce qu'un de ses livres soit publié. » Extrait de la Gazette de Livid City (page 33).
Bronchon n'est pas content : il a découvert non seulement que Lester vivait au deuxième étage de la maison (il n'aime pas particulièrement les enfants même s'il écrit des livres à leur intention) mais aussi qu'il y avait un chat (il est « extrêmement allergique » aux chats). De plus le manoir est délabré, tout biscornu et tarabiscoté ! « La personne qui a conçu cette baraque devait être à moitié maboule. » (page 34).
Comme son avoué, Fred Dossier, lui écrit qu'il ne peut rien faire contre la clause Lester/Mistynoir alors que le bail est signé et lui explique qu'il est ruiné, Ignace Bronchon n'a pas d'autre solution que d'écrire le treizième tome du Dompteur de fantômes. Il décide de placer les nouvelles aventures de Bartholomew Brown, son célèbre détective spécialiste des fantômes, dans ce manoir du 43 rue du Vieux-Cimetière.
Or Lester a réussi ce que ses parents n'ont jamais réussi : il est en contact avec le fantôme d'Adèle !
Voilà, le décor est planté et je peux vous dire qu'il y a une super ambiance dans ce roman épistolaire puisqu'en dehors des extraits de la Gazette et des extraits du roman que Bronchon tente d'écrire, il n'y a que des lettres, y compris entre Bronchon qui a mauvais caractère (au premier étage) et Lester qui est l'innocence même (au deuxième étage). Chaque lettre a sa propre typographie selon la personne qui l'écrit et le lecteur, qui connaît la présence d'Adèle, le fantôme, s'amuse beaucoup en lisant tous ces échanges. Ce livre est original d'autant plus qu'il est illustré avec humour et se lit très bien, d'une traite quoi !
« Mais tout d'abord, je m'interroge : de qui est-ce l'histoire ? Bartholomew Brown ? Je ne crois pas. Suis-je attachée à ce personnage ? Pas vraiment. Il est trop plat. Trop rigide. Complètement irréaliste. » Extrait d'une lettre d'Adèle datée du 4 juillet à Bronchon (page 81).
La littérature jeunesse a évolué et un auteur qui avait du succès il y a plus de vingt ans doit évoluer aussi s'il veut attirer ses anciens lecteurs et de nouveaux lecteurs à lire son livre (hum, lorsqu'il sera terminé et publié) ! En même temps, le processus de création est loin d'être facile et Bronchon recommence plusieurs fois le début de son roman tout en se demandant ce qu'il va bien pouvoir imaginer pour la suite. Écrire, c'est du travail bien sûr, mais s'il n'y a pas la petite étincelle, si en plus l'auteur est acariâtre et égocentrique, les personnages et le récit seront, comme le dit Adèle, plats et irréalistes, bref le livre ne sera pas agréable à lire...
En tout cas, chers lecteurs, ne dites rien à Eddie Torial, le rédacteur en chef de La Gazette de Livid City, il écrit tout ! « Nous rapportons vos secrets, vos secrets nous rapportent ! » (pages 32, 85, 109 et 128). Ah, ces journalistes...
Le passage que j'aime bien
« Le gamin va illustrer notre livre. Il est très doué. Nous avons du pain sur la planche mais ça va être super. Cela fait des années que je n'ai pas été autant excité par un projet. C'est peut-être même la première fois. » Extrait de la lettre de Bronchon à Fred Dossier (page 103).