Anjin-san est un manga de George Akiyama paru aux éditions Le Lézard Noir en juin 2012 (463 pages, 25 €, ISBN 978-2-35348-040-1). Anjin-san (1982-1983) est traduit du japonais par Miyako Slocombe.
George Akiyama (ジョージ秋山) est né le 27 avril 1943 à Ashikaga (au nord de Tokyo, dans la préfecture de Tochigi). Son vrai nom est Yûji Akiyama. Il commence sa carrière en 1966. Plus d'infos sur http://www.george-akiyama.com/. Du même auteur : Jintarô, le caïd de Shinjuku (Le Lézard Noir, novembre 2011).
Anjin Onodera, c'est un petit bonhomme qui voyage avec son baluchon et qui, l'air de rien, rend service à ceux qu'il rencontre : une strip-teaseuse qui a glissé sous la pluie, une fillette qui attend seule ses parents toute la journée, une vieille femme qui l'arnaque en lui proposant le logis, une autre fillette malade... Un jour, dans une gare, Anjin-san retrouve par hasard un autre voyageur, Monsieur Kirihito, écrivain sans talent que sa femme a quitté.
Le thème est tout simple : ce petit bonhomme, chauve et d'un certain âge mais pas vieux et même très vif, rend en fait le sourire voire leur dignité aux personnes qu'il rencontre. Comment ? Dans sa grande sagesse, il les voit telles qu'elles sont et leur renvoie – comme un miroir – ce qu'elles ne voient pas ou plus.
« Le soleil couchant est immense. » (page 100). Le cœur d'Anjin-san est immense, je devrais plutôt dire son âme car Anjin-san, qui vole dans les airs avec son parapluie, est le petit-fils de Shakyamuni qui a 2 500 ans (page 131).
Chaque chapitre est une histoire indépendante mais il y a une réelle continuité et il vaut mieux les lire à la suite plutôt que dans le désordre. Anjin-san et Kirihito vont vivre plusieurs aventures empruntes de philosophie, certaines proches du conte comme La rascasse d'or ou de la légende comme La roche en forme de vagin et sa femme-serpent. Kirihito va mûrir et prendre une place de plus en plus importante, devant Anjin-san qui s'efface peu à peu.
En effet, dans la deuxième partie (dès la page 211), l'histoire change. Anjin-san est de retour dans son village natal, et même dans une auberge qui lui appartient, donc il ne voyage plus. Kirihito reste avec lui et rencontre Hinagiku, une amie d'Anjin-san. C'est une très belle jeune femme, une geisha qui refuse les avances de ses riches clients car elle cherche le véritable amour.
Les femmes sont dessinées vraiment grandes par rapport à Anjin-san, c'est parce qu'il a une haute estime d'elles, même de celles qui empruntent un mauvais chemin à un moment de leur vie, comme la prostitution ou la sorcellerie par exemple.
Les dessins sont simples, réalistes, il y a quelques beaux paysages, quelques voluptés, et aussi des moments drôles avec du dessin proche du « chibi » comme Anjin-san horrifié page 166 ou qui fuit page 168.
(chibi : personnage petit, mignon, amusant).
Parmi mes histoires préférées : Les sanglots de l'ange (page 191) qui s'attache aux relations tendues entre une jeune femme et sa belle-mère, Le choix du mari de Suzume (page 271) dans laquelle l'amie de Hinagiku demande de l'aide pour choisir entre deux prétendants beaux et riches, L'enfant le plus heureux du village (page 347) avec le vieil homme qui ayant perdu son fils unique recherche depuis trente ans un enfant heureux.
De l'émotion, de l'humour, un peu de nostalgie, une pointe de fantastique, de l'amour, beaucoup d'amour, de la poésie, de la sérénité, ça fait du bien.
En fin de volume, une postface de Rémi Boyer et un entretien entre Shôhei Ônishi et George Akiyama. C'est écrit petit mais c'est très intéressant.
Une lecture qui entre dans les challenges Dragon 2012 et Sur les pages du Japon. |
Vous pouvez lire 19 pages sur http://issuu.com/lelezardnoir/docs/anjin_lesombres, consulter la page 31 sur Le mardi sur son 31 # 19 et voici une vidéo :