« On ne doit jamais manquer de répéter à tout le monde les belles choses qu'on a lues » Sei Shônagon in « Notes de Chevet ». Lues, mais aussi aimées, vues, entendues, etc.
Les rêves de Milton est une bande dessinée en deux tomes de Frédéric Féjard et Sylvain Ricard au scénario et Maël au dessin et couleurs parue dans la collection Aire Libre de Dupuis (64 pages, 14,50 €, octobre 2005, ISBN 2-8001-3752-5 pour le tome 1 et octobre 2006, ISBN 2-8001-3830-0 pour le tome 2).
1923, en Caroline du Nord, pas très loin de Fayetteville. William, surnommé Billy, a dix ans. Il surprend une dispute entre Baker et son beau-frère qui veut ses terres. Baker tue sauvagement son beau-frère et pour empêcher l'enfant de parler, il le fouette et lui détruit la main droite d'un coup de maillet.
1930, au même endroit. À cause de la crise économique et de la sécheresse, la famille Cry n'arrive plus à survivre. Influencé par son ami Baker, le père, Henry, a accepté de vendre ses terres à Monsieur Gardner et de partir à l'Ouest. La mère, Elen, vend son corps en cachette au même Monsieur Gardner pour ramener un peu de nourriture. À part le nourrisson, leurs enfants sont turbulents et un peu méchants (chat brûlé). L'aîné Milton a l'esprit dérangé et Gary est trop jeune, c'est donc Billy qui, malgré sa main droite brisée, doit constamment aider leur père.
La nuit, il se passe des choses étranges entre les deux frères : Billy chuchote sa haine de certaines personnes à son frère dérangé pour lui faire peur puis Milton fait des rêves. « Tu sais, Billy... Tu sais, ce que tu m'as dit hier à propos de Baker ?... Eh ben, j'ai rêvé que je faisais exactement comme t'avais dit... » (page 31). « [...] Tu crois que j'l'ai vraiment tué ? » (page 32).
Ensuite c'est le grand départ et la route va être jalonnée de meurtres atroces, la femme riche, le Canadien, Angie la fille du Révérend...
Tout accuse Milton qui est simple d'esprit mais vraiment costaud.
Mais des « superflics » venus de Washington enquêtent avec les nouvelles connaissances scientifiques.
Dans cette bande dessinée d'une grande efficacité, où les personnages ont des visages pas très engageants (ou même patibulaires), on voit comment un traumatisme et le ressentiment assortis à la pauvreté et à la méchanceté peuvent transformer un être humain en démon... Et ça fait froid dans le dos parce que le tueur génère beaucoup moins de sympathie que celui de Je mourrai pas gibier !