Dictionnaire des idées reçues sur l'Asie et l'Orient est un essai de Régis Poulet paru aux éditions Zaporogue en février 2009 (91 pages, 3,98 €).
Régis Poulet est né le 3 mai 1966 à Lyon (Rhône). Il est diplômé de géologie, de philosophie, docteur en littérature comparée (il enseigne en lycée et à l'université), traducteur, astronome amateur et passionné d'ornithologie (ses photos d'oiseaux). Il travaille à La Revue des Ressources (RdR) depuis 2003 (rubriques Asiatiques, Idées, Feuillets africains et dossier Kenneth White) et a relancé l'Atelier géopoétique du Rhône en 2011. Du même auteur : L'Orient : généalogie d'une illusion (2002).
Dans son introduction, l'auteur nous dit que « il ne se passe pas une semaine […] sans qu'il ne soit question de l'Asie ou de l'Orient » : politique, arts, littérature... Il a eu donc l'idée d'écrire ce petit dictionnaire des idées reçues en utilisant humour et décalage.
Par exemple, le premier mot est aïkido : « ça commence mal, on a déjà mal avant d'avoir rien fait. Plein le dos des Japonais ! ». Et plus loin, bonsaï : « arbre en pot qui a été torturé. Si ce n'était pas japonais, on jurerait que c'est chinois... ».
Vous l'aurez compris, ça ne se prend pas au sérieux (même si les définitions sont recherchées) et ne vous inquiétez pas, l'auteur n'a rien contre les Japonais ou les Chinois : c'est toute l'Asie qu'il passe en revue de A à Z (noms communs, noms propres, lieux…) et c'est vraiment intéressant et amusant (omoshiroi, diraient les Japonais).
D'autres exemples ?
Canard : « toujours laqué en Asie, comme les meubles. »
Derviches : « des tourneurs comme on n'en fait plus. »
Fakir : « métier de pointe. »
Ikebana : « trois ou quatre pauvres tiges perdues dans un modeste vase. Dire que certains prennent des cours pour en arriver à ça ! »
Lotus : « nénuphar protée de l'Asie qui fournit des fleurs, des graines, des positions de yoga, des pole position, des motifs décoratifs et du papier toilette. »
Sage : « est Chinois alors que le saint est Indien. Possède une longue barbe clairsemée et s'exprime par énigme (lorsqu'il est aveugle, cela ajoute bien sûr à la clarté de ses pensées). »
Zen : « synonyme japonais de 'cool'. Tout ce que les Japonais font de bien vient du zen. Mot anti-stress. »
Ma définition préférée
Samouraï : « guerriers qui poussent des cris effroyables dans les films de Kurosawa et qui s'ouvrent le ventre à la moindre contrariété. »
Après le dictionnaire, l'auteur continue avec Un peu de sérieux, texte dans lequel il parle de l'Inde (mythe aryen, sanskrit, bouddhisme) et d'autres thèmes comme le despote en Asie, les estampes japonaises (ukiyo-e), le hara-kiri (seppuku), les idéogrammes chinois, le Qi, la réincarnation, le Zen, etc.
Ah, l'Asie... Fascination, imaginaire, fantasme, méconnaissance, mauvaise interprétation, menace... Tout y est !
- une bibliographie d'œuvres que l'auteur juge représentatives (je note la présence de Le mystérieux Docteur Fu Manchu, de Sax Rohmer, roman qui fut un coup de cœur pour moi) ;
- des conseils pour la collection Connaissance de l'Orient de Gallimard et l'éditeur Philippe Picquier qui selon lui sont « indispensables pour sortir des clichés » ;
- et la rubrique Asiatiques qu'il dirige sur La Revue des Ressources.
Voilà donc un petit livre à la fois divertissant et instructif qui mérite d'être plus connu !
Une lecture pour le challenge Petit Bac 2013 (catégorie Lieu).