Le philtre des nuages est un recueil de poésies de Radu Bata paru aux éditions Galimatias dans la collection Gris en mai 2014 (111 pages, 15 €, ISBN 978-2-9539077-1-1).
Je remercie Babelio et les éditions Galimatias car j'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération Masse critique.
Radu Bata est journaliste, auteur et il a été professeur de français en Roumanie (jusqu'en 1990).
Du même auteur : Mine de petits riens sur un lit à baldaquin également paru aux éditions Galimatias. Ainsi que Fausse couche d'ozone et Le rêve d'étain, sous pseudonymes (Ion Aretia B. pour le premier livre et Batu Batuturesco pour le deuxième) aux éditions ProMots.
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/thomas.man.9.
La couverture est de Gwen Keraval : c'est superbe, non ? J'aime beaucoup l'univers de cet illustrateur (né à Paris en 1976 et Lyonnais d'adoption).
Son site : http://www.gwenkeraval.com/.
Le philtre des nuages et autres ivresses est un recueil de 104 « poésettes », la poésette étant « un poème sans prise de tête ».
L'auteur y parle avec dérision du monde, de la vie, de l'amour, de Dieu, des saisons, des réseaux sociaux, des relations entre les gens... Il aime les métaphores, les nuages et les astres.
Ses poésettes originales et décalées sont courtes (quatre vers) ou plus longues (deux pages) mais, dans tous les cas, on sent que l'auteur s'amuse ; son humour est parfois absurde, et pas seulement lorsqu'il cite des personnalités roumaines (littéraires, sportives).
« derrière les mots il y a un mystère
prêt à aveugler la lumière
parfois il suffit de se pencher
pour en saisir l'abyssal secret »
(extrait de Le silence des mots, page 40).
Radu Bata est inspiré, inventif, il joue avec les mots et il aime le silence alors chut... Lisons simplement ses poésettes !
« pour avoir longtemps appris
à parler avec les gens
j'enseigne
aujourd'hui
le silence »
(Devoir de reconnaissance, page 36).
J'ai passé un bon moment de lecture mais j'avoue que parfois, le poète étant dans son monde, je n'ai pas tout compris... Une relecture s'imposera donc mais en attendant, voici trois extraits qui m'ont particulièrement plu.
Premier extrait (Je d'ombres, page 76)
« je est un refuge
un subterfuge
un transfuge
mais surtout
je est une fuite en avant
un alter ego
parti prendre le pouls
de la nature
un usurpateur d'existence »
Deuxième extrait (Exercice pour exorciser le dimanche, page 91)
« j'ai photographié la pluie
et la journée
est passée
entre les gouttes »
Troisième extrait (Dans un monde où les paroles sont dans la fosse aux ours je voudrais faire professeur, pages 108-109)
« dans cette existence
j'ai été volontaire
pour faire soigneur de mots
[…]
il est sans fin
ce travail de soigneur
il me prend le jour la nuit
de toutes les saisons
car les mots
sont souvent blessés
par les gens
qui n'aiment pas
le dictionnaire
ils sont souvent jetés
dans le fossé
par les gens
qui ne parlent
que le langage des chiffres
[…]
alors le monde
s'il est bon élève
pourrait s'envoler
vers une galaxie
moins égocentrique »
Alors, que pensez-vous de ces extraits ? D'autres extraits dans la revue Levure littéraire.
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