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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 05:45

Etoile.gifL'étoile (Звезда) est un conte de Vikenti Veressaïev paru en Russie en 1903.

 

Vikenti Veressaïev (Вике́нтий Вике́нтьевич Вереса́ев) de son vrai nom Vikenti Vikentievitch Smidovitch (Викéнтий Викéнтьевич Смидо́вич) est né le 4 janvier 1867 à Toula en Russie (à moins de 200 km au sud de Moscou). Fils de médecin, il a étudié la philologie et la médecine. Il exerça la médecine et vécut en parallèle une carrière de romancier, nouvelliste, poète, critique (une étude sur Tolstoï et Dostoïevski) et traducteur (après un voyage en Grèce, en 1910, il traduisit L'Iliade et L'Odyssée en russe). Vikenti Veressaïev est un auteur réaliste, il reçut le Prix Staline littéraire en 1945 et décéda la même année, le 3 juin à Moscou.

Quelques-unes de ses œuvres : Sans route (1895), Notes d'un médecin (1901), Récits de guerre (1906), Dans l'impasse (1923), Les sœurs (1933)... et des récits biographiques sur Gogol et Pouchkine.

 

L'étoile ne commence pas par « Il était une fois... » mais par « C'était dans les temps anciens, dans une contrée lointaine et inconnue. »

Dans ce monde, il faisait tout le temps nuit, « une nuit noire éternelle » avec des « brouillards méphitiques ». Malgré l'inhospitalité de ce monde, des humains y vivaient et lorsque, parfois, le vent se montrait, les humains pouvaient voir le ciel étoilé et c'était la fête ! Ainsi les étoiles recevaient prières, chansons et étaient étudiées par les savants qui, les voyant se rapprocher de la terre, annoncèrent qu'un jour (mais dans très longtemps), leurs descendants ne vivraient plus dans cette nuit noire.

Espoir et patience font vivre...

Mais un jour, la voix d'Adéïle, « jeune homme indocile et déraisonnable  » se fit entendre : pourquoi espérer pour des descendants très lointains alors qu'eux avaient besoin de la lumière des étoiles, ici et maintenant ? Quelques jeunes hommes et jeunes filles le suivirent au grand désarroi de leurs parents.

Lorsque, par miracle, Adéïle revint – seul – avec une étoile, ce fut l'euphorie malgré la perte des autres jeunes gens, mais ce bonheur ne dura pas. En effet, comment vivre en voyant toutes « les difformités de la vie » ?

 

Ce conte oriental (*) fut publié en France dans la Revue bleue (année 49, n° 2) en 1911 dans une traduction de Jacques Povolozky. Il est disponible sur la Bibliothèque russe et slave dans la section Littérature russe et sur Wikisource.

(*) L'auteur parle du « grand Brahma », il se réfère donc à l'Hindouisme, Brahmâ étant le dieu-créateur de l'Hindouisme, le premier de la Trimûrti (Trinité) composée également de Shiva et Vichnou.

Sous le couvert d'une histoire fantastique : un jeune homme risque sa vie (et celles de ses compagnons de route) pour décrocher une étoile et apporter la lumière, Vikenti Veressaïev montre la noirceur non seulement de la vie humaine mais aussi de l'âme humaine.ClubLN

Un conte qui fait réfléchir, comme tous les contes, n'est-ce pas ?

L'humain souffre de vivre dans le noir et rêve de clarté, mais ensuite il souffre aussi de vivre dans la lumière et aspire à plus d'ombre. Cruel dilemme, impossible à régler, mais il y aura toujours des voix qui se feront entendre, des voix d'humains qui voudront aller plus loin, savoir, connaître, comprendre, bousculer la sagesse établie, et si ces voix n'existent pas, la Nature le fera, ça prendra beaucoup plus de temps mais ce qui doit arriver arrivera quand même. Il y a une notion d'inéluctable et les humains ne sont pas maîtres de leur destin quels que soient leurs pensées, leurs actes et leur sagesse.

C'est la première fois que je lis cet auteur et j'aimerais beaucoup lire d'autres de ses textes car cette Étoile est une belle découverte.

 

Une lecture pour les challenges ABC 2012-2013 (lettre V), Des contes à rendre, Je lis des nouvelles et des novellas, Un classique par mois, Voisins Voisines 2013 et bien sûr Un hiver en Russie.

ABC2012-2013 ContesChallenge NouvellesChallenge3
ClassiqueMois1 VoisinsVoisines2013 HiverRusse2

 

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 13:09

UnReve.jpgUn rêve est une nouvelle d'Ivan Tourgueniev écrite en 1876.

 

Ivan Sergueïevitch Tourgueniev Иван Сергеевич Тургенев naît le 28 octobre (9 novembre) 1818 à Orel (Russie) dans une famille noble et fortunée. Il a bien sûr des précepteurs russes et étrangers et devient polyglotte (russe, allemand, anglais, français, grec et latin). Il aime la nature, la chasse ; il écrit des poèmes dès l'enfance ; il comprend rapidement l'injustice entre les différentes classes sociales et développe des idées progressistes.  Il étudie les Lettres et la philosophie ; Nicolas Gogol est même son professeur d'histoire (en 1835 à l'université de Saint-Pétersbourg). Écrivain, dramaturge, éditeur (correspondance d'Alexandre Pouchkine après sa mort)  et traducteur (traduction de poèmes de Pouchkine), Tourgueniev vit à Moscou, Saint-Pétersbourg, Berlin, Londres et Paris. Il meurt d'ailleurs en France le 22 août (3 septembre) 1883 dans sa datcha de Bougival [site du Musée Tourgueniev]. Il rencontre de grands noms, ceux déjà cités ci-dessus, mais encore Alphonse Daudet, Gustave Flaubert, Edmond de Goncourt, Léon Tolstoï, Jules Verne, Émile Zola, entre autres, qu'il conseille parfois. Parmi les femmes de sa vie, deux Françaises : Pauline Garcia épouse Viardot (cantatrice et compositrice) et George Sand (femme de lettres) ; et Pélagie, sa fille, qu'il a eue en Russie avec une lingère et qu'il envoie chez Madame Viardot après la guerre de Crimée.

De Tourgueniev, j'ai déjà lu Mémoires d'un chasseur Записки охотника Zapiski okhotnika (recueil de 24 nouvelles réalistes parues entre 1847 et 1852 dans Le contemporain Современник Sovremennik) et Premier amour Первая любовь Pervaya lyubov' (nouvelle en partie autobiographique parue en 1860 en Russie et 1863 en France).

 

Un rêve Сон Son (1876) est paru dans le recueil Terres vierges Новь Nov en Russie (1877) et à la suite de Premier amour en France (édition du Chêne, 1946) puis dans des recueils de nouvelles fantastiques comme Fantastique, soixante récits de terreur (Roger Caillois, 1958), La Russie fantastique de Pouchkine à Platonov (Jean-Pierre Bours, 1975) et Histoires de cauchemars (Jacques Goimard et Roland Stragliati, 1977).


Le narrateur se souvient, il avait 17 ans, il vivait avec sa mère dans une petite ville maritime.
Il était orphelin de père et sa mère était encore jeune et belle quoique de santé fragile, mais est-ce que ça explique que parfois elle le repoussait ?

« Mes plaisirs préférés étaient la lecture, les promenades solitaires et la rêverie, surtout la rêverie ! » (page 5). Quel charmant jeune homme !

Un jour de juin, il est surpris de voir dans la rue un homme qui ressemble à un inconnu qu'il voit en rêve (et qu'il croit être son père qui ne serait donc pas mort).

Il va alors découvrir un terrible secret.

« Je marchais, la tête basse, vide d'idées et de sensations, replié sur moi-même. » (page 28).

 

HiverRusse1Cette nouvelle très descriptive, bien agréable à lire, a un petit côté fantastique, genre qui fait froid dans le dos, mais pas horrifique, plutôt étrange et dérangeant.

Comme la nature et l'amour, le rêve est très important chez Tourgueniev, surnommé « le poète du rêve » (voir Tourgueniev, poète du rêve, de son compatriote Alexeï Remizov 1877-1957).

 

Une lecture que je présente dans Un hiver en Russie, Je lis des nouvelles et des novellas, Un classique par mois, Fant'classique, Tour des genres en 365 jours (2e classique), Tour du monde en 8 ans (Russie) et Cent pages.

NouvellesChallenge1 ClassiqueMois1

FantClassique

TourGenres

TourMonde8ans DefiCentPages


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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 04:56

HardiHerisson.jpgHardi hérisson et autres poésies russes est un album illustré par  Delphine Chedru et paru aux éditions Albin Michel Jeunesse en septembre 2011 (40 pages, 9,50 €, ISBN 978-2-226-22196-4). Les textes sont traduits du russe par Henri Abril.

 

Voici la liste des auteurs et les titres de leurs poésies.

Daniil Kharms : Un tigre dans la rue ; La petite fille ; Hardi hérisson.

Roman Sef : Leçon de français.

Guenrikh Sapguir ; Deux moitiés ; L'ogre et la princesse (deux versions).

Oleg Grigoriev ; Les nuages ; Portrait ; L'orange ; Solidarité.

Korneï Tchoukovski : Deux devinettes ; Réponses ; Le téléphone ; La tartine.

Samuel Marchak : L'hurluberlu.

 

Chaque poème est sur une double page et a ses propres couleurs, sauf L'hurluberlu et Le téléphone qui sont sur quatre pages.

 

Il y a de l'humour, absurde parfois.

« Taisez-vous un peu

En français »

(in Leçon de français, page 4). Amusant, n'est-ce pas ?

 

Mes poésies préférées sont celles d'Oleg Grigoriev et de Korneï Tchoukovski. Du coup je vais voir si je peux trouver d'autres textes de ces auteurs. Oui ! (cliquez sur les images).

OlegGrigoriev Oleg Grigoriev est né le 6 décembre 1943 à Moscou et est mort le 30 avril 1992 à Saint-Pétersbourg. Il est considéré comme le poète de l'underground. Et on peut lire de ses poèmes dans l'Anthologie de la poésie russe pour enfants (Circé, 2006) et dans Et alors ? (recueil de douze textes, La joie de lire, 2010). Il est possible de voir de ses dessins ici et de lire de ses poèmes en russe ici.
KorneiTchoukovskiByRepin

Korneï Tchoukovski est né le 31 mars 1882 à Saint-Pétersbourg et est mort le 28 octobre 1969 à Moscou. Il fut professeur, journaliste, poète, traducteur et critique littéraire. Quelques-unes de ses œuvres ont été traduites en français : La peine de Philomène (1947), Les futuristes (1990), Le cafard (2002), Un courant d'air dans la bouche (2005). Il est possible de lire de ses poèmes en russe ici.


J'ai bien ri en lisant L'hurluberlu avec des choses comme « Chaubus de l'autoffeur » (page 29) : des contrepèteries faciles à repérer pour les enfants (bravo au traducteur !).

 

ChallengeAnimauxEn plus du hérisson, qui affronte un serpent, il y a de nombreux animaux dans ces poésies : un tigre, un brochet, des canards, des hochequeues, un ver de terre, des souris et des chats en pagaille ! Rien que dans Le téléphone, il y a des éléphants, des crocodiles, des lièvres, des ouistitis, des ours, des hérons, des grenouilles, un rossignol, un corbeau, des cochons, un phoque, un oursin, un cerf, des gazelles, un kangourou, un rhinocéros, un hippopotame. Vous comprendrez donc que je place ce recueil de poésies dans le challenge Animaux du monde !

 

Je mets aussi cette très agréable lecture dans les challenges Je lis aussi des albums – 2012, Cent pages, Le tour des genres en 365 jours (jeunesse, dommage qu'il n'y ait pas poésie) et Le tour du monde en 8 ans (Russie).

CA2012big DefiCentPages TourGenres TourMonde8ans

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 16:23

JournalPtachkina.jpgLe Journal (1918-1920) de Nelly Ptachkina est paru aux éditions des Syrtes le 6 octobre 2011 (270 pages, 23 €, ISBN 978-2-84545-156-8).

Dnevnik est traduit du russe par Luba Jurgenson qui signe aussi la préface.

 

Je remercie les Agents littéraires et les éditions des Syrtes de m'avoir envoyé ce livre.

 

Nelly Ptachkina est une jeune fille russe qui découvre ce que toute adolescente découvre : son corps, les premiers émois, la littérature (la vie intérieure), le théâtre et les premiers bals (la vie mondaine). Elle pense à l'amour, au mariage, à l'idéal féminin, elle a même des idées avant-gardistes sur l'éducation des enfants et le travail des femmes (est-ce dû à ses lectures ?). Elle ne manque pas de projets : elle souhaite étudier le Droit, les Lettres et l'Histoire à l'Université puis voyager dans le monde et enfin travailler pour « défendre les faibles et les opprimés » (page 107). Mais elle vit dans une Russie en plein bouleversement (fin des années 1910-début des années 1920, après-guerre, bolchevisme).

C'est une jeune fille intelligente, brillante même (elle apprend entre autres la musique, le français, l'anglais et l'allemand), et son Journal est très bien écrit. Elle peut tomber dans l'orgueil : « Il y a l'intelligence et il y a le cœur, l'âme. Heureusement, j'ai les deux... » (page 16) mais reste le plus souvent très ouverte : « Anna Karénine m'a rendu deux grands services. Tout d'abord, ce livre m'a montré que les femmes « déchues » ne méritaient pas que le mépris, sentiment qu'elles m'inspiraient jusque là. Non, il faut d'abord comprendre comment elles en sont arrivées là. Il ne faut jamais condamner avant d'avoir compris ! » (page 17). Elle est parfois naïve (par exemple à propos de l'avis de Lénine sur la liberté d'expression qui serait une notion bourgeoise) et se veut à la fois romantique (les idées du passé) et moderne (les sciences et la raison).

Elle est passionnée de littérature, de théâtre. Elle voudrait être écrivain et se révèle, ma foi, bon écrivain et analyste. Elle se rend compte qu'elle est un témoin et que son époque deviendra aussi l'Histoire comme les époques lointaines où vivaient d'autres gens : « Je vis l'une de ces périodes historiques, elle s'accomplit devant mes yeux. » (page 27). Observer, analyser et laisser un témoignage est donc très important pour elle, peut-être même primordial.

Alors que son père est recherché (il n'a rien fait de mal, c'est simplement un bourgeois), la famille (père, mère, elle et Ioura, le petit frère) a fui Saratov en octobre 1917 pour s'installer à Moscou chez une tante (premier cahier) puis à Kiev chez le grand-père (deuxième cahier). Nelly a la nostalgie de son enfance et de l'insouciance de ses années de collège, elle regrette profondément la sérénité perdue, sa maison et ses amies. Elle aspire à une vie normale, une maison bien à eux, étudier et imaginer son avenir.

Elle est parfois lyrique ou mélancolique, sujette au doute et à des craintes, souvent justifiées vu ce qu'elle et sa famille vivent. « Si je n'avais plus rien d'individuel, si je devenais comme tout le monde ? Ce n'est pas de la vanité, non ! » (pages 28-29). Mais elle aspire avant tout au bonheur : « Je serais toujours heureuse de devenir écrivain. Quel bonheur ce serait ! » (page 36). « L'avenir... J'ai déjà dit que j'y pensais avec un frémissement de bonheur […]. Il me semble que ma vie sera différente de celle des autres, qu'elle sera lumineuse, passionnante. » (page 45). « Seigneur, comme il est bon de penser à cet avenir beau, actif, intéressant. Pourvu que mes rêves se réalisent. Pourvu que rien ne vienne m'en empêcher. » (page 107).

Elle développe une conscience sociale et devine les dangers du bolchevisme mais, dans un sursaut patriotique, préfère les dangers des Russes bolcheviques aux Allemands intrus : « Pensez un peu. Les Allemands nous auraient envahis et nous, on continuerait à se distraire comme si de rien n'était ? » (page 59).

Elle pointe l'importance de savoir ce qui se passe, d'être au courant des événements qui se déroulent dans son pays et dans le monde : « Quand on ne lit pas les journaux, on finit par oublier un peu ce qui se passe […]. Pourtant, on ne peut ne pas les lire, car leur monde bien que terrifiant, est le vrai, le monde réel, c'est la vie. L'ignorance ne peut créer qu'un monde faux. Il faut vivre la vraie vie. Il faut avoir le courage de suivre le cours des choses. À quoi sert de s'illusionner ? De toute façon, une fois que les événements seront là, la vraie vie nous prendra dans ses bras. » (pages 87-88). C'est un de mes passages préférés.

 

En fait, cela fait deux semaines que j'ai abandonné ce livre... Je voulais le reprendre, le terminer pour faire une note de lecture complète mais je n'en ai pas eu le courage. Je m'y suis pourtant vraiment intéressée et je le trouve réellement très intéressant, mais j'ai eu l'impression que Nelly se répétait trop souvent, tournait autour du pot, comme un animal qui tourne en rond et se mord la queue...

 

« 'Qu'est-ce qui me pousse à écrire un journal ?' se demande Nelly Ptachkina ; la réponse, éparpillée dans ces pages, pourrait être formulée ainsi : la complexité d'un être en construction dans un moment historique inouï. » (début de la préface, Luba Jurgenson, page 5).

Ce journal, témoignage de la vie russe (fin des années 1910, début des années 1920) et des bouleversements historiques et politiques, est justement ce qui m'a poussée à lire ce livre ! J'aime la Russie, son histoire, sa culture, et je disais déjà avec Des gens sans importance, de Panteleïmon Romanov que je connaissais peu les années 20. Le journal de Nelly Ptachkina me semblait donc l'idéal pour découvrir la vie d'une adolescente et de sa famille, et comment ils ont du fuir leur ville puis leur pays à cause des communistes.

 

« Je relirai certainement ce livre dans quelques mois ou quelques années. » écrit Nelly (page 12). Eh bien, je vais déjà le finir car la troisième partie « Kiev-Paris : février 1919-février 1920 » (troisième cahier) mérite sûrement d'être lue. Quant à le relire... Peut-être... Pourquoi pas, dans quelques temps. Car je trouve vraiment dommage d'être (plus ou moins) passée à côté de ce témoignage. Témoignage rare et précieux, j'en suis bien consciente.

 

J'ai noté quelques auteurs russes que je ne connaissais pas : Vassili Avseïenko (1842-1913), Vissarion Bielinski (1811-1848), Anatoli Mariengof (1897-1962), Dmitri Merejkovski (1866-1941).

 

Mes autres passages préférés

« Quelle chose merveilleuse que la lecture. On est transporté dans un tout autre monde. On sent, on vit, on apprend tant de choses en lisant ! Quel plaisir extraordinaire... » (page 134).

« Ah oui, je n'en ai pas encore parlé. En lisant, je note des expressions, des idées inspirées par le livre. Pas en marge, bien sûr, mais dans un cahier spécial. C'est Alexandre Karlovitch, mon professeur de Moscou, qui m'a donné cette idée. Quel pédagogue, quel maître c'était ! C'était un vrai plaisir que de travailler avec lui ! » (page 127). Je fais la même chose et c'est grâce à ces notes, ces extraits, ces idées que vous pouvez lire mes notes de lecture !

 

Je voudrais terminer avec ce passage prophétique puisqu'on sait que Nelly s'est tuée en chutant dans la cascade du Dard (Chamonix, au pied du Mont-Blanc) le 25 juillet 1920 (elle n'avait que 17 ans...) : « J'aime me tenir au bord du gouffre. Tout au bord. Un seul mouvement – et... Aujourd'hui, en m'approchant du bord de la falaise, pas aussi haute que je l'aurais voulu, j'ai pensé qu'un jour je mourrai en tombant dans l'abîme ! » (page 118).

 

Un livre qui entre dans les challenges du 1 % de la rentrée littéraire, Rentrée littéraire des Agents littéraires et Une année en Russie – 2011. Et puis aussi dans le challenge Littérature jeunesse & young adults que je rajoute.

1pourcent2011 AnneeRussie2011 RentreeAgents2011 JeunesseYoungAdults

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 00:00

SyndromeFritz.jpgCoupCoeur2010.pngLe syndrome de Fritz est un roman de Dmitri Bortnikov paru aux éditions Noir sur Blanc le 14 octobre 2010 (189 pages, 18 €, ISBN 978-2-88250-238-4).

Sindrom Fritska (2003) est traduit du russe par Julie Bouvard et a reçu le Booker Prize russe et le Prix du Best-seller russe en 2003.

 

Ce livre est dans ma PAL depuis Noël et j'aurais voulu le présenter en 2010 pour le challenge Une année en Russie mais je n'ai pas eu le temps de le lire... Entre temps il a reçu le Prix de la Russophonie 2010 et le challenge Une année en Russie continue en 2011 ce qui me permet d'y présenter ce roman dense et désespéré.

 

Dmitri Bortnikov est né en 1968 à Samara, une ville russe le long de la Volga et proche de la frontière avec le Kazakhstan. Il a étudié la médecine puis est entré dans l'armée et enfin a exercé plusieurs métiers avant de s'installer en France à la fin des années 90 (il vit à Paris) et de devenir écrivain.

Du même auteur : Svinobourg (Le Seuil, 2005), La belle endormie (2006), Furioso (2008).

 

Fritz, 32 ans, vit dans un squat sans électricité surnommé Le Territoire, dans la rue Thermopyles à Paris. On est en février, il fait froid, c'est humide. Désespéré depuis le départ précipité de son ami Sergio, le Tchèque, Fritz va écrire. Il se souvient de son enfance dans la steppe russe : « ses terres boudées par l'humanité » (page 71) puis de ses années d'armée.

Enfant obèse dont le rêve, après avoir vu le Roi Lear à la télévision, est de devenir Bouffon. « Devant le miroir de la salle de bains, j'avais juste envie de gerber. Sur ce gros tas de graisse répugnant que ce foutu miroir me renvoyait en pleine gueule. » (page 77).

AnneeRussie2011Détesté par son père professeur d'histoire et alcoolique : « Nous avons eu notre période d'amour, mon père et moi. Extrêmement brève. Comment aurait-il pu en être autrement ? La période de la haine est dense ; celle de l'indifférence, infinie. » (page 24). Taquiné par un grand-père antisémite et alcoolique lui aussi qui raconte des histoires sordides ; un peu délaissé par une mère fatiguée par son travail à la maternité ; heureusement aimé par son arrière-grand-mère aveugle : « Légèreté des aveugles. Étrange légèreté des aveugles. » (page 34).

Peu de moyens de se divertir, les visites à l'oncle Gueorgui à l'abattoir, un livre d'animaux (son animal préféré est la hyène) et un tome de l'Histoire de la Grande Guerre Patriotique qui lui fait aimer les ruines : « Je plane au-dessus des décombres. Au-dessus des rues dévastées, des squelettes des maisons, des cheminées d'usine éventrées. Il n'y a pas âme qui vive dans ces villes. Ces villes russes, biélorusses, polonaises, allemandes, tchèques. […] Ruines. Décombres. Désolation. À l'époque, ce spectacle était pour moi le plus beau et le plus paisible du monde. […]. » (page 37).

Peu d'amis, Sergueï le Dindon, un enfant épileptique avec qui personne ne veut jouer ; Nadia Patte de Poule, une fillette infirme de la main gauche : « Toute ma vie j'ai éprouvé un vif dégoût pour les infirmes, qui, eux, m'adoraient. […] Ils me savaient un des leurs. Ils flairaient en moi leur propre misère. » (page 58).

Et puis la fascination de Fritz pour le corps d'Igor, un peu plus âgé que lui ; Igor qui roule en moto et qui déserte l'armée.

Lorsque son arrière-grand-mère meurt, Fritz se sent seul au monde. « Je venais de découvrir la douleur. Mais au plus profond de cette douleur, je sentais une extraordinaire liberté. La liberté de celui qui n'a plus personne. » (page 46).

« La vie a continué. » (page 105). Et Igor est parti à l'armée, dans un monde de glace. Au nord en pays Iakoute, près de la Mer de Laptev par – 45 °. Puis le long de la rivière Djida, près de la frontière mongole. « Frères humains, ce que vous pouvez être lourds ! À l'époque, le monde lui-même, qu'est-ce qu'il était lourd. Il pesait des tonnes. (page 169).

 

Le syndrome de Fritz est un roman (en partie autobiographique) charnel, brutal, cinglant, dans lequel vivent tous les liquides du corps (le sang : accouchement et abattoir, les larmes, l'urine, le sperme...) car c'est comme si Fritz vomissait sa vie. J'en ai déjà lu des récits, des témoignages sur la Russie, l'époque soviétique, mais celui-ci dépasse ce que j'avais lu, je veux dire au niveau organique, viscéral. J'en suis bouleversée. Rien d'écœurant pourtant, c'est l'histoire d'une vie, cruelle il est vrai, l'histoire d'un enfant (gros) qui devient un homme, dans une région rude et dans une famille qui aurait pu être une famille bourgeoise dans un autre pays. C'est un roman sombre, violent, terrible, d'une grande intensité et au constat douloureux : « On a survécu. Point barre. » (page 185).

Encore un pur chef-d'œuvre de la littérature russe !

 

Une interview de l'auteur à la parution du Syndrome de Fritz sur Dailymotion.

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 23:41

MemoiresAne.jpgMémoires d'un âne est un roman de la Comtesse de Ségur publié en 1860. Je l'ai lu en Folio junior (220 pages) illustré par Henri Castelli (illustrations d'origine) et Danièle Bour (illustration de couverture).

 

Sofia Fiodorovna Rostopchina, comtesse de Ségur est née à Saint-Pétersbourg (Russie) le 1er août 1799. Elle passe son enfance dans le domaine familial de Voronovo près de Moscou. Son père, le Comte Fedor Vassilievitch Rostopchine était gouverneur de Moscou au moment où Napoléon est entré avec ses troupes en Russie (1812). Lorsque sa famille s'est installée en France, Sophie avait 18 ans (1817). Elle a rencontré le Comte Eugène de Ségur et l'a épousé en 1819. Il la trompait mais ils ont eu huit enfants. Elle a vécu dans leur propriété des Nouettes dans l'Orne, écrivant pour ses petits-enfants. Elle est morte à Paris le 9 février 1874.

 

L'âne Cadichon, qui se considère comme un âne savant, écrit ses mémoires pour son petit maître, Henri de Ségur. De ses premiers maîtres (de méchants rustauds qui le battaient) aux enfants dont il est le héros, il aura vécu des tas d'événements, rencontré de nombreuses personnes (méchantes ou gentilles), fait arrêté des voleurs avec de charmants gendarmes, remporté une course, remplacé un âne de cirque (Mirliflore), perdu son meilleur ami dans un accident de chasse (le chien Médor), sauvé un enfant du feu (Pauline) et un autre de la noyade (Auguste), etc. et aura surtout accompli un travail sur lui-même.

 

C'est un peu difficile de parler de ce roman... Je l'ai choisi parce que je trouvais le titre amusant (j'aime bien les ânes). Désuet, moralisateur, ce roman est sauvé par l'humour de Cadichon et par sa quête d'être meilleur pour vivre bien et en bonne entente avec les autres. Car après avoir compris qu'il n'était pas bien de se venger, l'âne Cadichon devient une bonne bête, aimante et aimée, et pourra profiter honnêtement de la vie de château.

SegurPimprenelleVoilà, je ne sais pas si j'aurai envie de relire d'autres récits de la Comtesse de Ségur... Je les avais tous lus lorsque j'étais enfant, et comme je ne suis pas une nostalgique, il vaut peut-être mieux ne pas les relire....

 

Defi2010RussieVous avez envie de lire les Mémoires de l'âne Cadichon ? Elles sont disponibles librement sur http://fr.wikisource.org/wiki/Mémoires_d'un_âne.

 

J'ai lu ce roman dans le cadre de Découvrons un auteur de Pimprenelle mais comme la Comtesse de Ségur est Russe, je pense aussi au challenge Une année en Russie.

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 00:04

BibliothecaireElizarov.jpgLe bibliothécaire est un roman de Mikhaïl Elizarov paru aux éditions Calmann-Lévy dans la collection Interstices (384 pages, 21,50 € ISBN 978-2-7021-4130-4). Bibliothekar (2007) est traduit du russe par Françoise Mancip-Renaudie. C'est le 4e roman d'Elizarov mais le premier publié en France.

 

Mikhaïl Elizarov est né en 1973 à Kharkov mais vit à Moscou. Il é étudié la littérature, puis le cinéma à Hanovre. Son premier roman Ongles est paru en 2001 et à reçu le Russian Booker Prize.

 

« L'écrivain Dimitri Alexandrovitch Gromov (1910-1981) termina son existence dans les profondeurs de l'oubli. […] Les lecteurs de Gromov avaient été rares. » (page 11). Je me suis demandé si cet auteur avait existé ! Vraisemblablement non mais il représente les écrivains de la période soviétique. « Gromov était le fils d'un pays capable d'éditer plusieurs milliers d'auteurs que personne ne lisait. » (page 12). Et il est mort presque en même temps que le bloc communiste.

Après la mort de Gromov, tout a commencé avec V. M. Lagoudov : transporté par sa lecture de Gromov, il a fondé un clan, la bibliothèque. Il faut dire que les livres de Gromov – bien que racontant le quotidien soviétique, les soldats, les paysans et travailleurs valeureux – transforment ceux qui les lisent. « En fait, le monde alentour n'avait pas changé, mais l'homme en personne, celui qui avait lu le Livre ; une force secrète transfigurait son visage, son regard, sa posture […]. » (page 26).

V. M. Lagoudov a donc été le premier bibliothécaire. Peu à peu d'autres collectionneurs sont arrivés et des clans gromoviens se sont formés. Ceux de Nikolaï Iourevitch Choulga ou Elizaveta Makarovna Mokhova par exemple et plusieurs autres. De plus en plus. Chacun voulait pour sa collection les livres de la Joie, de la Mémoire, de la Patience, de la Force, du Pouvoir, etc. Chacun se battait pour obtenir des livres et conserver ceux qu'il possédait déjà. La fille unique et le frère de Gromov ont été démarchés mais ceux qui arrivaient trop tard se sentaient lésés, trahis.

Des escarmouches entre clans ont commencé, puis du vandalisme, des copies, des escroqueries et tout ça a débouché sur la sanglante bataille de Neverbino... Ensuite un Conseil des bibliothèques a été créé avec des règles et des impôts.

« C'est en ces temps troublés que je devins bibliothécaire. Ma cohorte était maître du Livre de la Mémoire, et comptait dix-sept lecteurs. » (page 55). En 1999, Alexei Viazintsev, surnommé Aliochka, doit en effet régler la succession de son oncle, Maxime Danilovitch (le frère de son père) mort (assassiné ?) plus d'un an auparavant. Il quitte son Ukraine natale et ses parents pour le nord de la Russie et se rend compte qu'il hérite d'un appartement de deux pièces et du poste de bibliothécaire. « Un sentiment étrange venait de me saisir. » (page 184).

Un jour, alors qu'il a déjà mis sa vie en danger plusieurs fois et qu'il a perdu des membres de sa cohorte, Alexei reçoit un livre rédigé par Gromov que personne ne connaît : le Livre du Sens.

« Gromov, le voici, là, sur cette petite carte... il a plus de soixante-dix ans... […]. » « Un vieil homme aux traits fins et expressifs me fixait ; sur cette photographie en noir et blanc, il avait plus l'air d'un physicien que d'un acteur lyrique, avec ses lunettes, son costume […]. Il donnait une étrange impression. » (page 340).

 

Quel étrange livre ! Très littéraire, très russe ! Parfois complètement surréaliste ! J'espère avoir bien compris les messages de l'auteur : des gens perdus, esseulés, qui se raccrochent à... ce qu'ils peuvent, ce qu'ils trouvent sur leur chemin, en l'occurrence un clan qui les accueille en son sein et qui en fait des personnes... un peu plus importantes ; des clans armés qui se réunissent autour, je dirais carrément d'une foi, qui sont prêts à tout pour vivre et s'étendre, et qui prennent plaisir à combattre jusqu'à la mort. Au milieu de toute cette folie, le jeune héros ne sait pas s'il est courageux au point de se battre pour des livres ! Autrefois manipulés par le Parti de l'Union soviétique, les hommes et les femmes se laissent maintenant manipulés par... autre chose, un autre chef, une autre foi... par nostalgie ? Des hommes et des femmes qui se battent cruellement pour leur nouvel idéal, et la société contemporaine, corrompue, n'intervient pas, préfère ne rien savoir et faire semblant de ne rien voir. Ce qui était déjà le cas au temps du communisme, n'est-ce pas ? Donc rien n'a changé, simplement les privilégiés et les idéaux ont évolué, tout comme après toute révolution...

Defi2010Russie

 

Le bibliothécaire aurait pu être encore un coup de cœur de cette rentrée littéraire mais les nombreux combats entre cohortes m'ont un peu lassée. Toutefois malgré ce petit point faible, c'est un très bon roman, à la limite du fantastique, mais je me doute qu'il ne plaira pas à tous les lecteurs.

 

Je place ce roman dans le challenge Une année en Russie (qui malheureusement se termine bientôt).

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 22:13

NouvellesGogol.jpgCoupCoeurXIXe.pngLa perspective Nevski est une nouvelle de Nicolas Gogol parue en 1835 dans le recueil Arabesques.

Le titre russe est Невский проспект.

On trouve cette nouvelle dans les Nouvelles pétersbourgeoises avec Le nez, Le portrait, Le manteau, La calèche et Le journal d'un fou.

 

Nicolaï Vassilievitch Gogol (Николай Васильевич Гоголь) ou Mykola Vassyliovytch Hohol (Микола Васильович Гоголь) en ukrainien est né le 20 mars 1809 dans la région de Poltava (centre de l'Ukraine).

Après ses études, il a quitté son pays et a travaillé dans un ministère à Saint-Pétersbourg. Il a commencé à écrire dès 1829 (poèmes, nouvelles), est devenu professeur (un de ses élèves sera Ivan Tourgueniev), a rencontré Alexandre Pouchkine, a publié des contes, des nouvelles, du théâtre. Puis il a voyagé pendant 12 ans en Europe (Allemagne, Suisse, France, Autriche, Pologne) avant de retourner en Russie, à Moscou, où il est mort le 4 mars 1852.

Vous pouvez lire une bibliographie et une chronologie des œuvres dans l'intégrale Quarto.

 

« Il n'y a rien de plus beau que la perspective Nevski […]. » (page 575, première phrase de la nouvelle).

Vraiment ?

Après une description enjouée de la perspective Nevski et de ses passants du matin au soir, l'auteur s'attache plus particulièrement à deux personnages, deux jeunes hommes : le peintre Piskariov et le lieutenant Pirogov.

L'un d'eux aura un destin tragique...

« Comme le destin se joue mystérieusement de nous ! » (page 607).

 

 L'humour de Gogol rejoint la pauvreté d'esprit et la noirceur de la vie dans ce récit parfait.

 J'aurais voulu lire plus d'une nouvelle mais avec la rentrée littéraire, je suis très occupée.  Ce n'est que partie remise car, avec les Nouvelles complètes parues en janvier 2010 aux éditions Quarto Gallimard (1008 pages, 24,90 €, ISBN 978-2-07-012494-7) dans ma bibliothèque, je reprendrai assurément ma lecture de Gogol que j'aime beaucoup.

 

C'était ma lecture pour J'aime les classiques de septembre et je la présente aussi dans le cadre de Une année en Russie, pour le défi Nouvelles sur les 5 continents (Europe) et pour le challenge Europe centrale et orientale (en tant qu'auteur ukrainien).

JaimelesClassiques Defi2010Russie.jpg

Nouvelles.jpg

ChallengeEurope

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26 juillet 2010 1 26 /07 /juillet /2010 23:07

RomanTolstoi.jpgCoupCoeur2010.pngLe roman de Tolstoï est un essai de Vladimir Fédorovski paru aux éditions du Rocher dans la collection Le roman des lieux et destins magiques en avril 2010 (235 pages + 16 pages de photos en couleur, 19,90 €, ISBN 978-2-268-06914-2). Deux annexes (doctrine de Tolstoï et quelques pensées de Tolstoï) et une bibliographie multilingue (pages 218 à 234).

 

Defi2010RussieJe remercie Céline et les éditions du Rocher de m'avoir envoyé ce livre car j'avais très envie de le lire pour l'année de la Russie en France. D'ailleurs j'en profite pour présenter cet ouvrage dans le cadre du challenge Une année en Russie.

 

Évidemment je ne vais pas réécrire ici la biographie de Léon Tolstoï : Comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï (Лев Николаевич Толстой) né le 28 août / 9 septembre 1828 et mort le 7 novembre / 20 novembre 1910.

 

Il faut que vous lisiez ce livre idéal pour appréhender la vie et l'œuvre de cet auteur grandiose !

 

De son enfance à Iasnaïa Poliana où il est né à sa mort à la gare d'Astapovo. De son domaine et de sa vie de famille. De Moscou et de Saint-Pétersbourg. De sa vie militaire avec son frère Nicolas à Kazan, dans le Caucase, puis à Sébastopol. De la guerre contre les Turcs en 1853-54 avec le Prince Michel sur le Danube (lire Le roman de Belgrade, de Jean-Christophe Buisson). De son premier voyage via Varsovie et Berlin en France, Suisse, Italie, et son deuxième voyage en France, Angleterre, Belgique. De son amour du jeu et des femmes. De sa vie de célibataire coureur de jupons, puis de son mariage avec une jeune femme beaucoup plus jeune que lui, Sophia Andreïevna, et de leurs enfants, tout ce qui a influencé ses romans : « Là, il y a la mémoire de la famille exprimée par mes ancêtres, exprimée en moi par mon caractère. Il y a la mémoire universelle, divine, spirituelle. C'est celle que je connais depuis le début du commencement, et d'où je proviens. » (page 183).

De ses premiers récits publiés dans Le Contemporain (Sovremennik, Современник), une revue littéraire créée en 1836 par Pouchkine. De son grand ami Tourgueniev. De son immense œuvre dans laquelle le lecteur croise des aristocrates, des paysans, des militaires, des Cosaques, des femmes, des tziganes, etc.

De ses idées humanistes, de sa volonté de libérer les serfs qui eux ne veulent pas de cette liberté, de sa morale et de sa spiritualité : « En Russie, les monarques peuvent devenir ermites, les fols en Christ gravir les marches les conduisant au trône et les écrivains, comme Tolstoï, prétendre au rôle de prophète. » (page 95) et « Il adorait parler de la nature, de la Russie, de Dieu, de la mort... » (page 182).

 

Quelques extraits pour vous donner encore plus envie de lire ce roman de Tolstoï impeccablement écrit par Vladimir Fédorovski !

« L'essentiel pour lui était de ne pas paraître ordinaire, de ne pas passer inaperçu, afin d'étonner. » (page 23).

« […] un sentiment qui dominera l'esprit de Tolstoï toute sa vie durant : l'indignation face à l'injustice. » (page 24).

Un précepteur français : « Ce petit a une tête, c'est un petit Molière ! » (page 35).

Un autre professeur : « Serge peut et veut ; Dimitri veut mais ne peut ; Léon peut mais ne veut. » (page 35).

« Jeune homme, il était promis à ce destin : créer un monde imaginaire, transplanter les caractères des êtres vivants dans des fantômes de son esprit. » (page 47).

Dans une lettre à Toinette alors qu'il est dans le Caucase avec son frère Nicolas : « Je ne sais si ce que j'écris paraîtra jamais dans le monde, mais c'est un travail qui m'amuse et dans lequel je persévère depuis trop longtemps pour l'abandonner. » (page 67).

« On peut écrire avec la tête ou avec le cœur. Lorsque je commence à écrire avec la tête, je m'arrête toujours et m'efforce de ne laisser parler que mon cœur. » (page 99).

« Si les hommes vivaient en frères, ils n'auraient besoin ni de gendarmes, ni de soldats, ni de tribunaux. » (page 221).

 

Alors, fantasque, colérique, obsédé sexuel, moraliste, prophète... ? Peu importe : c'était un sacré bonhomme ce Tolstoï ! Et en tout cas un exceptionnel, immense, génie de la littérature. D'ailleurs « À chacun son Tolstoï. » (page 9), n'est-ce pas ? Et pour moi, Tolstoï représente l'âme de la Russie.

 

Si vous avez le bonheur de pouvoir lire le russe, l'œuvre de Tolstoï est disponible en ligne sur http://az.lib.ru/t/tolstoj_lew_nikolaewich/ sinon une grande partie est en français sur http://fr.wikisource.org/wiki/Léon_Tolstoï.

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8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 00:03

TchekhovAntonDefi2010RussieLe 14 décembre, Arte diffusait La cerisaie d'Anton Tchekhov, auteur russe que j'aime profondément, mise en scène par Alain Françon pour le Théâtre National de la Colline (Paris).

Les trois sœurs est en cours d'adaptation, par le même metteur en scène, pour mars-mai 2010.

 

La cerisaie est la dernière œuvre de Tchekhov, elle est un lien entre le XIXe et le XXe siècles, elle montre la transformation de la mentalité russe, la bourgeoisie qui pouvait être propriétaire mais ruinée, les petites gens (le peuple) qui sous certaines impulsions prenaient connaissance de leur situation et se préparaient à un changement.

 

Lioubov Andréevna a dilapidé sa fortune et se voit dans l'obligation de céder la propriété familiale dans laquelle vivent son frère Gaev, sa fille Ania et sa fille adoptive Varia. Le moujik Lopiakhine tente de convaincre la famille de vendre afin qu'un site touristique avec des datchas soit construit. Trofimov, étudiant révolutionnaire amoureux d'Ania, souhaite que la cerisaie soit vendue. Mais cette cerisaie, c'est leur enfance, c'est leur vie, c'est leur relation avec le passé de leur famille, c'est leur drame...

 

TchekhovTheatre1TchekhovTheatre2Je n'en dis pas plus sur cette pièce parce que (ayant une grippe) je n'ai pu en voir que les deux premières parties, mais celles-ci étaient déjà extraordinairement bien jouées (la représentation commençait à 23 heures et se terminait à 1 heure et demi mais vers minuit et demi, j'étais déjà KO, malheureusement...).

 

Il y a une dizaine d'années, j'ai lu avec un immense plaisir de nombreuses œuvres de Tchekhov (1860-1904) :

le roman : La steppe Степь (1888),

le théâtre : Platonov Безотцовщина (1878), Ivanov Иванов (1887), La mouette Чайка (1896), Oncle Vania Дядя Ваня (1899), Les trois sœurs Три сестры (1901), La cerisaie Вишнëвый сад (1904),

les nouvelles : plusieurs nouvelles dans un recueil.

 

Je n'ai qu'un conseil à vous donner : expérimentez le bonheur de lire Tchekhov !

 

Pour ceux qui ont la chance de lire cette merveilleuse langue qu'est le russe, les œuvres de Tchekhov en ligne.

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