« On ne doit jamais manquer de répéter à tout le monde les belles choses qu'on a lues » Sei Shônagon in « Notes de Chevet ». Lues, mais aussi aimées, vues, entendues, etc.
Le secret des cartographes est un roman historique de Sophie Marvaud paru chez Plon Jeunesse en février 2008 (261 pages, 13 €, ISBN 978-2-259-20789-8).
1628, la Vereenigde Oostindische Compagnie (VOC) ou Compagnie hollandaise des Indes orientales oblige Cornelis Van Vliet à vendre tous ses biens et à embarquer pour découvrir les terres inconnues de l'hémisphère sud. Veuf, ayant perdu son fils unique dans la disparition de la précédente expédition (5 navires aux cales remplies d'épices revenant de Batavia), le négociant endetté auprès de la compagnie, accepte de partir avec sa fille, Saskia : « Il réussirait, ou bien il ne reviendrait jamais. » (page 11). Pour naviguer sur le De Hoop (L'Espérance), il a sélectionné des personnes totalement différentes et de plusieurs pays malgré les guerres que se livrent leurs rois.
La narratrice est Apollonia Orazeschi, fille du peintre Michelangelo Orazeschi. Douée, elle aurait pu devenir peintre, ou au moins portraitiste mais... Elle n'est qu'une fille et un apprenti de son père l'ayant violée, le tribunal l'a regardée comme coupable au lieu de victime et veut l'obliger à épouser le vaurien. Apollonia fuit alors Rome, en pleine nuit, déguisée en moine capucin et se renomme Frère Paolo. En 5 mois, elle traverse le nord de l'Italie, la France où sévit la peste puis arrive en Hollande. En chemin, le faux moine rencontre même un philosophe encore jeune et inconnu : « Jeune homme, qui que tu sois, car j'ai deviné que tu cachais ta véritable identité, merci pour ta compagnie. Tu pourras dire que tu as eu le privilège de converser avec René Descartes. Maintenant, adieu, je suis pressé. » (page 43). À Amsterdam où elle ne connaît personne, l'annonce de Cornelis Van Vliet attire son attention et, après plusieurs épreuves, Frère Paolo est embauché à bord de L'Espérance comme confesseur de l'expédition.
Les principaux compagnons de voyage sont Jacob Jungmuller, un jeune paysan allemand enrôlé de force, Alonso Toboso, un nain espagnol poursuivi par l'Inquisition pour sorcellerie, Vasco Tartaruga, le maître d'escrime et second du capitaine, Étienne et Paul Moulinet, deux frères adolescents ayant fui La Rochelle assiégée, Hans Michielzoon, le capitaine du vaisseau, William Greyhound et Francis Glittery, deux jeunes savants anglais qui ont étudié à Cambridge.
L'histoire de Cornelis Van Vliet, enfant abandonné, qui a tout appris, de taverne en taverne, en s'élevant petit à petit est passionnante. Celle de chacun des personnages ou ce qu'ils prétendent être aussi, ainsi que la traversée (moi qui pensait ne pas trop aimer les « romans maritimes »...). Vogue le navire ! Amsterdam, Londres, La Rochelle, Séville : à chaque escale, le lecteur découvre, en même temps que l'équipage, un peu de la ville, ses spécificités, son Art, mais aussi, comme le titre le laisse entendre, la cartographie car chaque pays garde jalousement les informations que ramènent leurs navigateurs à chaque expédition et découverte. Il faut donc ruser, et souvent voler les informations en recopiant rapidement les fragments de cartes existantes. De plus, à Séville, Apollonia va rendre visite à Francisco Pacheco, un peintre, ami de son père, et lui avoue son secret ; ça la réconforte de savoir que quelqu'un comprend ce qui lui est arrivé et approuve sa décision et sa soif d'aventures.
Malgré le peu d'informations recueillies et quelques rebondissements, L'Espérance file vers l'inconnu, à la recherche de nouvelles terres, direction le Pacifique ! Un roman ciblé ados mais qui peut très bien être lu par les adultes tellement il est dense et passionnant !
La suite dans À l'assaut du Pacifique (Le secret des cartographes, tome 2) et plus d'infos sur le site officiel de Sophie Marvaud.