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« On ne doit jamais manquer de répéter à tout le monde les belles choses qu'on a lues » Sei Shônagon in « Notes de Chevet ». Lues, mais aussi aimées, vues, entendues, etc.

L'île de Tôkyô, de Natsuo Kirino

L'île de Tôkyô est un roman de Natsuo Kirino paru aux éditions du Seuil en avril 2013 (282 pages, 22,50 €, ISBN 978-2-02-103471-4). Tôkyô-jima (東京島, 2008) est traduit du japonais par Claude Martin.

 

Natsuo Kirino est née le 7 octobre 1951 à Kanazawa (préfecture d'Ishikawa, Japon). Elle est auteur de romans policiers parus en France aux éditions du Rocher (Disparitions en 2002) puis aux éditions du Seuil (Out, 2006, Monstrueux, 2010, Le vrai monde, 2010, Intrusion, 2011 et L'île de Tôkyô, 2013). Elle a reçu de nombreux prix littéraires.

Plus d'infos sur http://www.kirino-natsuo.com/ en japonais et en anglais.

J'ai déjà lu Intrusion en 2011 et il m'avait déroutée ; je dois maintenant relire cette romancière pour le challenge Écrivains japonais d'Adalana et il faut que je me dépêche avant la fin du mois d'octobre !

 

Après le naufrage de leur voilier, il y a cinq ans, Kiyoko et son mari, Takashi, ont nagé jusqu'à une île et n'ont pas pu en repartir.

L'île, « d'environ sept kilomètres de long sur quatre de large » n'abrite pas d'animaux dangereux et délivre à volonté bananes, taros et noix de coco. « À part qu'elle était inhabitée et que les secours n'arrivaient pas, on pouvait dire que c'était un paradis. » (page 11).

Trois mois après leur arrivée, un bateau de vingt-trois jeunes hommes s'est écrasé sur l'île. Ce sont eux qui ont baptisé l'île Tôkyô et donné, par nostalgie, par désespoir, des noms de lieux existants au Japon.

Puis, un autre bateau a abandonné onze Chinois, des clandestins.

Mais sur une des plages à l'est, il y a plusieurs dizaines de bidons d'aluminium scellés de couvercles jaunes et les Japonais pensent que ce sont des déchets radioactifs...

Après l'arrivée des Chinois, les Japonais qui n'ont « guère envie de nouer des relations avec des étrangers » (page 14) décident de vivre dans la partie ouest de l'île qu'ils appellent Tôkyô et les Chinois vivront dans la partie est que les Japonais appellent Hongkong et où se trouvent les bidons de la plage de Tôkaimura.

Les Chinois, eux, appellent l'île Tan (l'œuf). Ils sont menés par Yang (35 ans), ils sont triviaux, nus, sales et malodorants mais ils se débrouillent bien mieux pour leur survie que les Japonais. Par exemple, ils font se reproduire les lézards et les souris avant de les manger pour avoir continuellement une source de protéine, ils conservent les poissons en les faisant sécher et ils ont même trouvé des condiments (ail, piment sauvage) et fabriqué du sel !

« Une odeur appétissante s'élevait toujours de Hongkong, où une ambiance paisible faisait douter d'être sur une île déserte. » (page 15).

Mais après que les hommes de Hongkong aient construit des outils avec le métal des bidons et deux barques avec les arbres de l'île, Kiyoko accepte de partir avec eux.

« Horizon marin à perte de vue. Pas l'ombre d'une terre. C'était bien d'avoir quitté l'île, mais que comptaient-ils faire maintenant ? » (page 41).

 

Il est intéressant de voir comment les deux populations évoluent : « Tandis que Hongkong, par crainte de la pénurie de ressources, développait la productivité, Tôkyô s'intéressait à la culture. » (page 17).

Quant à Kiyoko, unique femme de l'île, encore désirable à 46 ans, elle est convoitée par tous les hommes et a plusieurs amants et maris après la chute mystérieuse de Takashi du haut de la falaise. Comment est-elle vraiment considérée par les hommes ? N'a-t-elle que son corps à offrir ? En tout cas, ses compatriotes japonais ne lui pardonneront pas sa trahison mais se dérideront à l'annonce de sa grossesse, tout un symbole proche de l'île-mère, l'île nourricière.

En 2008, L'île de Tôkyô, roman fascinant de l'âme humaine, du dépouillement et de la déchéance qui m'a autant déroutée qu'Intrusion, a obtenu le prix Junichirô Tanizaki.

 

Deux phrases qui m'ont interpellée.

« J'ai bien compris que, sans la civilisation, le cerveau humain régresse et retourne à l'état sauvage. » (page 74, journal de Takashi).

« Ça fait peur les choses qui déterminent toute une existence. » (page 207).

 

J'ai lu qu'un film de Shinozaki Makoto avait été adapté de ce roman en 2010. Je ne l'ai pas vu mais en voici l'affiche et la bande annonce. Et je peux vous dire que cela ne correspond pas à l'ambiance du roman ! L'actrice est trop jeune, trop sexy. Les acteurs sont trop propres et bien habillés. L'île est trop luxuriante. Et où sont les bidons de déchets ?

Une lecture pour les challenges Écrivains japonaisPetit Bac 2013 (catégorie Lieu) et bien sûr Des livres et des îles (île déserte apparemment au large des Philippines).

 

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L
Dommage que la fille ne soit pas aussi sexy. Mais il me tente bien.<br /> Pour découvrir au moins Natsuo Kirino dont on en entend beaucoup parlé - surtout lors de ses premiers romans.
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C
Une fille jeune et sexy ne va pas avec le contenu du livre ce qui ne veut pas dire que cette femme de 46 ans, Kiyoko, n'est pas belle et désirable. Ce roman devrait sûrement te plaire.
S
Un livre qui m'intéressait sûrement !<br /> Bonne fin de semaine.
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C
L'évolution des communautés et la psychologie des personnages sont parfaites !
A
J'avais beaucoup aimé Out de cette auteure et je comptais bien poursuivre ma découverte de ses oeuvres. Ce roman-ci me tente particulièrement !
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C
Tu ferais bien, A Girl, les romans de cette Japonaise ont tous pour te plaire !
S
Ton article m'a donné très envie de le lire et quelle chance, on l'a dans la bibliothèque où je travaille ! Je vais pouvoir l'emprunter !!
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C
Super, Séverine, j'espère qu'il te plaira ! Bonne lecture !
A
Il est dans ma PAL, il a l'air intéressant. Le film, en revanche, ne me tente pas du tout.
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C
J'espère que tu le liras, Adalana, il vaut le coup ! Par contre, le film, bof... En plus au Japon, c'est cher... Bonne journée.