Tous nos petits morceaux est un recueil de nouvelles d'Emmanuelle Urien paru aux éditions D'un noir si bleu en septembre 2011 (177 pages, 16,50 €, ISBN 978-2-916499-61-1).
Emmanuelle Urien est née à Angers. Elle a étudié les lettres, les langues et la gestion internationale. En 2003, elle décide de vivre à Toulouse et de se consacrer à sa famille et à l'écriture (nouvelles et fictions pour la radio).
Plus d'infos sur le site officiel d'Emmanuelle Urien.
Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce livre qui m'a permis de découvrir cette nouvelliste que je vais suivre dorénavant !
Une cave voûtée.
Une collection de miroirs de toutes sortes : psyché, miroir de loge de théâtre, miroir-mouroir, miroir de poudrier, miroir de coiffeuse, miroir de bus...
Une femme qui fait sa ronde la nuit et rajoute à l'occasion une nouvelle pièce à sa collection.
Des miroirs qui, dès que le soleil se reflète sur eux, prennent la parole à tour de rôle ou ensemble, et racontent ce qu'ils ont vu et vécu : vite prendre la parole et la garder avant qu'un nuage n'obscurcisse le soleil et avant que celui-ci ne glisse sur un autre miroir.
« Livrés à leurs réflexions, les miroirs ne s'entendaient plus. » (page 16).
Tous ils racontent une histoire dont ils ont été les témoins, qu'ils ont reflétée, et souvent le drame n'est pas loin.
Ces nouvelles où, malgré les humains, la parole est donnée aux objets, en l'occurrence les miroirs, reflets du corps, reflets de l'âme, sont comme un jeu d'ombre et de lumière : la vie, la mort.
« […] les miroirs sont le réceptacle muet de la véritable nature des hommes. » (page 28).
Les miroirs sont les témoins de la vie qui passe, des changement du corps et de l'âme.
« De compagnon fidèle de toutes les réjouissances, je devenais le témoin d'une déchéance discrète et injustifiée. » (page 40).
Ils sont les témoins de l'évolution des femmes et du mal-être de la société.
« Les femmes, il faut le reconnaître, ne sont plus ce qu'elles étaient. Je suis dans la famille depuis près de deux siècles, et j'affirme qu'on les faisait bien plus solides avant. » (page 73).
Les témoins non seulement de ce qu'ils voient mais aussi de ce qu'ils entendent.
« Rien n'interdit aux miroirs d'entendre aussi bien qu'ils voient, il me semble. » (page 145).
Qu'est-ce qu'elle écrit bien, Emmanuelle Urien ! Elle construit les histoires les unes dans les autres, comme des poupées gigognes. Car tous les petits récits que racontent les miroirs vont tendre vers une seule histoire. Et tous ces « témoignages » sont vraiment agréables à lire et intriguent de plus en plus.
Clins d'œil à Alice : serait-elle la seule à être passée de l'autre côté du miroir ?
Mes trois nouvelles préférées (il y en a douze)
Le signe du miroir (page 103) m'a impressionnée.
Tentative réussie d'approche de l'infini (page 141) m'a plu pour son humour.
Le jeu du miroir (page 163) : c'est la dernière nouvelle et elle permet de comprendre qui est la collectionneuse et pourquoi elle garde les miroirs.
J'ai l'impression que chaque fois qu'on se regarde dans un miroir, on y laisse un petit morceau de soi... Je ne regarderai plus jamais un miroir de la même façon !
19e roman pour le 1 % de la rentrée littéraire, 11e pour la Rentrée littéraire des Agents littéraires (petits éditeurs).
PS : la note de lecture de Mimi des Plaisirs à qui j'ai envoyé ce recueil de nouvelles.
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