L'empreinte du renard est un roman policier du Malien Moussa Konaté paru chez Fayard noir en février 2006 (265 pages, 17 €, ISBN 978-2-213-62682-6).
J'ai tellement aimé La malédiction du Lamantin (qui se passe chez les Bozos) que j'ai voulu lire rapidement cette empreinte du renard (qui se passe chez les Dogons) et que je ne résiste pas à l'envie de vous poster cette note de lecture tout de suite !
Pigui, près de la falaise de Bandagaria, est un village Dogon. Alerté par sa jeune sœur Yalèmo, Yadgè doit se battre contre son meilleur ami Nèmègo qui a couché avec sa fiancée Yakoromo. Le jeune homme qui est en tort doit mourir pour réparer les honneurs qu'il a salis. De son côté, la mère de Yadgè a consulté Kodjo, le devin à tête de chat qui a lu dans les empreintes de renard : « [...] la paix quittera cette maison pour longtemps. À sa place, il y aura du sang, beaucoup de sang. Ce sang se répandra dans tout le village. Tout cela durera longtemps. » (page 33). Le lendemain matin, sur la table de pierre suspendue au-dessus du vide, le combat ne se passe comme prévu...
Bamako, capitale du Mali, le commissaire Habib Kéita et son jeune assistant Sosso Traoré de la Brigade criminelle sont appelés dans le bureau d'Issa, ami d'enfance de Habib, devenu conseiller du ministre de la sécurité intérieure. Ils sont envoyés à Pigui pour enquêter sur plusieurs morts.
Le quotidien de Bamako et de la brigade, la vie de famille du commissaire avec son épouse Haby, une institutrice, et leurs enfants. Beaucoup d'éclats de rire. Puis le déplacement à Pigui.
« Je crois qu'on va bien s'amuser au pays dogon, ironisa le commissaire sans transition. Avec un adolescent comme maire, des assassinats sans auteur et sans arme, le tout dans un environnement irrationnel, c'est du plaisir. » (page 65).
S'amuser ? La personne suspectée par les gendarmes sur place est Djènè Kansaye, l'oncle de Yadgè, mais Habib pense qu'il est innocent. L'enquête ne sera pas très longue (quelques jours) mais elle sera difficile et Sosso manquera se faire tuer deux fois par des serpents...
J'ai beaucoup aimé cette enquête. Les Dogons sont vraiment différents des Bozos mais ils ont aussi leur propres traditions et leur justice. En fait ils se contre-fichent d'un pouvoir central qui ne les concerne pas et qui ne connaît rien à leurs ancêtres, leur honneur et à la vie qu'ils mènent. Malheureusement les jeunes se laissent séduire par l'argent et les sirènes du monde moderne, monde qu'ils ne connaissent pas et qu'ils ne comprennent pas mais qui les attirent pour leur perte.
Phrases intéressantes
Le commissaire Habib : « Quand j'étudiais en France, je ne dédaignais pas le bon vin rouge, d'autant plus que je vivais dans le Bordelais. Mais, une fois ici, j'ai dû me reconvertir à l'eau, pas toujours potable, du reste. » (page 110).
Le gendarme Ouologuem à Sosso : « Tu sais, on étouffe dans ce pays. Toutes ces coutumes, cette religion, ces contraintes, on en a marre. Nous, on est jeunes et on veut vivre. [...] Je ne cherche qu'une chose : être riche et foutre le camp. Pour les autres, c'est pareil. » (page 137).
commenter cet article …