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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 23:47

Requiem pour une révolution est un roman de Robert Littell paru aux éditions BakerStreet en mars 2014 (503 pages, 21 €, ISBN 978-2-917559-40-6). The Revolutionist (1988) est traduit de l'américain par Julien Deleuze.

 

Je remercie Virginie et les éditions BakerStreet (spécialisées en littérature américaine et anglaise) pour ce très beau roman, déjà paru en 1989 aux éditions Julliard sous le titre Les larmes des choses.

 

Robert Littell est né le 8 janvier 1935 à New York dans une famille juive originaire de Lithuanie. Il est journaliste et auteur de romans (en particulier espionnage comme La Compagnie, sur la CIA). Il vit entre les États-Unis et la France. Son fils, Jonathan Littell, est l'auteur de Les bienveillantes paru en 2006.

 

New York, mars 1911. Alexander Til, jeune ouvrier de l'habillement âgé de 17 ans, perd son père et son frère aîné dans l'incendie de l'immeuble Asch. Cent quarante quatre victimes ont péri dans cet immeuble de dix étages...

« Quelque chose se cassa en Alexander, comme une montre au ressort trop remonté ; il cessa de parler, de penser, de sentir. » (page 14).

Des semaines après le fatidique événement, Alexander reprend vie en annonçant à son demi-frère, Léon, qu'il veut se battre pour la Justice parce que le système crée des inégalités.

« C'est à ce moment précis de sa vie qu'Alexander commença à se considérer comme un révolutionnaire. » (page 15).

New York, 1917. Deux agent du FBI, dont un bleu d'une vingtaine d'années qui s'appelle Hoover, cherchent Alexander Til, un Blanc d'origine juive russe naturalisé Américain, pour piquets de grève illégaux et réunions illicites.

« De notre point de vue, dit Hoover, ce Til est un dangereux idéaliste. […] Mais votre point de vue est erroné. Dans les États-Unis d'Amérique, l'idéalisme n'est pas encore un crime. » (page 19).

À cette période, Alexander rencontre Trotski et Boukharine qui habitent le Bronx et il décide de retourner en Russie pour faire la Révolution.

« Il était destiné à retourner là-bas ! Il fallait qu'il y retourne ! Il y retournerait ! » (page 57).

Quant à Léon, le frère et ami, il choisit une autre voie, celle d'Israël mais « Léon l'avait averti que la Russie lui briserait le cœur, et elle l'avait fait. » (page 280).

 

J'ai été un peu surprise que le roman – sous-titré Le grand roman de la Révolution russe – commence aux États-Unis mais tout se tient et, bien vite, le personnage principal, Alexander Til (renommé Zander), sera en Russie et fréquentera les révolutionnaires et les intellectuels du Parti : Staline, Lénine, Skriabine, Maïakovski, Pasternak, Molotov, Zinoviev... et quelques années plus tard même Khroutchev jeune. Toute la révolution russe est passée au crible, c'est incroyable, quelle érudition dans ce récit, aussi bien qu'un bon document ! C'est parce qu'Alexander est en haut, parmi les décideurs. Mais la motivation des révolutionnaires côtoie leur ambition, la folie et les plus sombres desseins de cette révolution qui, « au nom du peuple », fit le contraire de ce qu'elle voulait faire...

 

« Les masses obscures savent ce que c'est que la terre, déclara Trotski d'une voix retentissante. Nous leur donnerons de la terre ! Elles savent ce que c'est que le pain. Nous leur donnerons du pain ! » Il paraissait s'étouffer d'émotion. « Elles savent ce que c'est que la paix. Nous leur donnerons la paix ! » Il se tourna vers le reste du groupe et leva de façon théâtrale les bras en l'air. « Nous assistons au début de la seconde Révolution russe. Espérons que beaucoup d'entre nous […] y participeront. » (page 46).

 

Certains se doutaient bien – et pas seulement les détracteurs – que le Parti et le Comité Central engendreraient un dictateur et qu'il y aurait des répercussions sur l'économie, l'art et la liberté des citoyens. Mais l'idéal semblait si beau...

« Quand nous serons au pouvoir, dit Lénine, nous abolirons toutes les frontières. Les gens seront libres d'aller et venir à volonté. Trotski parle toujours des États-Unis d'Europe. Pourquoi pas ? » (page 155).

Ces révolutionnaires se sont-ils menti à eux-même dès le début ou ont-il vraiment cru aux bienfaits d'une telle révolution meurtrière ?

« Les idéalistes ne survivront qu'un peu plus longtemps que les poètes » (Rhonza, page 210).

Car dès leur arrivée au pouvoir, après un bain de sang, les Bolcheviks transfèrent la capitale à Moscou, au Kremlin, s'arrogent des privilèges et mettent en place une surveillance accrue, de tous y compris des membres influents. Lénine a promis de faire disparaître l'armée, la police, la bureaucratie mais il n'en fait rien ; au contraire, dès son arrivée au pouvoir, il crée une police secrète, la Tcheka.

 

En tout cas, la guerre fratricide entre Russes blancs et Russes rouges et la mort du tsar et de sa famille se jouent à si peu de choses, c'est le destin, « nitchevo » ! Et le lecteur va vivre l'horreur de cette grande Russie, de Moscou à Perm en passant par Ekaterinbourg.

« La folie avait une méthode. Les gens qui échappaient à la purge se reprochaient des trahisons imaginaires et retournaient au travail plus ardents qu'auparavant pour cacher leur sentiment de culpabilité. » (page 328).

 

J'ai noté de nombreux extraits durant ma lecture mais je ne peux malheureusement pas tous les publier ici. Alors, que vous aimiez la Russie ou pas, que vous sachiez déjà des choses sur la révolution soviétique ou pas, je vous conseille fortement la lecture de ce grand roman dans lequel vous côtoierez les bolcheviks, les koulaks, les mencheviks, le Politburo, le Soviet, et avec lequel vous comprendrez tout sur la collectivisation, la grande purge, la déportation des Juifs au Birobidjan dans les années 50, la Tass, le Guépéou, le NKVD, etc. Et surtout, vous rencontrerez le peuple russe, ce peuple que les révolutionnaires qualifient de « masse obscure », ce peuple pris en otage dans une révolution qu'il n'a pas demandée et qui le dépasse, mais au nom duquel (comme d'autres au nom de Dieu) certains décident de tout même du pire !

 

Mes deux passages préférés

« Le crâne du poète vint heurter le mur de pierre. Des éclairs de lumière passèrent devant ses yeux et il crut un instant que la pièce avait explosé. La souffrance était intense... submergeait la pensée... son cerveau ne produisait plus d'idées... pas assez d'air... tout était vide... la douleur diminuait... il lui faudrait émigrer... les poètes étaient devenus des émigrés intérieurs... ils erraient dans le labyrinthe de la littérature, où le pouvoir soviétique ne pouvait pas les suivre... Pouchkine l'y attendait quelque part... Pouchkine le protégerait... » (page 348).

« Nous avions de si grands espoirs, Léon. Nous allions libérer les travailleurs et créer une société où les gens pourraient vivre sans entraves. Tu ne sais pas comment c'était juste après la révolution. Des balayeurs et des secrétaires siégeaient en conseil des ministres. N'importe qui pouvait donner son opinion et critiquer celle d'autrui. Tout était possible. Il n'y avait pas de limite. » (page 460).

 

Une lecture très enrichissante que je mets dans les challenges

Le mélange des genres (roman historique)

et Mois américain-Challenge US.

 

 

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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 03:43

Je profite des vacances pour faire un peu de rangement dans mes piles à lire qui menacent de tomber ! Je veux vous parler de livres que j'ai reçus et que je n'ai pas lus ou pas terminés. Cela ne veut pas dire que ces livres sont sans intérêt ou médiocres. Les deux d'aujourd'hui sont publiés aux éditions du Rocher et cet article permet de les présenter quand même un minimum.

 

 

Les As de l'Atlantique Nord est un document d'Albéric de Palmaert paru aux éditions du Rocher dans la collection Grands destins en novembre 2010 (305 pages, 17,90 €, ISBN 978-2-268-07023-0).

Céline m'avait envoyé ce livre sans que je ne le demande et que je ne l'accepte. Je l'ai gardé presque trois ans en me disant qu'il devait être intéressant et que je le lirais un jour.

Il raconte qu'avant l'Américain Charles Lindbergh (1927), deux aviateurs britanniques, John Alcock (Anglais) et Arthur Whitten Brown (Écossais), ont traversé en avion l'Atlantique Nord sans escale : du 14 au 15 juin 1919.

Alors oui, je pense que cette histoire est sûrement captivante mais je n'aurai ni le temps ni la motivation pour la lire... Je préfère donner ce livre à qui il sera utile.

 

 

Ma vie pour la France est le dernier livre de Marcel Bigeard paru aux éditions du Rocher dans la collection Documents en septembre 2010 (512 pages, 24,40 €, ISBN 978-2-268-06435-2).

Comme j'avais lu Mon dernier round en 2009 et que j'avais été surprise par l'honnêteté et la sincérité de l'auteur, Céline m'a demandé par mail si je voulais recevoir ce livre posthume.

J'ai dit oui en pensant vraiment le lire mais j'ai commencé à recevoir beaucoup de livres, surtout avec la rentrée littéraire, et j'ai vu que c'était un pavé alors il a traîné lui aussi depuis trois ans...

Je suis désolée de ne pas avoir rempli ma mission de lecture et de note de lecture. Peut-être le lirai-je un jour ? Mais en tout cas, pas cet été !

 

Il y a d'autres livres que je n'ai pas lus ou pas terminés, je vous en toucherai quelques mots une prochaine fois.

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 05:33

RevesdeLiberte.jpgRêves de liberté est un roman de Kim Soyeon paru aux éditions Flammarion/Romans Chan-ok dans la collection Matin calme le 25 août 2010 (188 pages, 10,90 €, ISBN 978-2-916899-42-8). Myeong-hye (2007) est traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel.

 

Kim Soyeon est née en 1972 à Séoul (Corée du Sud) et Rêves de liberté est son premier roman.

 

Hiver 1916. Myeong-hye a 13 ans et ses parents, madame Ahn et le seigneur Song, sont des nobles, des riches propriétaires de la région de Suwon. Avec sa jeune sœur, Myeong-seon, elle se rend en palanquin au mariage d'une cousine. Myeong-hye qui assiste à son premier mariage est surprise par certaines coutumes. « On lui a fermé les yeux et les oreilles, on l'empêche de parler et de rire, et c'est le plus beau jour de sa vie ? » (page 21). Et elle ne supporte plus qu'on parle d'un éventuel mariage pour elle : elle veut étudier ! Elle veut aller à l'école pour filles de Séoul car elle trouve « le sort des femmes inacceptable. » (page 43).

Mais la période est difficile : les Japonais occupent la Corée. D'ailleurs, le frère aîné de Myeong-hye et de Myeong-seon étudie à Tokyo. Heureusement il a pu venir pour le mariage de leur cousine et il convainc le seigneur Song d'envoyer les filles à l'école secondaire à Séoul.

Myeong-hye est folle de joie : « Bientôt, moi aussi, je serai une étudiante moderne, capable de discuter de tout, comme mon grand frère. » (page 60).

À Séoul, à l'école Kyeongui, elle se fait une amie du même âge qu'elle, Baek Nak-kyeong, une fille de pasteur, originaire du village de Yeonbaek.

Les filles apprennent le coréen, le chinois et la couture en langue coréenne mais tous les autres cours sont donnés en anglais.

Myeong-hye est douée et va aider en qualité d'interprète à l'hôpital des femmes de la Porte de l'Est.

« Les temps ont changé ! C'est absurde de rester esclaves de traditions qui n'ont plus aucun sens aujourd'hui. » (page 113).

 

Ce roman destiné aux ados est idéal pour découvrir la Corée du début du XXe siècle et comprendre son évolution (les « deux » Corée ne sont pas encore séparées). Ce qui m'a plu, c'est cette volonté de liberté de la part de ces jeunes filles, cette volonté d'apprendre, pas pour entrer bêtement en conflit contre leurs parents mais dans le but de faire autre chose de leur vie que se marier et avoir des enfants sans aucune autre alternative. Et puis il y avait toutes ces choses nouvelles qui arrivaient du lointain Occident : l'électricité, le chemin de fer, les horloges... Myeong-hye voudra finalement étudier la médecine comme le Docteur Teresa Shin qui a été une des premières étudiantes coréennes aux États-Unis. Rêves de liberté replace aussi les personnages dans le contexte social et politique de l'époque avec l'occupation japonaise de plus en plus répressive, et les rêves de liberté d'une jeunesse étudiante pour libérer le pays de l'assujettissement, rêves qui ont mené au sanglant jour de l'indépendance le 1er mars 1919.

Si vous vous intéressez à l'histoire de la Corée et à la liberté des femmes, je vous conseille vivement ce roman très instructif.

 

Je place bien sûr ce roman dans les challenges Dragon 2012 et Cartable et tableau noir mais aussi Tour du monde en 8 ans, Premier roman et  Jeunesse & young adults # 2.

ChallengeDragonFeu Cartable-et-tableau-noir
TourMonde8ans PremierRoman1 Jeunesse2012-13

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 05:14

SingeHartlepool.jpgLe singe de Hartlepool est une bande dessinée de Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau parue aux éditions Delcourt dans la collection Mirages en septembre 2012 (96 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-7560-2812-5).

 

Wilfrid Lupano, né le 26 septembre 1971 à Nantes, est le scénariste. Il a étudié la philosophie et l'anglais à la Sorbonne. Il est fan de jeux de rôle et tient un bar à Toulouse, Le Filochard.

Plus d'infos sur http://www.wilfridlupano.blogspot.fr/.

 

Jérémie Moreau est le dessinateur. Il est issu de l'animation et Le singe de Hartlepool est sa première bande dessinée.

Plus d'infos sur http://mor-row.blogspot.fr/.

 

1814, au large des côtes anglaises, plus précisément de Hartlepool au centre de l'Angleterre.

Un ancien marchand d'esclaves devenu militaire (capitaine) : « D'un côté, il y a nous, LA FRANCE. Et de l'autre, il y a l'ennemi. J'aime cette vision franche des choses » (page 5), a amené à bord du navire de la flotte napoléonienne un singe. Le chimpanzé, appelé Nelson, a été habillé comme un soldat français et amuse l'équipage : « Haha !!! On jurerait qu'il est humain, non ? Il ne lui manque que la p... » (page 5).

Au moment où le capitaine fait jeter un mousse à la mer car il fredonnait une chanson anglaise en nettoyant le pont, un éclair fend le bateau qui coule.

Sur la plage, deux survivants. Le mousse, Philip, retrouvé par Charly le fils d'un médecin réfugié à l'auberge à cause de la tempête, et qui se garde bien de dire qu'il est naufragé. Et le singe, Nelson, que les villageois prennent pour un Français puisqu'il porte l'uniforme français :

« Oooh, tu peux brailler, Frenchy. On ne comprend rien à ce que tu dis...

C'est tout de même très moche, cette langue. Je ne comprends pas comment certains peuvent trouver ça romantique.

Sûr. C'est agressif à l'oreille. Et nasillard, avec ça. » (page 28).

Un espion a donc été capturé, c'est l'effervescence à Hartlepool ! Mais est-ce bien un Français ? C'est que personne n'en a jamais vu ! Mais oui, c'est un Français, c'est certain : les Français sont très laids, ils ont le corps « couvert de poils rêches et graisseux » (page 38), ils sont petits (tout le monde sait que Napoléon est un nain) et ils puent !

Une partie des villageois veut pendre le prisonnier tout de suite, une autre partie veut le faire parler afin que Hartlepool devienne « le village qui, par sa vigilance, a sauvé la couronne d'Angleterre de l'ignoble plan d'invasion des Français », bref « le village des héros » (page 41).

Mélody, une fillette élevée par son grand-père cul-de-jatte, émet l'hypothèse que le prisonnier puisse être un singe (bizarrement, j'avais écrit « un sage », j'ai corrigé en me relisant) mais tous se moquent d'elle.

Pendant que, dans sa cage, Nelson rêve de sa jungle, de la famille à laquelle il a été arraché, de l'affection qu'il a quand même reçue et des jeux sur le bateau, les habitants préparent le procès en vue de pendre l'ennemi.

 

Cette histoire est une légende mais il doit bien y avoir un fond de vérité puisque les habitants de Hartlepool sont appelés les monkey hangers, les pendeurs de singe, ou les chimp chockers, les étrangleurs de chimpanzé. De plus, en août 2012, un chimpanzé empaillé avec des lésions au cou a été retrouvé dans le cabinet de curiosité de Douglas F. Blackmore.

C'est plus que triste... C'est tragique. La bêtise et la cruauté des humains font pitié.

Je n'avais pas deviné qui sont le médecin et son fils !

Au début, j'ai eu un peu de mal avec les dessins, peut-être parce que les traits sont exagérés sur pas mal de personnages, mais je m'y suis habituée et l'histoire vaut tellement le coup d'être lue ! Sous des apparences drôles, c'est en fait sombre, et ça fait même froid dans le dos : c'est une farce, une farce qui se termine mal... Mais « justice » a été rendue, n'est-ce pas ?

Il est possible de lire les 8 premières planches sur BD Gest'. Et si ces pages vous plaisent, lisez absolument cette bande dessinée !

 

Pour les challenges Cent pages, Naufragés, Animaux du monde et Totem pour le singe.

DefiCentPages ChallengeNaufrages6 ChallengeAnimaux TotemChallenge

 

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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 04:38

CouventReine1.jpgL'aile des princes est un roman de Lova Pourrier, le premier tome de la série Le couvent de la reine. Il est paru aux éditions Éveil & Découvertes dans la collection Vendredi soir en novembre 2010 (203 pages, 15 €, ISBN 978-2-35366-057-5). Quelques illustrations en noir et blanc d'Alice Dufeu.

 

Lova Pourrier est née en 1980 à Madagascar et a grandi au Sénégal puis en France où elle vit actuellement. Elle a déjà écrit une biographie de Marie-Antoinette, Le destin d'une couronne (Pierre Téqui, 2009) et quelques pièces de théâtre (non publiées) mais L'aile des princes est son premier roman. Plus d'infos sur son site, La Chambre d'Ambre, et sur son blog, Fenêtre sur la Cour de Marbre.

 

Alice Dufeu est née le 7 septembre 1987 en Bretagne. Elle a étudié à l'école Pivaut et elle est illustratrice.

 

Janvier 1777.

Laure du Fresnoy, 15 ans, est acceptée au couvent de la reine : « une maison d'éducation pour les filles d'officiers attachés au service de la famille royale. » (pages 5-6).

Elle est triste de quitter sa famille mais fière et heureuse. « Elle voulait réussir son éducation, que ses parents fussent fiers d'elle et faire honneur à la chance qui lui était accordée d'intégrer cette maison royale. » (page 7).

Dès son arrivée, Laure se fait deux amies, Élisée de Blois Rubentel, belle et fière, et Louison d'Élbée La Grand-Maison, intelligente et modeste.

Mais la vie en communauté n'est pas toujours facile et les religieuses sont « dévotes, rigides et austères » (page 16) surtout avec les filles aux idées progressistes ! « Notre siècle bouillonne. Avec les philosophes, de nouvelles idées émergent. Je pressens de grands bouleversements à venir. Un jour, les femmes écriront et exerceront des métiers d'hommes. » (page 41).

Grâce à leur poésie « L'aile des princes », les adolescentes gagnent un concours et sont invitées au bal de la Dauphine, Marie-Antoinette.

Elles passent une excellente soirée et rencontrent François de La Borde Velly (frère des jumelles Agathe et Mathilde, les pestes du couvent) et Edward de La Haye : ils ont 16 ans et demi et sont tous deux pages de la Petite Écurie du roi.

Ils se retrouvent mêlés à la disparition d'Anne-Félicité de Tournois, 19 ans, qui s'est enfuie avec Jean-Baptiste d'Orillac pour l'Amérique, en laissant un médaillon à Laure.

« Malgré la fatigue et les conditions déplorables de ce souper, jamais Laure ne se sentit aussi bien que cette nuit-là. Elle était avec ses meilleures amies et deux garçons honnêtes. Ils partageaient une aventure exceptionnelle, unis par une cause commune. » (page 144).

 

L'aile des princes est un agréable roman à la fois historique et d'aventures. Il permet de découvrir la vie des jeunes gens dans cette deuxième moitié du 18e siècle (éducation, étiquette...), les prémices des idées nouvelles (philosophie...) mais aussi l'amitié et l'amour.

Lova Pourrier connaît vraiment bien ce 18e siècle, on sent qu'elle l'aime, qu'elle l'apprécie et qu'elle veut partager avec le lecteur. Ainsi ce roman est à la fois instructif et divertissant, l'idéal pour les jeunes lecteurs (et les adultes aussi).

À noter que le couvent de la reine est un couvent d'Augustines fondé en 1773 et situé dans le Parc de Clagny près de Versailles.

Le tome 2, Le bal du Palais-Royal, est paru en janvier 2012. La couverture est toujours aussi belle. Il faut que je me le procure !

 

Une lecture pour les challenges Premier roman, Vivent nos régions (pour l'Île de France au 18e siècle) et Littérature jeunesse & young adults (qui se termine le 20 septembre).

PremierRoman1 RegionsChallenge2 JeunesseYoungAdults

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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 05:26

Allee7Rangee38.gifAllée 7, rangée 38 est un roman de Sophie Schulze paru aux éditions Léo Scheer en août 2011 (92 pages, 16 €, ISBN 978-2-756103327).

 

Sophie Schulze, née en France, a vécu des années à l'étranger. Allée 7, rangée 38 est son premier roman.

 

Plutôt que de vous faire un résumé « classique » de ce roman « étrange », je voudrais partager avec vous ces extraits et mes réflexions.

 

À Oldenbourg, près de Königsberg, en Prusse orientale (avant la 2e guerre mondiale). Des touristes visitent la maison d'Emmanuel Kant puis vont manger dans un restaurant au bord de la Mer baltique.

« Franziska naît dans cette Allemagne-là. À Oldenbourg. En 1883. » (page 6). « Franziska est une fille simple, la fille aînée du tavernier. Elle sait à peine lire et écrire. Elle a d'autres soucis. Le temps approche où elle devra se marier. » (page 10). Elle a 17 ans et son père veut qu'elle épouse Günther, le fils d'un riche fermier, mais elle aime Karl, un jeune pêcheur.

Pendant ce-temps-là, Nietschze meurt complètement fou et sa sœur s'attelle à son œuvre.

Après avoir épousé Franziska, Günther se rend compte qu'elle est déjà enceinte. « Günther découvre le pot aux roses le soir de ses noces. La colère et la honte l'accablent. [...] Les jours suivants, il reste seul, emmuré dans la torpeur de l'événement. Il ne peut divorcer, les liens contractés sont sacrés. [...] Il doit reconnaître l'enfant, il doit faire comme s'il était de lui. Mais il ne pardonnera pas. Jamais. Dans son cœur, cet enfant ne sera jamais le sien. » (page 14).

« Walter, l'enfant illégitime, grandit dans la colère de son père. Il n'a droit à aucune marque d'affection. Il ne connaît que les mots durs, les ordres, les coups de pied, les gifles et les tâches serviles. Toutes ses forces sont employées à sa survie. Un frère naît. Puis une sœur. Les parents de Walter sont tout à ces nouveaux venus. Walter est tenu à l'écart. » (page 15).

Après avoir tué son jeune (demi-)frère dans un accident, Walter est chassé de la ferme. Il fuit à Berlin puis à Strasbourg et s'engage en 1919 dans la Légion étrangère. « Il apprécie la vie du camp. La camaraderie qui y règne est simple. Personne ne cherche non plus à connaître son passé. » (page 24).

À la même époque, Heidegger, l'assistant d'Edmund Husserl, devient professeur. « Hannah Arendt est l'élève de Heidegger à Marbourg. Elle a vingt ans. » (page 25).

« La situation politique est tendue. Les communistes sont sous l'influence de l'Union soviétique. Ils tiennent une ligne dure, sans compromis. Cette inflexibilité fait gagner chaque jour des suffrages à l'extrême droite. » (page 36).

« 1932. Walter est naturalisé. Il se rend alors compte qu'il peut sortir de la cité minière de Wittelsheim sans courir le risque d'être arrêté. Il n'a plus besoin de se cacher comme un immigré sans papiers. Il est un Français comme les autres. » (page 37).

Durant la fête du 14 juillet, Walter – qui travaille à la mine de potasse à Wittelsheim en Alsace – rencontre Alice et en tombe amoureux. Il va progresser en français, devenir chef d'équipe, se marier, etc.

 

Ce roman que j'ai trouvé agréable à lire mais décousu contient beaucoup de personnages et saute du coq à l'âne (ça a un certain charme). Pourtant il n'est pas dénué d'intérêt : à travers l'histoire d'une vie (celle de Walter), c'est le le XXe siècle qu'il raconte. Et puis, en parallèle de cette vie, représentative de la vie de beaucoup d'autres, Sophie Schulze mêle habilement les relations entre politique et philosophie, et transcende son roman en une sorte de réflexion naturelle sur le régime totalitaire. Voici un extrait pour que vous vous rendiez compte par vous-même.

« Alice accouche. Seule. Elle ne sait pas où est son mari, ni même s'il est encore en vie. Elle n'a que cet enfant, qui lui réclame son lait. Alice est affaiblie. Mais l'enfant, lui, est en bonne santé.

Hannah arrive à New York. Elle n'a pas d'argent ni de papiers. Elle ne connaît personne. Elle parle très mal anglais. Il lui faut repartir de zéro. Elle commence par chercher du travail. » (page 53).

 

La phrase à méditer. Elle est de Hannah Arendt.

« Le sujet idéal du régime totalitaire n'est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais l'homme pour qui la distinction entre fait et fiction (c'est-à-dire la réalité de l'expérience) et la distinction entre vrai et faux (c'est-à-dire les normes de la pensée) n'existent plus. » (page 66).

 

 

Une lecture pour les challenges 1 % de la rentrée littéraire 2011, Premier roman, Cent pages et Vivent nos régions (car si la première partie se passe en Allemagne, la deuxième se déroule en Alsace et y raconte bien la vie à cette époque).

 

Je remercie Alphalire car j'ai lu ce roman en numérique sur leur site.

1pourcent2011 PremierRoman1
DefiCentPages RegionsChallenge2 ClubLN

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 07:15

Maison4Vents.jpgLa maison des Quatre-Vents est un roman de Colette Vivier paru aux éditions Casterman en mars 2012 dans la collection Les indispensables (240 pages, 13 €, ISBN 978-2-203-04844-7). Les illustrations sont de Serge Bloch.

 

Colette Vivier est née en 1898. Elle a été auteur pour la jeunesse dans les années 30 (La maison des petits bonheurs fut un grand succès et obtint le Prix Jeunesse en 1939), puis ce fut la guerre, elle a fait de la résistance avec son mari, Jean Duval, épousé en 1925 et dont elle a eu un fils. Après la guerre, elle a repris ses activités d'écriture et a publié La maison des Quatre-Vents, un roman inspiré de son expérience. Cette grande figure de la littérature jeunesse du XXe siècle est décédée en 1979.

 

Serge Bloch est né le 18 juin 1956 à Colmar (Alsace). Il a étudié à l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et est devenu illustrateur. Plus d'infos sur le site http://www.sergebloch.net/ et sur le blog http://www.sergebloch.net/blog/.

 

Paris, automne 1943. La famille Sellier vit au 24 rue des Quatre-Vents. Le père est prisonnier dans un camp en Allemagne depuis 1940 et, de temps en temps, il envoie une lettre. La mère survit avec ses trois enfants, Michel, Norette, Fanfan et s'occupe de la petite voisine, Solange Couture, car elle est orpheline et son frère aîné, Alain, est entré en résistance.

Dans l'immeuble, il y a aussi Madame Queline (la concierge, dont le fils unique est soldat), Monsieur et Madame Moscot et leur fils, Georges (en fait Moskowitz, des juifs qui se cachent sous un faux nom), les demoiselles Minet (deux sœurs qui sont vieilles filles), Mademoiselle Alice, Monsieur Jean (un peu froussard), le père Lampion et aussi les Gourre et leurs deux fils, Stéphane et Louis (des collabos).

Michel a 12 ans et il cache une boîte de petit imprimeur car avec ses copains (Barroux, Ménard, Moscot, Mourette, Ruche), ils ont créé une ligue pour résister aux Allemands, les Pirates de la résistance, grande ligue française pour la liberté, et impriment des tracts qu'ils distribuent dans les boîtes aux lettres.

La vie est rythmée par le quotidien, la recherche de nourriture, l'écoute de Radio Londres et les alertes durant lesquelles il faut se réfugier à la cave.

 

Quelques extraits

« Ils avaient beau être « occupés », personne ne pouvait les empêcher de penser ce qu'ils voulaient, et est-ce que ce n'était pas cela, être libre ? » (page 44).

« Parce que je suis juif, dit Georges amèrement, parce qu'il paraît que c'est défendu d'être juif ! Et pourtant, reprit-il avec violence, est-ce que je n'ai pas des bras et des jambes comme les autres ? Est-ce que je ne vais pas à l'école comme toi ? Est-ce que je ne travaille pas bien ? » (page 74).

« Elle resta ainsi, immobile, pensive, jusqu'au moment où la petite flamme s'évanouit enfin. Alors elle se redressa sans bruit et, après avoir jeté un dernier regard sur l'arbre endormi, elle alla se coucher à son tour. » (page 111).

« Bah ! répondit Mme Sellier en s'efforçant de sourire, est-ce que vous n'en feriez pas autant pour moi ? » (page 178).

 

Je remercie Brigitte et les éditions Casterman de m'avoir envoyé ce classique de la littérature jeunesse paru après-guerre et constamment réédité depuis 1946 (je ne le connaissais pourtant pas !).

Cette nouvelle édition est une réussite : le livre a une couverture moderne (certains penseront trop patriotique avec le drapeau bleu-blanc-rouge mais le patriotisme est très présent dans le récit de ces adultes et enfants qui subissent l'occupation et qui, désirant la liberté, se battent pour leur pays), il est broché et possède un signet vert qui se marie bien avec la couverture orange.

À noter que le texte est celui de 1991, « revu et corrigé par André Duval, le fils de l'auteur ».

Bien que je ne sois pas fan des dessins de Serge Bloch (c'est quoi, ces nez ?), c'est agréable que le roman soit illustré.

Le quotidien, la difficulté de vivre sans le soutien de famille (beaucoup d'hommes étaient prisonniers), la peur des Allemands et des bombardements (y compris alliés), les alertes nocturnes qui empêchent de dormir mais renforcent l'amitié et la solidarité entre les voisins (enfin... pas tous !), le manque de nourriture et peut-être aussi de distractions (on est à Paris après tout), les familles qui se cachent mais d'autres qui disparaissent et qu'on ne revoit jamais, Drancy et les déportations, la Résistance (Michel risque sa vie et met en danger sa famille en servant de messager à Alain et Daniel dont il fera son héros), tout cela est spécifique de la France à cette période difficile, jusqu'à la libération, l'arrivée des chars Leclerc et la débandade des soldats allemands.

La maison des Quatre-Vents est représentative des Français de ces années 40 et les quatre vents sont comme quatre comportements différents : il y a ceux qui sont fragiles et qu'il faut protéger (les enfants, Solange, Fanfan, et ceux qui doivent cacher leur judéité, la famille Moscot), ceux qui continuent de vivre mais qui n'en pensent pas moins et qui sont prêts à aider s'ils le peuvent (la majorité des gens), ceux qui se battent pour leur famille (Madame Sellier) ou pour leur pays (Alain, Michel) et ceux qui collaborent car ils ont préféré pactiser avec les Allemands (la famille Gourre). Mais personne n'est indifférent, y compris les plus jeunes, tout le monde sait ce que signifie la guerre et l'occupation et même la résistance même si on n'en parle pas avec n'importe qui, et tous se tiennent au courant de l'avancée des troupes qu'elles soient allemandes, russes, anglaises et américaines grâce à Radio Londres.

En fait, ce récit est vraiment très complet et j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre la vie de ces Parisiens en 1943 et 1944.

 

ParisJet'aime Une lecture qui entre dans les challenges Paris, je t'aime (ça faisait un bout de temps que je n'avais rien mis dans ce challenge !) et Littérature jeunesse & young adults. JeunesseYoungAdults

 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 02:21

NuitLoupVert.jpgLa nuit du loup vert est un roman de Viviane Moore paru aux éditions Flammarion Jeunesse en janvier 2012 (224 pages, 5,50 €, ISBN 978-2-0812-2983-9).

 

Je remercie Brigitte et les éditions Flammarion Jeunesse pour ce roman.

 

Viviane Moore est née en 1960 à Hong Kong. Photographe, journaliste et romancière, elle est spécialiste du Moyen-Âge. Parmi ses séries : Galéran de Lesneven, Trilogie celte, Trilogie japonaise (Le Masque) et Tancrède le Normand (10/18). Plus d'infos sur http://www.vivianemoore.com/.

 

Juin 1151, abbaye de Jumièges, en « Terre gémétique » (Normandie).

Le camérier Héribert est retrouvé mort, il a été mutilé. Plus tard, un troupeau de vaches est décimé.

Au château, à côté, Héloïse se prépare pour la nuit du loup vert. Mais son frère aîné, Renaud, a disparu. Depuis la mort de leur père, il est sa seule famille.

Gautier de Beaumont, seigneur de Meulan, ami de Renaud, à qui elle est fiancée, l'aidera-t-il à retrouver le jeune homme ?

« Ce soir, on fêterait le loup vert et, comme d'habitude, l'étrange cérémonie libérerait les démons enfouis en chacun. » (page 21).

Le chevalier Raoul et son écuyer Michel de Gallardon accompagné de son hermine apprivoisée, Maiole, se rendent à l'abbaye. Ils y retrouvent le frère Augustin qui est en fait le frère du chevalier.

Ils vont être confrontés au loup vert, aux bêtes griffues.

« Il y avait tant de légendes autour des loups, à commencer par celle de la métamorphose d'hommes en loup-garou, les nuits de pleine lune... » (page 76).

 

Ce roman jeunesse est bien agréable à lire, c'est un mélange de roman historique, policier et fantastique.

Il permet aux jeunes ados de découvrir le Moyen-Âge, la vie dans une abbaye et les légendes sur les loups-garous.

En fin de volume, il y a de courtes mais intéressantes annexes sur l'abbaye de Jumièges (fondée par Saint-Philibert en 654), la rage (je ne savais pas que ce mot provenait du sanskrit rhabas : faire violence !) et un lexique (vocabulaire médiéval, mesures, heures).

 

La nuit du loup vert est le deuxième tome des Aventures de Michel de Gallardon. Je n'ai pas lu le premier tome, Le seigneur sans visage, dans lequel Michel de Gallardon commence son apprentissage de chevalier au Château de la Roche-Guyon. Mais je pense que les titres peuvent se lire indépendamment les uns des autres et j'espère qu'il y aura d'autres aventures car Michel de Gallardon a « encore bien du chemin à parcourir avant de devenir chevalier. » (page 145) !

 

Trois challenges pour ce roman : 10e livre pour le challenge Animaux du monde de Sharon, 7e pour le challenge Littérature jeunesse & young adults, et 6e pour le challenge Moyen-Âge de Hérisson.

ChallengeAnimaux JeunesseYoungAdults MoyenAge1Herisson

 

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 22:38

LutteMajeure.jpgLutte majeure est une bande dessinée de Céka et Borris parue aux éditions Casterman dans la collection KSTR en février 2010 (102 pages, 15 €, ISBN 978-2-203-00942-4).

Céka est né le 16 avril 1965. Il a travaillé dans la publicité après avoir décroché un diplôme en communication puis s'est orienté vers la bande dessinée. Il est scénariste.
Plus d'infos sur http://cekabd.jimdo.com/.

Borris est diplômé en Arts plastiques. Il est illustrateur (presse, édition, communication) et Lutte majeure est sa première bande dessinée.
Plus d'infos sur http://jolyerard.canalblog.com/.

25 septembre 2006. Dans la grande salle de la Philharmonie de Saint-Pétersbourg, est jouée la 7e symphonie de Léningrad en ut majeur, en hommage à Dimitri Chostakovitch et aux victimes du Grand Siège.
Mars 1942, le siège de Léningrad. Le Général Belyski a demandé à Staline des renforts, des munitions, de la nourriture... Et Staline a envoyé un commando dont le seul survivant est le Caporal Vlakov qui livre... une partition de musique !
Cette symphonie, dédiée à la ville du compositeur, doit être jouée le 9 août 1942, jour où Hitler a décidé d'envahir Léningrad.
« Ce jour-là, un orchestre symphonique avait défié la plus terrible des armées. » (page 100).

Les bombardements, les rationnements et aussi le musée de L'Hermitage, les œuvres mises à l'abri, le patriotisme. La Russie n'a pas voulu plier devant le nazisme et la musique a revigoré toute une population et une armée affaiblies par un si long siège.
« Montre tes couleurs, cité de pierre, et reste inébranlable, comme la Russie. » (page 71).
Afin de donner une âme à tout ça, on s'attache plus particulièrement à la jeune Irina, une des musiciennes (hautbois), qui vit avec sa mère, Ludmilla Lipitch, veuve et malade.
Un détail qui a son importance : les personnages sont représentés avec des têtes de cochons (ça m'a fait penser aux animaux dans La bête est morte ! de Calvo ou Maus d'Art Spiegelman).
Encore une fois, la petite histoire dans la grande histoire, avec un épisode russe très agréable à lire.

AnneeRussie2011Avant la fin de l'année, je voulais présenter un dernier article pour Une année en Russie – 2011 et remercier Pimpi qui gère ce challenge depuis deux ans (son récapitulatif des billets des participants est ici). J'ai plusieurs auteurs russes dans ma bibliothèque et – comme l'année dernière – j'aurais pu présenter plus d'articles pour ce challenge mais... Et je ne sais pas si Pimpi va reconduire Une année en Russie l'année prochaine.

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 00:08

DamnatioMemoriae.jpgDamnatio memoriae : plaidoyer pour Néron est un roman de Jean Dreydemy paru aux éditions Société des Écrivains en mai 2011 (390 pages, 21 €, ISBN 978-2-748364118).

 

Je remercie Abeline et les Chroniques de la rentrée littéraire de m'avoir envoyé ce roman en plus de Mon frère italien, de Giovanni Arpino.

 

Jean Dreydemy... Je n'ai pas trouvé d'infos sur l'auteur ! Un autre roman de lui : Nivaland ou Les orages du Montabone (janvier 2003).

 

Àl'âge de 2 ans, Lucius est orphelin : son père, Barberousse Domitius, est mort au combat « quelque part dans le sud » et sa mère, Agrippine (dont le frère Caligula est empereur) s'est exilée aux îles Pontines avec son amant, Sénèque. Son grand-père, Germanicus, a été assassiné à Antioche où les premiers Chrétiens ont créé une église (les Romains polythéistes n'aiment ni les Juifs ni les Chrétiens monothéistes). Sa tante paternelle, Lépida Domitia, ne voulant pas s'encombrer d'un enfant, le confie à deux serviteurs de confiance, Euclide et Icare qui vont l'élever et l'aimer comme leur fils. « Ainsi s'ébaucha une vie tranquille à Antium, pour un fils de famille impériale, entre un acrobate et un barbier. » (page 13). « Si, plus tard, quelqu'un avait demandé à Néron quel espace de bonheur il avait connu dans sa courte vie, il aurait certainement répondu : 'mon enfance à Antium'. » (page 98).

La première fois que Lucius voit Rome, c'est lors de la victoire des Romains en Bretagne, et il trouve cette ville laide mais plus tard : « « Rome aimait Néron. Néron aimait Rome. » (page 210).

La Pax Romana (paix romaine) est instaurée. « L'époque était aux jeux, puisqu'il n'y avait pas de guerre importante, mais uniquement un maintien de l'ordre du côté de l'Asie. » (page 62).

Icare se tue pendant un spectacle et Lucius reste d'abord avec Euclide puis sa mère le récupère et ils vont vivre à Rome. Agrippine épouse Claude, le nouvel empereur, et prépare l'accession au pouvoir de son fils unique alors que Claude a déjà un fils, Britannicus, et une fille, Octavie (que Néron se verra contraint d'épouser alors qu'il aime Claudia Acte, la fille d'une esclave).

Lucius a 12 ans lorsque Claude l'adopte et le renomme Néron (« homme courageux »). À 14 ans, il est émancipé et devient consul ; l'histoire continue : assassinats, empoisonnements, mensonges, complots, trahisons, scandales...

 

Ce roman historique est la biographie de Lucius Domitius Ahenobarbus devenu Néron, empereur de Rome, qui selon ce qu'il avait affirmé à sa mère à l'âge de 10 ans est aussi devenu « musicien, acteur, metteur en scène de théâtre. Le plus célèbre, le plus grand que Rome ait connu ! » (page 64).

Alors, fiction ou réalité ? La question est la même pour les biographies antiques (historiographies) rédigées par Tacite (Les Annales, en 110) et par Suétone (La vie des douze Césars, entre 119 et 122) car le Sénat a prononcé une Damnatio memoriae contre Néron à sa mort. Il aurait donc dû disparaître des mémoires, de l'Histoire, eh bien c'est raté !

En tout cas, j'ai beaucoup aimé suivre ce héros déchu depuis sa naissance à Antium (aujourd'hui Anzio) en décembre 37 jusqu'à sa mort à Rome en juin 68. La première partie (une centaine de pages) qui raconte l'enfance d'un petit Romain de l'Antiquité est passionnante car on découvre la vie quotidienne, les métiers, les jeux (adulte, Néron fera interdire les combats de gladiateurs).

Une autre ville a compté dans la vie de Néron, c'est Pompéi (je rappelle que cette ville fut détruite en 79) car il y trouva l'amour en la personne de Poppée qui lui donna une fille, Claudia Augusta.

Alors fou ? Manipulateur ? Assassin ? Victime de médisances et de folles rumeurs ? On a pourtant l'impression à la lecture de ce livre que Néron était un pacifiste, un artiste passionné de musique (il composait et jouait de la lyre), de poésie et de théâtre, qui ne voulait pas que son règne soit « marqué par les guerres ni les conquêtes. » (page 180), qui désirait l'affranchissement des esclaves et qui se promenait incognito parmi le peuple pour entendre les avis et les opinions. « Que pensait le peuple ? Néron souhaitait l'apprendre par ce moyen direct. Bien sûr, le peuple ne disposait d'aucun levier politique, mais peut-on gouverner une multitude sans se préoccuper de l'opinion qu'elle a de vous ? Les gens parlaient du prix et de la qualité des produits, du déroulement des jeux, de leurs problèmes familiaux, plus rarement des colons de Bretagne ou des légionnaires d'Orient. » (pages 245-246).

Bien sûr l'homme n'était pas parfait : Néron a lancé une répression contre les monothéistes car, pour parvenir à leurs fins, ils utilisaient « l'injure, la calomnie et les pratiques magiques pour abuser de la crédulité des gens. » (page 312). Il n'aimait de toute façon pas les religions : « Que maudites soient ces religions avec leurs prophètes, leurs messies, leurs fanatiques, leurs prêtres, leurs rituels ! Je n'y vois que des ferments d'affrontements et de massacres ! » (page 332). Et se faisait donc des ennemis.

Mais après le traité de paix avec les deux frères, Vologèse le Parthe (les Parthes étaient les ancêtres des Perses) et Tiridate l'Arménien, Néron devint « commandant suprême » car il y avait la paix avec le monde entier (connu de l'époque).

Mais la paix est un leurre... « Si tu veux la paix, prépare la guerre ! » (page 362).

 

Quelques extraits

« Chaque fois que tu quittes un ami, fais comme si tu le voyais pour la dernière fois, approuva Sénèque. » (page 127). Néron repense à cette phrase plus tard : « Ils prirent congé d'Euclide avec émotion. 'Lorsque tu quittes un être cher, fais comme si tu le voyais pour la dernière fois', recommandait Sénèque. Euclide mourut avant la fin du chantier. » (page 204).

« Le Circus Maximus méritait bien son superlatif. Sur ses gradins, les habitants de Rome venaient exprimer leurs enthousiasmes, caresser des rêves de fortune, vomir leurs frustrations quotidiennes dans un bouillon égalitaire : pauvres et riches, lettrés et illettrés, aristocrates et esclaves. » (page 160). N'en est-il pas toujours de même ?

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