Dix petits contes à lire en compagnie est un recueil d'Iwaya Sazanami paru aux éditions MeMo en novembre 2010 (76 pages, 25 €, ISBN 978-2-35289-054-6). Nippon mukashi-banashi (1894-1896) est traduit du japonais par Marine Pénicaud avec la collaboration de Valérie Rouzeau.
Iwaya Sazanami 巌谷 小波 est le pseudonyme d'Iwaya Sueo né à Tokyo le 6 juin 1870 et décédé le 5 septembre 1933. À l'âge de 17 ans, il devient membre du Ken-yû-sha (les Amis de l'écritoire), un des premiers cercles de littérature moderne. Il est le précurseur de la littérature enfantine au Japon car il est le premier homme de lettres à écrire spécifiquement pour la jeunesse (après avoir écrit trois romans destinés aux adultes) dès 1891 avec Koganemaru. Il est l'éditeur d'un des tout premiers magazines destinés à la jeunesse, Shônen Sekai, entre 1895 et 1914, ainsi que de la version pour les filles, Shôjo Sekai, de 1906 à 1931, tous deux publiés par Hakubunkan. Il est aussi conteur, créateur de théâtre pour les enfants, journaliste, poète (haïku), éditeur et professeur (à l'Université de Berlin et à Waseda à Tokyo). En 1926, le roi du Danemark l'a fait Chevalier de l'Ordre de Dannebrog « pour sa contribution à la diffusion des contes occidentaux au Japon » (page 75).
Ilya Green est l'illustratrice de ce recueil. Elle est née en Provence en 1976, a grandi dans le Lubéron, a étudié les Lettres et les Beaux-Arts, et vit à Marseille. Plus d'infos sur http://www.ilya-green.com/ et http://ilya-green.blogspot.fr/.
Les fraises de décembre – La mère ordonne à O-Yuki (Neige) d'aller chercher des fraises à sa petite sœur O-Hana (Fleur) mais c'est décembre et il y a trente centimètres de neige...
Le fantôme du cerf-volant – Tarokichi (Tarô l'espiègle ou Tarô le fortuné) se met en colère car il n'arrive pas à faire voler le cerf-volant que sa mère lui a offert et, lorsque le papier se coince dans l'arbre, l'enfant lui lance des pierres et le déchire.
Le chien tambour – Yukio (Neige) a un chien blanc, Shiro, et Sumizô (Charbon) a un chien noir, Kuro, mais les deux garçons ne s'entendent pas et leurs chiens non plus. Un jour Shiro et Kuro se battent, se poursuivent et Shiro disparaît. Au bout d'un mois, inconsolable, Yukio demande à sa mère un tambour.
Les poupées de papier et Takasago – Sazanami a une collection de poupées. Une nuit, il est réveillé par des voix : ce sont les poupées du couple impérial et le vieux couple Takasago qui se plaignent de leurs conditions !
Deux hirondelles et une carpe en papier – En mai, deux hirondelles sortent de leur nid et elles sont apeurées en voyant une énorme carpe flotter au vent la bouche ouverte. Lorsqu'elles se rendent compte que la carpe est un fanion en papier, elles se moquent d'elle.
La mouche et l'éventail – Les mouches sont des insectes pénibles et malsains ; heureusement il y a l'éventail pour les chasser. Mais un jour l'éventail se laisse berner par une mouche.
La lune, la pluie et le vent – La pluie et le vent, jalousant la lune que les humains admirent, s'allient contre elle mais les humains récupèrent leurs offrandes et ferment tous leurs volets.
Jirô-la-paresse – Jirô a dix ans et il est tellement paresseux qu'il dort tout le temps, ne se lave pas, ne va pas à l'école et ne se lève même pas pour manger ou célébrer le jour de l'an. Sa mère et son frère aîné inventent un moyen de le faire changer.
La sirène – Un jeune homme en âge de se marier n'a aucune prétendante. Lorsqu'il pêche une sirène, il est si ému qu'il préfère la remettre à l'eau. Peu de temps après, une jeune femme lui demande l'hospitalité et accepte de l'épouser à la condition de pouvoir prendre un bain d'eau salée chaque semaine sans qu'il ne vienne la déranger.
Drôle de pinceau ! – Un peintre exceptionnellement doué mais pauvre peint un bonze qui, aussi pauvre que lui, le paye avec un pinceau. Un vieux pinceau, mais spécial car il rend réelles les choses dessinées.
Divinités, fantômes, transformations, êtres fantastiques... Voici dix contes japonais qui font réfléchir, rêver et qui représentent bien l'âme du Japon d'autant plus que les illustrations sont très belles. Je connaissais les deux derniers contes sous d'autres formes comme Le secret de la grue blanche à la place de la sirène et Duc Yi aime le dragon pour le peintre. Bien sûr, l'auteur a été influencé par les contes occidentaux et utilise parfois le célèbre « Il était une fois... ». Les chutes des histoires sont comme une morale ou plutôt le bon état d'esprit de ce qu'il faut être pour vivre bien et rendre heureux autour de soi. Certains contes sont plus drôles comme Jirô-la-paresse ou plus horribles comme Le chien tambour mais ils sont tous différents et donc bien agréables à lire.
Je suis in extremis pour honorer le challenge Sur les pages du Japon avec ce mois-ci le fantastique. Je place aussi cette lecture dans les challenges Dragon 2012, Cent pages, ABC critiques 2012-2013 (lettre S), Fant'classique, Jeunesse & young adults, Tour des genres en 365 jours (classique), Tour du monde en 8 ans (Japon) et Animaux du monde (chiens, hirondelles, mouches).
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