« On ne doit jamais manquer de répéter à tout le monde les belles choses qu'on a lues » Sei Shônagon in « Notes de Chevet ». Lues, mais aussi aimées, vues, entendues, etc.
À ma bibliothèque, j'ai vu ce petit roman dans les nouveautés et j'ai sauté dessus parce que ça se déroule en
Italie et que je peux le présenter dans le Giro in Italia. Je ne
connaissais pas du tout et ce fut une très bonne surprise.
L'Italie si j'y suis est un roman de Philippe Fusaro paru aux éditions La fosse aux ours (pas de site) le 19 août 2010 (175
pages, 16 €, ISBN 978-2-35707-013-4).
Philippe Fusaro est né en 1971 et il est libraire. Sont déjà parus aux éditions La fosse aux ours : Colosse d'argile en 2004 et Palermo solo en 2007.
Le narrateur est Sandro. Il s'appelle Sandro parce que son père aimait ce poète romain d'après-guerre. « J'avais le sentiment d'avoir été touché par la grâce. » mais « Avec le temps, j'ai compris que la grâce n'était pas nette. » (page 11).
Ce soir-là, Sandro rentre chez lui et sa compagne a tout jeté par la fenêtre du 2e étage : ses vêtements, ses disques, ses livres... « Les objets de ma vie sont éparpillés sur le trottoir [...]. » (page 15).
Elle (on ne saura pas son nom, comme si elle n'était pas importante) n'en peut plus, ne sait plus où elle en est, si elle l'aime encore, a besoin de faire le point, patati, patata, et lui laisse Marino, leur fils, pour l'été.
Au même moment, le voisin écoute L'Italie de Christophe. C'est le déclic pour Sandro : il va partir avec Marino, oui, en Italie ! « Tu vas voir, ce sera super, un voyage rien que tous les deux. Entre hommes. » (page 26).
Marino : on ne sait pas son âge mais il doit avoir 8 ou 10 ans. « Marino porte son déguisement de cosmonaute malgré la chaleur. […] Ce costume, mon père l'a rapporté d'un voyage à Moscou et depuis, Marino ne le quitte plus [...]. » (page 24). De plus il discute avec un ami imaginaire qui n'est autre que le cosmonaute Youri Gagarine.
Je me suis dit, c'est quoi ce loser qui porte des chaussures en croco et qui conduit une Alfa Roméo Giuletta Spider ? Mais le récit est super bien écrit, Sandro est vraiment un gars attachant et Marino est mignon comme tout !
« Je vais conduire jusqu'où ? Je ne sais pas.
Je vais conduire jusqu'à l'aube.
Je vais conduite jusqu'à l'épuisement. »
(page 77).
Lyon, tunnel de Fréjus, Turin, Portofino, Lucca, Livourne, Punta Ala, Scandiano, Trieste, Cattolica, Rimini, Ascoli, Piceno, Rome, Naples, Torre del Greco, Vésuve, Positano, Mondello, Palerme, Trapani, Otrante, Sicile... Vous pouvez suivre le périple sur la carte (cliquez dessus).
« Plus nous descendons vers le Sud et moins j'éprouve l'envie de remonter. » (page 100).
« Ma place est ici, en Italie. » (page 103).
Sandro et Marino s'entendent comme larrons en foire et on se demande parfois qui prend soin de l'autre.
Puis, c'est la côte adriatique, Ostuni, Polignono a mare où ils prennent une auto-stoppeuse, Dolores qui veut se rendre à Bari d'où elle prendra le train pour Naples puis le bateau pour Stromboli. La vie de Sandro et de Marino va en être transformée.
C'est l'histoire d'une rupture, d'un voyage et d'une rencontre. Le récit d'une aventure exceptionnelle. D'un été qu'aucun n'oubliera ! Et d'une belle découverte pour moi ! J'ai lu ce roman peu de temps après Rosa candida et je l'ai trouvé encore plus beau, peut-être parce qu'il est plus proche de moi, de mon vécu (je connais un peu l'Italie, mais seulement le nord, Val d'Aoste, Piémont, Lombardie voire un peu plus à l'Est, et j'aimerais bien faire le même voyage qu'eux).
L'Italie si j'y suis est un beau roman que je vous conseille si vous avez envie de passer un bon moment, de rêver et de vous dépayser (eh oui, il n'y a pas toujours besoin d'aller bien loin !).
Et puis, je me demande bien si l'héroïne de ce roman n'est pas l'Italie finalement, car il y a énormément de références
littéraires, musicales, gastronomiques. D'ailleurs, l'auteur cite Pensiero stupendo de Patty Pravo et j'ai voulu écouter ! « E tu, e noi, e lei, fra noi, vorrei, non so, se
lei, ono, le mani, le sue, pensiero stupendo, nasce un poco strisciando, si patrebbe trattare di bisogno d'amore, meglio non dire... » (page 133-134). Ce n'est pas du tout mon style de
musique mais vous pouvez écouter ce titre sur la chaîne officielle de atj72 sur YouTube.
Je présente ce roman pour le Giro in Italia et je me dis que c'est dommage que Nane ait limité à la littérature, le cinéma et la gastronomie. Ce qui est déjà pas mal mais elle n'a pas pensé à la musique (j'aurais bien présenté quelques artistes italiens), la peinture, et d'autres choses qui auraient pu représenter l'Italie (peut-être qu'à la demande générale, Nane va rajouter ?!).