Tais-toi et meurs est un roman d'Alain Mabanckou paru aux éditions La Branche dans la collection Vendredi 13 en septembre 2012 (221 pages, 15 €, ISBN 978-2-35306-055-9).
Je remercie Gilles Paris de m'avoir envoyé ce roman et je tiens à m'excuser pour le retard car je l'ai lu à l'automne mais j'ai pris du retard dans la rédaction de mes notes de lecture.
Alain Mabanckou est né le 24 février 1966 à Pointe Noire en République du Congo. Auteur de romans, poèmes et essais, il a reçu de nombreux prix et son œuvre a été récompensée par l'Académie française en 2012. Pour la collection Vendredi 13, il se lance ici dans le polar. Plus d'infos sur http://www.alainmabanckou.net/.
Julien Makambo est Congolais.
« Dans notre langue du Congo-Brazzaville, le lingala, Makambo signifie « les ennuis ». J'ignore ce qui avait piqué mes parents pour m'attribuer un tel nom […]. » (page 13).
Il est en France depuis 4 ans sous le nom de José Montfort. En fait, il est à Fresnes depuis un an et demi et écrit son histoire dans son journal.
« Ma vie n'est pas une fiction, et mon histoire relève bien de la réalité. » (page 15).
Ce fameux vendredi 13, le jour où il a été arrêté, Julien/José a été le témoin de la défenestration d'une jeune femme.
« Maître, je vous l'ai dit mille fois : moi j'étais en bas, dans la rue, et paf, cette fille est tombée du cinquième étage à quelques mètres de moi ! Je vous jure que je n'étais pas entré dans l'immeuble, et c'est la première fois que je mettais les pieds dans cette rue ! » (page 19).
S'il était dans la rue du Canada, à ce moment-là, c'est parce que Pedro le lui avait demandé... Pedro qui l'avait accueilli à son arrivée en France et qui l'avait pris sous son aile.
« Pedro est pour moi un grand frère. Cela a son poids, en Afrique, où le grand frère a toujours raison. » (page 48).
Sauf, qu'en France, le grand frère a piégé Julien/José...
Mes passages préférés
« Comment oublier le premier jour de mon arrivée en France ? L'Europe était là, devant moi. Cet espace qui nous obsédait depuis le pays était enfin une réalité. » (page 52).
« Dans quel monde nous sommes si les Martiniquais commencent à frauder dans le métro comme les Africains, hein ? » (pages 73-74).
« Pour se rendre compte de la généralisation de la crise il n'y avait qu'à voir comment certains bars congolais […] étaient à moitié vides. » (page 151).
Génial, Alain Mabanckou ! C'était la première fois que je le lisais ! Eh oui ! Et je peux vous dire que ce n'est pas la dernière ! Bien sûr, je connaissais l'auteur, je l'avais vu dans des émissions (peut-être La grande librairie), j'avais lu des articles et je voyais ses livres en librairie mais je n'avais jamais eu l'occasion d'en lire un seul avant Tais-toi et meurs.
Déjà le titre est attirant, il explique bien la mentalité de Pedro qui a piégé le candide Julien : tu m'as obéi, heureusement, maintenant tu es en prison, alors tais-toi et meurs, et si tu parles quand tu sors, t'es mort. Alors Julien ne parle pas, ou très peu, il écrit ; de toute façon personne ne le croit, il est le coupable idéal.
Tais-toi et meurs est un roman noir, un indicateur de la communauté noire à Paris, les nouveaux arrivants doivent entrer dans le rang et obéir aux règles fixées par ceux qui sont là depuis plus longtemps et qui gèrent tout, de leur arrivée à leur mort. Fringues et pompes en croco, boîtes de nuit, combines, vols... Pas d'échappatoire !
Une pointe de cynisme et une bonne dose de malchance, voici donc l'histoire de Julien Makambo de la tribu des Bembés ! Une histoire que j'ai dévorée avec un immense plaisir car je n'ai pas pu lâcher ce roman pourtant il n'y a pas un suspense insoutenable, juste un homme qui raconte... Mais quelle histoire !
Une lecture dans les challenges 1 % de la rentrée littéraire 2012, Le crime n'a pas de frontière, Thrillers et polars, sans oublier le Cercle de lecture de Tête de Litote (histoire du peuple noir en mars) |
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