Les averses d'automne est un roman de Tuna Kiremitçi paru aux éditions Galaade en octobre 2011 (218 pages, 17 €, ISBN 978-2-35176-132-8). Dualar kalicidir (2007) est traduit du turc par Jean Descat.
Tuna Kiremitçi est né le 24 février 1973 à Eskişehir en Turquie. Il a étudié le cinéma à l'Université des Beaux-Arts Mimar-Sinan d'Istanbul. Il est poète, romancier, scénariste et réalisateur. Les averses d'automne est son premier roman traduit en français mais c'est en fait son 4e roman. Plus d'infos sur http://www.tunakiremitci.net/.
Rosella Galante est une juive née à Berlin et qui, jeune mariée, a dû fuir l'Allemagne nazie avec sa fille pour se réfugier en Turquie dans la famille de son mari, Aldo.
Veuve depuis 6 ans, elle vit dans une maison à Genève, la même depuis 60 ans, avec sa chatte, Charlotte, et une servante ayant aussi connu l'horreur de la guerre, Zelda.
À 88 ans, elle a peur de ne plus se souvenir, d'oublier la langue turque car elle n'est jamais retournée à Istanbul...
Elle passe une petite annonce dans le journal pour avoir des conversations en turc.
C'est une étudiante qui se présente, Pelin. Elle est seule dans une ville inconnue où elle étudie la littérature française et son père la fait surveiller par une jeune homme qui la suit constamment.
Tous les jeudis, Pelin va rendre visite à madame Rosella : les deux femmes vont peu à peu s'apprivoiser, se parler de façon de plus en plus intime, s'écouter, s'interroger avec un mélange d'indiscrétions et de pudeur.
Deux inconnues, deux mondes distincts et deux générations différentes qui n'ont rien en commun à part Istanbul et le turc.
L'une vit dans le souvenir, l'autre dans le rêve.
Elles vont parler de l'histoire, de tennis, de littérature (Anna Karénine...), de musique (Brahms...), de poésie (Enver Rigan, Yahya Kemal...), de chanson (Şebriem Ferah...), d'amour et de leurs vies.
Au début, j'ai été surprise que le roman ne soit écrit que sous forme de dialogues mais je m'y suis vite habituée et j'ai trouvé cette lecture très agréable. J'imaginais les deux femmes assises au salon ou dans le jardin, papotant en buvant qui un thé qui un café ou une liqueur.
« Je n'ai aucune espèce de raison d'aller à Istanbul, mademoiselle. Je rêve seulement d'y retourner. Mais maintenant, c'est une chose impossible... » (page 14).
« L'hôpital ne peut rien pour moi, mon enfant... Aucun hôpital n'a de remède contre la vieillesse. Je préfère passer chez moi le temps qui me reste. Et bavarder avec vous. » (page 108).
« Un homme qui possède des chats ne laisse aucune femme indifférente. » (page 112).
« Après tout, même si je brode un peu, ce sont mes souvenirs et j'en fais ce que bon me semble. » (page 149).
« Nous devons tirer la leçon de tout ce qui nous arrive. Je dirais même que ce que nous appelons la vie entretient avec nous un perpétuel dialogue et s'attend à ce que nous tirions l'enseignement qui est contenu dans les événements qui se produisent. » (page 180).
« Celui qui reçoit le message est le seul à pouvoir le comprendre. » (page 183).
« Pour mesurer ce dont on est capable, il faut être amoureux et gagner sa vie. » (page 185).
« Il est bon de parler, mademoiselle... Les mots dispersent le silence qui est en nous. Quand on échange des mots, même les plus grands chagrins s'atténuent. » (page 190).
Je me rends compte que toutes ces phrases qui m'ont plu sont de Rosella Galante, il n'y en a aucune de Pelin...
Le 1 % de la rentrée littéraire 2011 va se terminer le 31 juillet et je me suis rendue compte que des lectures allaient passer à la trappe si je ne les publiais pas rapidement (avant la date limite du challenge en fait). En voici déjà une que je préfère ne pas zapper car elle m'a beaucoup plu et je l'avais annoncée dans Le mardi sur son 31 # 12.
Ce roman entre aussi dans le challenge Ô vieillesse ennemie de Métaphore auquel je viens de m'inscrire.
Anne me dit que je peux ajouter cette lecture dans le challenge Voisins Voisines 2012.
PS de janvier 2013 : Acturca, Canel, Circé, Hélène, Perrine, Sophie, Sophie Andriasen entre autres ont aussi lu ce roman.