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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 23:58

AfterTears.jpgCoupCoeur2010.pngAfter tears est un roman de Niq Mhlongo paru aux éditions Yago en mars 2010 (307 pages, 20 €, ISBN 978-2-916209-74-6). After tears (2007) est traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Laura Derajimski.

 

Comme littérature sud-africaine, j'ai déjà lu Chambre 207, de Kgebetli Moele qui m'avait beaucoup plu donc lorsque Gilles Paris m'a proposé cet autre roman paru aux éditions Yago, je n'ai pas hésité et je suis bien contente d'avoir également découvert cet auteur qui fait partie de la nouvelle génération d'écrivains post-apartheid, appelée aussi « génération kwaito » (il était lycéen lors de la libération de Nelson Mandela).

 

Niq Mhlongo (de son vrai nom Muhhandziwa Nicholas Mhlongo) est né à Soweto (Johannesbourg, Afrique du Sud) en 1973 dans une famille nombreuse (dix enfants). Contrairement au personnage de son roman, il a réussi ses études de littérature africaine et de sciences politiques, mais a ensuite abandonné le Droit pour écrire son premier roman, Dog eat dog (2004).

 

Je me suis demandé ce que signifiait le titre After tears et on ne l'apprend qu'à la fin du roman (page 266) donc je préfère ne rien dire, d'accord ?

 

Le roman se déroule entre le 22 novembre 1999 et le 9 mai 2000, avec le passage du nouveau millénaire (c'est ce qui est dit dans le roman, n'est-ce pas, mais il me semble que le nouveau millénaire commençait plutôt au premier janvier 2001 et pas 2000...).

 

L'instant de vie qui est donné au lecteur commence donc fin novembre 1999. « Et voilà. J'en avais assez du Cap. L'océan Atlantique glacial, les plages de sable blanc, la Montagne de la Table, le front de mer, tout ce qui m'avait jadis semblé magnifique dans cette ville s'était soudain enlaidi. Je me résolus en cet instant, devant le tableau d'affichage, à rentrer faire mes bagages et à partir pour de bon. » (page 11, début du roman). Après quatre ans d'études, Bafana Kuzwayo vient de rater son Droit. Le monde s'écroule, il rentre dans sa ville natale, Jo'burg (Johannesbourg) dans le quartier de Soweto où il a grandi.

L'oncle Nyawana vient le chercher à Park Station avec ses amis car il est fier de son unique neveu. En fait, personne n'a jamais pensé qu'il pourrait rater son diplôme, tout le monde l'imagine déjà avocat et son oncle l'a même déjà surnommé Avo. « Écoute-moi bien, Avo, je suis bien content que tu aies obtenu ton diplôme de droit. Félicitations ! » (page 23). Que faire ? Se taire...

Bafana ne souhaite pas mentir à sa mère mais « Elle avait totalement exclu l'éventualité d'un échec, ce qui venait malheureusement d'arriver. » (page 14) alors il laisse croire et se retrouve pris dans l'engrenage du mensonge... Par omission. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé de dire la vérité : « 'Euuuh...' Ma réponse fut longue à venir. 'Justement, j'espérais pouvoir en discuter avec toi, Mama'. » (page 32). Et comment décevoir son vieil oncle (le frère de sa mère), alcoolique et divorcé, qui lui dit : « Tes rêves sont réalistes parce que tu es instruit. » (page 61) et sa mère qui insiste pour qu'il « postule à un emploi de conseiller juridique, bien que [il n'ait] pas l'expérience requise. » (page 108) ? « Mon sentiment de culpabilité augmentait de jour en jour et l'envie pressante d'avouer mon échec à Mama devenait insoutenable. » (page 127).

Le malheureux Bafana (il est quand même vraiment à plaindre) est alors confronté à la dure réalité de la vie des pauvres à Soweto. L'alcool, le tabac, la drogue, le chômage, la musique, les filles vulgaires : « Les filles me déplurent aussitôt ; c'était le genre qu'il ne m'intéressait pas de connaître. À observer leur comportement et à les écouter parler, je savais qu'il me faudrait faire un gros effort d'adaptation si je voulais vivre à nouveau dans le township. » (page 93).

Il y a le sida aussi et la méconnaissance totale de cette maladie de la part de la population pauvre (rumeurs, refus de se soigner, contamination volontaire pour ne pas travailler et percevoir des allocations du gouvernement...).

Il y a la jalousie envers ceux qui ont réussi (les femmes en particulier) et le racisme des Noirs envers les autres Noirs : Bafana a une copine du Zim (Zimbabwe) qui doit renouveler son permis de travail tous les trois mois et il rencontre un Nigérian qui fait du business.

Et puis il y a la situation post-apartheid du pays (politique, économique et sociale) : l'ANC, parti pour lequel les Noirs ont voté en masse, se comporte comme les Blancs, comme les capitalistes, laissant les pauvres sur le carreau. L'échec du jeune Bafana symbolise alors l'échec de tout un pays, de tous les pauvres, de tous ceux qui galèrent, de tous ceux qui sont déçus et désœuvrés.

 

C'est un grand roman que je viens de lire ! Un roman représentatif de l'Afrique du Sud de ce début de XXIe siècle, avec une vision précise (pas édulcorée) de ce pays cosmopolite, et un peu d'espoir sans doute... En tout cas, Niq Mhlongo fait partie d'une nouvelle génération d'auteurs à suivre absolument !

 

Mon avis sur la couverture : j'ai l'impression que l'Afrique du Sud est le corps, on y met une tête (celle de Nelson Mandela qui symbolise le gouvernement) et on lui greffe des mains (qui représentent ceux qui travaillent, une minorité), mais ce n'est pas suffisant, ça reste quelque chose d'incomplet, de mal articulé. Qu'en pensez-vous ?

 

Un tout petit point, pas négatif mais embêtant, c'est le glossaire en fin de volume, pénible à consulter... Mais il est quand même indispensable car, comme le dit la traductrice, les mots utilisés par l'auteur « illustrent la diversité ethnique et lexicale des townships, où se mêlent indifféremment anglais, afrikaans, zoulou, sesotho, xhosa, ndébélé, swazi, venda, pedi, tswana et tsonga. […] ce mélange de langage, appelé Scamto ou 'parler du township' […]. » (page 9).

 

SafariLitteraireJe remercie encore Gilles Paris pour cette excellente lecture qui a ouvert mon horizon et me donne l'occasion de démarrer un deuxième tour du Safari littéraire organisé par Tiphanya. Et je félicite les éditions Yago pour leur politique éditoriale car c'est déjà le troisième roman édité par cette jeune maison d'édition que je lis et je ne suis pas déçue (les deux premiers étaient Le bateau-usine, de Takiji Kobayashi en novembre 2009 et Chambre 207, de Kgebetli Moele en février 2010).

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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 00:15

Chambre207.jpgCoupCoeur2010.pngChambre 2007 est le premier roman de Kgebetli Moele. Il est paru aux éditions Yago dans la collection Ciel ouvert (Roman étranger) en janvier 2010 (270 pages, 18 €, ISBN 978-2-916209-68-5). Room 207 est traduit de l'anglais (sud-africain) par David König.

 

Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce roman qui m'a énormément plu.

 

Kgebetli Moele est né le 31 mars 1978 à Polokwane (dans le Limposo) et a grandi dans une ferme. Il fait partie de la nouvelle génération d'écrivains sud-africains, qui se nomme la Kwaito generation dans une Afrique du Sud post-apartheid, avec Niq Mhlongo et Kabello Sello Duiker (les générations précédentes étant des écrivains blancs comme Nadine Mordimer, Breyten Breytenbach, John Maxwell Coetzee ou Andre Brink). Il a commencé à écrire en 1991, et rédigé des scripts pour des émissions radio, pour le cinéma, et une pièce de théâtre. Chambre 207 a reçu le prix H.C. Bosman de la meilleure œuvre de fiction. Son deuxième roman Book of the dead est paru chez Kwela Books en août 2009.

 

Pendant plus de dix ans, six jeunes hommes partagent une chambre à Hillbrow, le quartier le plus dangereux de Johannesburg, elle-même la ville la plus dangereuse... D'Afrique du Sud ? Du continent africain ? Non, du monde ! Pourtant, ils n'ont rien de dangereux tous les six... Entrez dans leur univers, à la fois étroit (la chambre 207) et à la fois très ouvert (famille, études, filles, musique, écriture, rêves).

Leur refuge à tous, c'est la chambre 207 : « C'était un hôtel, à une autre époque... Tu sais, cette époque que les dirigeants du pays ne veulent pas qu'on oublie. » (première phrase, page 15). Le narrateur tutoie le lecteur et le fait véritablement entrer dans leur monde : « Ouvre la porte. Tu es accueilli par un petit couloir […]. » (page 15), « Entre, entre. […] Tu es ici chez toi, mon frère. » (page 17).

Matome, c'est le lève-tôt, il inspire la confiance mais a parfois des idées et des plans bizarres ! Il aime d'une façon christique, sans sexualité.

D'nice était un excellent élève, optimiste et rêveur, il est venu étudier à Wits, mais le manque d'argent et les sollicitations de la ville...

Molamo, ancien chauffeur de poids-lourds, a étudié pendant quatre ans à l'université de Cape Town et rêve de devenir « écrivain/réalisateur/acteur/poète/producteur ».

Modishi, surnommé Jean Le-Baptiste par Zulu-Boy, avait hérité de terres à la mort de son père mais ne voulait pas repartir à la campagne. Il est amoureux de Lerato, mais elle n'a que dix-sept ans et a déjà dû avorter deux fois.

Zulu-Boy est un voleur, comme tous les Zoulous, c'est parce qu'il aime les objets, frimer, attirer l'attention, et il a déjà été « arrêté plusieurs fois pour des délits stupides » alors qu'il vient d'une famille estimée.

Et puis il y a le narrateur, un Sotho surnommé Baba, qui après des études de cinéma écrit des scripts mais pour l'instant ils ont tous été refusés...

 Lorsqu'ils n'ont plus d'argent pour payer le loyer mensuel, parce qu'ils aiment s'amuser, faire la fête, boire de la bière, sortir avec des filles, ils sont expulsés de leur petite chambre et vont se réfugier chez Wada. Il est producteur indépendant et Matome travaille alors un peu avec lui.

SafariLitteraireTreize ans de vie commune et d'amitié, mais aussi de pauvreté, de violence parfois, treize ans avant que chacun leur tour, ils partent pour une autre vie, pas toujours celle qu'ils ont rêvée...

 

Un très beau roman, d'une grande puissance narrative, sans faux-semblants et fort en émotion. Je vous le conseille absolument, il faut le lire, vraiment.

 

Roman africain pour le Safari littéraire créé par Tiphanya.

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