« On ne doit jamais manquer de répéter à tout le monde les belles choses qu'on a lues » Sei Shônagon in « Notes de Chevet ». Lues, mais aussi aimées, vues, entendues, etc.
Mémé est un roman de Philippe Torreton paru aux éditions L'iconoclaste en janvier 2014 (144 pages, 13 €, ISBN 978-2-913-36661-9).
Philippe Torreton est né le 13 octobre 1965 à Rouen (Seine Maritime, Normandie). Il est comédien (théâtre et cinéma) et auteur d'un essai sur son métier, Comme si c'était moi (Seuil, 2004) et d'un Petit lexique amoureux du théâtre (Stock, 2009) ; Mémé est donc son premier roman.
Ma grand-mère n'était pas malade et ne vivait pas dans une maison humide de Normandie avec un jardin mais j'ai trouvé des points communs avec la grand-mère du roman : l'édredon glacé (je l'appréciais bien l'été !), la machine à coudre à pédale (j'avais appris à l'utiliser !), l'appellation contrôlée « mémé », l'amour et les valeurs qu'elle m'a transmis, et les sentiments qui me liaient à elle (je n'en avais qu'une, l'autre était déjà morte). Des souvenirs qui ont ressurgi à la lecture de ce roman largement autobiographique du comédien Philippe Torreton mais ces souvenirs et ces émotions, ne sont-ils pas presque universels ?
« Je veillais sur ma grand-mère, pendant qu'elle veillait sur moi, ce fut mon premier emploi, gardien de nuit de mémé. » (page 12).
« Je ne voulais pas qu'elle meure avant mes vingt ans, car à vingt ans on est grand, on est un homme et un homme c'est dur à la peine, mémé il faut tenir ! À vingt ans, j'ai repoussé la « date de mort acceptable » à trente. Quand elle a arrêté de respirer pour de bon, j'en avais quarante et je n'étais toujours pas devenu un homme. » (page 13).
« Elle avait toujours quelque chose qui faisait du bien […]. » (page 31).
Homme du spectacle, Philippe Torreton raconte avec émotion comment sa mémé, née en mars 1914, aurait voulu faire de la musique mais elle a dû travailler à la ferme de ses parents puis en usine pour élever ses trois filles.
« Jeune, on t'a donné le nécessaire, adulte tu n'avais que l'utile et à la fin de ta vie il ne te restait que l'indispensable. » (page 50).
« Ton silence rendait le monde bavard et inaudible. » (page 61).
Une grand-mère qui a vécu proche de la nature, en consommant les produits de la ferme et en ne gâchant rien.
« Ils ne savent plus quoi inventer... un soupir... et tu retournais à ton épluchage de poulet froid. » (page 78).
L'auteur évoque la douceur de sa mémé, la tendresse des souvenirs, tout ce qu'elle lui a apporté avec des choses simples, naturelles, et la tristesse du manque.
« J'aimerais encore maintenant ouvrir la porte de sa cuisine et l'embrasser […]. » (page 93).
« Elle est née sans plastique, sans téléphone, sans radio, sans télé, sans mails, sans cliniques ni pédiatres, sans congés de maternité. Elle est née sous un ciel sans ces rails de nuages qui trahissent l'avion de ligne, […]. » (page 105).
Un joli roman, sincère, tendre, nostalgique et parfois drôle, pour tous ceux qui aiment leur mémé même si elle n'est plus là...
« Ça tient pas le coup les hommes, les mémés sont plus solides. » (page 116).
Une lecture pour les challenges ABC critiques 2013-2014 (lettre T), (autobiographie/témoignage), Petit Bac 2014 (catégorie sphère familiale), Rentrée littéraire d'hiver 2014.
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