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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 00:30

Pour les 13e Lundis philo, Heide a proposé un thème libre et j'ai choisi de vous parler d'Épicure.

 

Né à Samos (île grecque) aux environs de fin 342 avant JC ou début 341 avant JC (et mort en 270 avant JC), Épicure est un philosophe grec très connu puisqu'il est le fondateur de l'épicurisme (en 306 avant JC).

Il a aussi développé des théories sur les atomes invisibles, le plaisir et le matérialisme. Mais c'est bien de l'épicurisme dont je vais vous parler et cette philosophie ne concerne pas que les bonnes choses, elle concerne aussi la Nature, l'amitié et l'amour.

En quelques mots, vivre bien pour la tranquillité de l'âme (ataraxie du grec ἀταραξία ataraxía signifiant absence de troubles), dans le respect de tout et de tous, et se faire plaisir tout en étant attentif à nous-mêmes et à nos proches.

Plaisir dans le sens des plaisirs naturels et nécessaires.

Car l'épicurisme n'est pas la recherche frénétique du plaisir ! C'est vivre dans le bonheur, en ne souffrant pas et en ne faisant pas souffrir, en étant serein, ouvert aux autres et en rejetant les plaisirs futiles et inutiles (ceux qui sont vains comme la gloire, la richesse ou le désir d'immortalité, tiens à ce sujet voir Gilgamesh : la quête de l'immortalité, de Stephen Mitchell).

Ainsi les synonymes d'épicurien comme hédoniste ou jouisseur sont abusifs.

En fait l'épicurisme, c'est un art de vivre !

 

Pourquoi en dire plus ? Je vous laisse méditer avec ces cinq citations.

 

« L'homme qui ne se contente pas de peu ne sera jamais content de rien. »

 

« Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. » (Lettre à Ménécée)

 

« Ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid ; celui qui dispose de cela, et a l'espoir d'en disposer à l'avenir, peut lutter comme il arrive, et coulera des jours heureux. » (Sentences vaticanes)

 

« Une vie heureuse est impossible sans la sagesse, l'honnêteté et la justice, et celles-ci à leur tour sont inséparables d'une vie heureuse. » (Lettre à Ménécée)

Dit différemment dans Fragments : « Il n'est pas possible de vivre heureux sans être sage, honnête et juste, ni sage, honnête et juste sans être heureux. »

 

« L'amitié fait le tour du monde et nous convie tous à nous réveiller pour la vie heureuse. »

 

Que l'amitié et le bonheur soient avec vous !

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 03:33

Pour ce 12e Lundis philo, Heide a choisi Jung et ses archétypes.

 

Carl Gustav Jung est né le 26 juillet 1875 à Kesswil (canton de Thurgovie, Suisse alémanique). Il est mort le 6 juin 1961 à Küsnacht (canton de Zurich, Suisse alémanique).

 

Alors que Freud est connu pour la psychanalyse et son étude de l'inconscient, Jung – médecin, psychiatre et psychologue – est un pionnier de la psychologie des profondeurs ou psychologie analytique.

 

D'abord collaborateur de Freud, il s'éloigne de la psychanalyse pour étudier la psyché (l'âme) et les rêves en s'inspirant de la sociologie, l'anthropologie, la philosophie, la mythologie et la religion.

 

Jung a – comme Freud – consacré sa vie à la pratique et à l'élaboration de théories. Il a développé les concepts de :

- synchronicité : occurrence de deux événements au moins qui n'ont pas de lien de cause à effet mais qui ont un sens pour la personne concernée ;

- inconscient collectif : imaginaire humain qui influence les représentations individuelles et collectives ;

- archétypes : processus psychique qui induit des comportements et des représentations similaires dans toutes les cultures et dans toutes les époques même si les formes symboliques sont différentes.

 

Ce sont ces archétypes, liés à l'inconscient collectif, que je vais un peu plus développer.

 

Alors, archétypes ? En grec ancien αρχέτυπον (arkhêtupon) signifie « modèle primitif » et en latin archetypum signifie « original » ou « modèle ».

 

Pour Jung, les archétypes apparaissent dans les rêves (donc sûrement issus des instincts), sont représentés dans les mythes (histoire, art, littérature...), deviennent des symboles quelles que soient la culture et l'époque dans lesquelles on vit et restent dans l'inconscient collectif en influençant l'imaginaire, les valeurs véhiculées par la société et la nature humaine (voire animale de l'humain).

Jung les appellent les « images primordiales ».

Le paradis, l'enfer, les héros, les monstres, le Soi sont par exemple des archétypes et sont devenus des symboles fondamentaux, universels.

 

Ce concept d'archétypes n'est pas nouveau puisque des philosophes comme Platon et des théologiens comme Saint-Augustin en ont parlé avant Jung, simplement ils n'avaient pas étudié les manifestations et théorisé comme Jung !

 

Durant ses travaux, Jung a distingué – de façon empiriste – deux catégories d'archétypes :

- les archétypes trans-personnels : les qualités émanant de la culture et du collectif ;

- les archétypes personnels prenant la forme de personnages : l'Animus (la tendance masculine), l'Anima (la tendance féminine), l'Ombre (ce qui est ignoré, inconnu de soi-même), la Persona (la personnalité, le « masque social ») qui modifient la vie et la perception de chacun.

Toutefois, Jung pense que l'archétype n'est pas héréditaire (héritage biologique) mais qu'il est comblé par les expériences de tout un chacun.

 

Des spécialistes des sciences humaines, des anthropologues et des scientifiques ont développé (ou développent encore) des idées semblables à celles de Jung : Darwin et les social instincts, Gotthilf Heinrich von Schubert et le langage universel des rêves, Richard Wolfgang Semon et sa notion de trace cérébrale (engramme), Henri Bergson et les facultés, Noam Chomsky et l'acquisition innée du langage, etc. mais d'autres critiquent – en commençant par Freud, dès 1919 – la théorie des archétypes.

 

Plus d'infos sur Jung sur http://www.cgjung.net/ et sur http://www.cgjungfrance.com/.

 

Et si vous vous intéressez aux symboles, je vous conseille l'ouvrage de référence : L'encyclopédie des symboles (La Pochotèque, décembre 2004, 818 pages) et l'ouvrage inspiré des travaux de Jung (abondamment illustré) : Le livre des symboles, réflexions sur des images archétypales (Taschen, novembre 2010, 810 pages).

 

Sur le même thème, les articles de Heide, Denis, Lee Rony...

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1 septembre 2013 7 01 /09 /septembre /2013 23:45

Si Heide a choisi pour ce 11e Lundis philo, Jankélévitch et le thème de la musique, c'est parce que Jankélévitch est philosophe et musicologue.

 

Vladimir Jankélévitch est né le 31 août 1903 à Bourges (Cher) dans une famille russe qui avait fui les pogroms.

Son père, Samuel Jankélévitch, médecin et penseur, a traduit Sigmund Freud (1856-1939) en français, ainsi que les philosophes allemands Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) et Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling (1775-1854), et a publié des articles sur la philosophie.

En 1922, Vladimir Jankélévitch est entré à l'École normale supérieure de Paris où il a étudié la philosophie et en est ressorti premier à l'agrégation en 1926. En 1927, il partit enseigner à l'Institut français de Prague et rédiger une thèse sur Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling. En 1933, il est revenu en France et a enseigné la philosophie (Caen, Lyon, Toulouse, Lille). En 1940, il est entré dans la clandestinité, a mis sa famille à l'abri à Toulouse et a rejoint la Résistance. C'est là qu'il a compris que la morale, c'est s'engager. Et s'engager, ce n'est pas penser à s'engager ou dire qu'on va s'engager, mais s'engager vraiment, même au péril de sa vie.

Dès 1947, il a repris l'enseignement, à Lille puis à Paris à la Sorbonne (philosophie morale et métaphysique) et ce jusqu'en 1979.

Il est mort le 6 juin 1985 à Paris.

 

Jankélévitch a développé la métaphysique du « je ne sais quoi » chère à Saint-Jean-de-la-Croix (1542-1591) et du « presque rien ». Henri Bergson (1859-1941) l'avait désigné comme héritier de sa pensée. Jankélévitch a d'ailleurs écrit son premier livre, en 1931, sur Henri Bergson. L'ouvrage Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien est paru en 1957.

Il a aussi réfléchi sur la morale, celle-ci devant être bienfaisante et traduite en actes. Philosophie première, introduction à une philosophie du presque est paru en 1954 et Le paradoxe de la morale en 1981.

Et, passionné par la musique, en particulier le piano, il a analysé la musique des XIXe et XXe siècles et a écrit plusieurs livres sur ses compositeurs préférés (Frédéric Chopin, Claude Debussy, Gabriel Fauré, Franz Liszt, Maurice Ravel, Nikolaï Rimski-Korsakov, Érik Satie).

 

Plus d'infos sur http://www.jankelevitch.fr/pages/accueil.html.

 

Rien à voir avec la musique, mais j'aime beaucoup cette citation de Jankélévitch qui rejoint « Trop de liberté tue la liberté » : « Si tout est permis, rien n'est permis » (L'ironie, 1979).

 

J'aurais pu lire La musique et l'ineffable ou La musique et les heures (parus au Seuil respectivement en 1961 et en 1988) dans lesquels Jankélévitch s'interroge, à l'instar de Gabriel Fauré, sur « qu'est-ce que la musique ? » mais je n'ai pas eu le temps et j'en suis désolée. Mais ce n'est que partie remise !

 

En écoutant la première vidéo ci-dessous, je me suis rendue compte que j'avais déjà dû voir et entendre Vladimir Jankélévitch à la télévision ! Alors je remercie Heide pour ce lundi philo qui m'a fait redécouvrir ce philosophe original. Il est possible d'écouter aussi les deux émissions consacrées à Vladimir Jankélévitch et présentée par Karine Le Bail sur le site de l'INA. Première émission : Le dit de la musique (6 minutes) et deuxième émission : Sous le signe des mots (58 minutes).

Voici les liens des autres participants à ce Lundi philo : Heide (l'organisatrice), Denis et Lee Rony. D'autres ?

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11 août 2013 7 11 /08 /août /2013 23:48

Pour ne pas dire tous, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, de nombreux philosophes ont théorisé sur le temps : de Parménide, Héraclite, Aristote et Platon, à Husserl, Bergson, Heidegger et Jankélévitch (qui sera traité le mois prochain avec la musique), en passant par Saint-Augustin, Pascal, Spinoza, Newton, Kant et tant d'autres.

 

Ils ont parlé d'immuabilité et d'immobilité, de mouvement et de flux continu, de conscience, de cycles successifs et d'éternel retour, de dimensions (passé, présent, futur ou avenir), de subjectivité et d'objectivité, d'intuition, d'éternité, d'organisation et même de sensibilité.

 

Il est vrai que le temps, comme toute notion abstraite, est difficile à définir et plus difficile à expliquer que l'espace.

 

Le temps, division de la durée, toujours en mouvement, instant présent qui devient passé, moment qui contient des événements (qui ont des incidences sur le futur qu'on ne connaît pas), est synonyme de la finitude de l'être humain : l'humain est soumis au temps, il est donc limité et en connaissant cela, il va chercher l'immortalité.

 

Effectivement, si l'humain est libre par rapport à l'espace (il peut se rendre quelque part et faire demi-tour), il est impuissant devant le temps qui s'écoule, continuel et irréversible. Le temps est donc fugace et l'humain essaie de « le retenir » par la mémoire, les écrits, la photographie, mais le temps n'est alors que souvenirs et réinterprétations.

 

Il y a deux citations très connues sur le temps :

- La première est « Carpe diem (quam minimum credula postero). » de Horace dans Odes (1er siècle avant Jésus-Christ). Elle signifie « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain » donc « Saisis l'instant présent ! ». Ce poète disait la même chose avec « Pendant que nous parlons, le temps jaloux a fui. Cueille l'aujourd'hui, sans te fier à demain. » toujours dans Odes. Et les poètes avaient tout compris car Ronsard pensait de même avec « Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain. Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. » dans ses Sonnets pour Hélène (1578) ainsi que Boileau avec « Hâtons-nous ; le temps fuit, et nous traîne avec soi : le moment où je parle est déjà loin de moi. » dans ses Épîtres (1669 à 1695).

- La deuxième est « (Remember that) Time is money. » soit « (Rappelez-vous que) Le temps, c'est de l'argent. » de Benjamin Franklin (1706-1790), conseil à un jeune commercial en 1748. Autre époque, autre vision du temps...

 

Voici d'autres citations (dans l'ordre chronologique) que j'aime bien et qui sont à méditer si vous le souhaitez (j'ai limité à dix mais il y en a tant d'autres !).

« Ne demeure pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentre ton esprit sur le moment présent. » Siddhartha Gautama [Bouddha] (623-543 avant Jésus-Christ).

« Oui, le temps qui coule, inépuisable, inexorable, le temps bouleverse toute chose. Il dévoile ce qui restait caché, il cache ce qui s'était montré, il rend possible l'impossible, il ébranle l'inébranlable. » Sophocle (495-406 avant Jésus-Christ) dans Ajax (entre 450 et 440 avant Jésus-Christ).

« Le temps est l'image mobile de l'éternité immobile. » Platon dans Timée (entre 358 et 356 avant Jésus-Christ).

« Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. » Saint-Augustin (354-430) dans Les confessions (397-398).

« Passer sans laisser de trace est peut-être la meilleure façon de conquérir le temps et l'univers – passer, et ne pas laisser une ombre sur les murs... » Marina Tsvetaeva (1892-1941) dans Le poème de la montagne. Le poème de la fin (environs de 1924).

« Le temps n'a qu'une réalité, celle de l'instant. Autrement dit, le temps est une réalité resserrée sur l'instant et suspendue entre deux néants. » Gaston Bachelard (1884-1962) dans L'intuition de l'instant (1932).

« Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez-vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité. » Albert Einstein (1879-1955).

« L'étendue est la marque de ma puissance. Le temps est la marque de mon impuissance. » Jules Lagneau (1851-1894) dans Célèbres leçons (1950).

« Vouloir être de son temps, c'est déjà être dépassé. » Eugène Ionesco (1909-1994) dans Notes et contre-notes (1962).

« Le temps n'est pas seulement le seul véritable ennemi de l'homme, c'est également et surtout son ennemi le plus sournois, le plus lâche. Et, bien sûr, le seul que l'on n'ait pas la moindre chance de vaincre. » Jacques Sternberg (1923-2006) dans Vivre en survivant (1977).

 

Ce Lundi philo aurait dû être publié le premier lundi du mois, c'est-à-dire le 5 août, mais Heide l'a repoussé au 12 août. Toutefois Lee Rony a publié son article (très intéressant) le 5 août. Voici les liens vers les articles de Denis et Heide.

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 23:02

Je suis désolée, je n'ai pas du tout eu le temps de lire Albert Camus pour les Lundis philo de Heide.

 

À vrai dire, entre le Printemps coréen qui se terminait le 21 juin (avec sa lecture commune, ses liens et son bilan), le Mois anglais qui durait tout le mois de juin, et mes engagements mensuels (auteur japonais, classique...) et le fait que j'ai plutôt lu de la littérature jeunesse, je n'ai même pas pensé à me pencher sur l'œuvre d'Albert Camus...

 

Toutefois, j'ai lu le long article de Wikipédia (belle bibliographie à la fin) entre autres et j'ai découvert un homme éclectique (dramaturge, romancier, nouvelliste, poète, journaliste, essayiste, philosophe, prix Nobel de littérature en 1957), entier, sincère, qui a lutté contre l'injustice, les inégalités, l'oppression, le totalitarisme, qui a refusé les compromissions et qui ne s'en est pas laissé conter ni par le communisme ni par l'intégrisme religieux. Et ça me plaît ! Il en faudrait plus des hommes et des femmes comme ça, humaniste (mais pas stupide) juste et intègre !

 

Qui aurait pensé qu'Albert Camus deviendrait un des grands hommes du XXe siècle ?

Né en Algérie, le 7 novembre 1913, dans une famille pauvre mi-bordelaise mi-ardéchoise, il a perdu son père en octobre 1914 (bataille de la Marne) et sa mère, en partie sourde, ne savait ni lire ni écrire.

Heureusement, il y a des rencontres : Gustave Acault, un oncle anarchiste et voltairien, Louis Germain, un instituteur avisé et dévoué (le discours du prix Nobel lui fut dédié), Jean Grenier, écrivain et philosophe, Edmond Charlot, éditeur, André Malraux, écrivain et homme politique, etc.

Je note que, deux jours après l'explosion de la bombe à Hiroshima (août 1945), il est le seul intellectuel occidental à dénoncer l'usage de la bombe atomique (éditorial publié dans Combat).

Décédé le 4 janvier 1960 dans un accident de voiture, Albert Camus laisse une œuvre conséquente, avec ses théories sur l'absurde (le bonheur n'est-il pas tout simplement de vivre sa vie malgré son absurdité ?), sur la révolte intelligente et ses limites (la fin ne justifie pas les moyens), avec des essais (le premier date de 1936), des pièces dont Les Justes (1949), des romans dont les célèbres L'étranger (1942), La peste (1947), La chute (1956), quelques nouvelles, ses correspondances, plusieurs préfaces et des articles.

Il existe une Société des études camusiennes qui édite la revue Présence d'Albert Camus.

 

Alors, même si je n'ai jamais vraiment lu cet auteur (que des extraits de L'étranger et de La peste), j'ai maintenant très envie de découvrir ses pièces, ses romans et en particulier son cycle sur l'absurde : Caligula (1938, théâtre), Le mythe de Sisyphe (1942, essai), L'étranger (1942, roman) et Le malentendu (1944, théâtre).

 

Je remercie Heide qui, grâce à ses Lundis philo, m'a fait redécouvrir cet auteur !

 

Les articles de Denis, Heide, Lee Rony. D'autres ?

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 23:05

Pour la 8e session des Lundis philo, le thème est Au bout du monde avec :

- soit le voyage

- soit la philosophie du bout du monde.

 

Alors que j'avais proposé à Heide le thème de la philosophie d'ailleurs (je pensais plus particulièrement à l'Asie), je me suis retrouvée sans idée précise devant cet intéressant 'Au bout du monde'... Et puis, j'ai trouvé (par hasard ! Mais le hasard existe-t-il ?) L'idée de Dieu dans la philosophie religieuse de la Chine, texte d'une conférence de Léon de Rosny le jeudi 23 mars 1899 au Musée social.

 

Léon de Rosny

Son nom complet est Léon Louis Lucien Prunol de Rosny.

Cet ethnologue et linguiste français, né le 5 avril 1837 à Lille, était très intéressé par l'Extrême-Orient (Chine, Japon, Corée, Indochine). Il parlait le chinois, le japonais, le coréen, le vietnamien, le thaïlandais... Il a écrit de nombreux livres sur l'Asie, les langues asiatiques (en particulier le japonais car il fut le premier à enseigner le japonais en France), les philosophies d'Asie, et aussi sur l'Amérique précolombienne. Il est mort le 28 août 1914.

 

Le Musée social

Il a été fondé à Paris, dans le 7e arrondissement, en 1894. C'est une fondation privée, reconnue d'intérêt publique. L'objectif était de « conserver et exposer de façon permanente les documents du pavillon d'Économie sociale de l'exposition universelle de 1867 : exposition universelle d'art et d'industrie qui s'est déroulée du 1er avril au 3 novembre 1867 et qui s'est tenue sur le Champ-de-Mars à Paris avec 41 pays représentés. Le comte Aldebert de Chambrun (nom complet Joseph, Dominique, Aldebert Pineton de Chambrun, 1821-1899), haut fonctionnaire et homme politique français, a consacré sa fortune à ce musée dont les membres ont travaillé à la naissance de l'urbanisme, des coopératives, des mutualités. Plus d'infos sur http://www.cedias.org/, Musée social, centre d'études, de documentation, d'informations et d'actions sociales.

 

Mais revenons au thème 'Au bout du monde' et au texte que j'ai lu : L'idée de Dieu dans la philosophie religieuse de la Chine.

 

Lors de sa conférence, Léon de Rosny précise les définitions de l'athée selon les époques historiques : paganisme grec et romain, Moyen-Âge, « de nos jours » (en 1899).

« Eh bien ! Lorsqu'on a soutenu que les Chinois étaient athées, on a oublié de nous dire auquel de ces trois genres d'athées ils appartenaient. ».

De plus, il questionne : est-ce qu'un peuple tout entier peut être athée ? N'y a-t-il pas plutôt dans un pays des athées et des déistes « sans qu'il soit permis pour cela de dire que ce peuple est lui-même athée ou déiste. ».

Léon de Rosny propose trois manifestations religieuses/philosophiques dans cette Asie orientale :

1. La doctrine cosmogonique (Taï-kih) qui remonte aux origines de « l'évolution intellectuelle des Chinois ». Il y aurait même sûrement eu « plusieurs systèmes cosmogoniques successifs très différents les uns des autres » (Yi-king, King, Taï-kih) dans l'antiquité chinoise. L'auteur analyse le mot kih, sa définition (« le principe et la fin, la condition suprême »), sa portée, son évolution, etc. Il parle ainsi de « Loi suprême », de « condition immuable », de « Justice fatale, intransigeante et ininfluençable », de « Unité absolue et primordiale », de yin (« principe femelle ») et de yang (« principe mâle »).

Dans le domaine philosophique, Léon de Rosny précise que le Taï-kih est « exempt de toute matérialisation, de tout anthropomorphisme » : il n'est « pas capable de prendre forme et même de parler » comme le Dieu de la Bible, ou « d'entendre les récriminations des hommes comme les dieux d'une foule de cultes anciens et modernes ». Par contre, il est identifié comme « le Ciel » mais ce n'est pas une idée anthropomorphique ou individualiste de Dieu : il faut plutôt penser à « émanation céleste » ou « Vertu céleste » (dans le sens de « Caractère spécial », pas dans le sens « bons sentiments » ou « actes généreux »).

2. L'enseignement moral et politique de Confucius. Confucius fut un « grand moraliste, qui professait une doctrine essentiellement utilitaire, c'est-à-dire une doctrine qui se rapproche à bien des égards de ce que nous appelons aujourd'hui le Positivisme ». Cependant Léon de Rosny explique que Confucius fut « un merveilleux observateur » qui a élaboré des « théories politiques et sociales » pour satisfaire « aux sentiments et aux aspirations de sa race » mais que « son esprit était inapte à tout travail de spéculation intellectuelle et même d'exégèse et de critique ». Bien sûr, l'auteur argumente et précise que son contemporain, Lao Tseu, l'avait en « médiocre estime ». En gros, Confucius était confronté à la philosophie cosmogonique (voir le point n° 1), concept(s) qu'il ne comprenait pas et qui ne servai(en)t pas « sa nation au point de vue pratique ». Il a donc créé le Hiao, principalement traduit comme « Piété filiale » mais qui a une portée bien plus importante (morale, politique et intellectuelle) et qui se base sur le « Culte des ancêtres » : respect du passé et « aucune ambition plus haute que celle de survivre par le souvenir chez leurs descendants ». L'auteur n'est pas dupe : « Cette manière de donner satisfaction à l'orgueil humain nous fait sourire » et permet de « dominer la masse », mais ce concept vaut ce qu'il vaut (il n'est pas pire que ceux des Occidentaux) et aucun Chinois ne s'en moquerait ! Ainsi, avec son livre canonique Yih-king (Livre traditionnel des Transformations), Confucius a effectivement transformé la philosophie cosmogonique – Taï-kih – en Chang-ti (équivalent de Dieu), « le grand prince ou chef de tous les génies » avec de nombreux Koueï (divinités, génies, esprits, parfois démons) auxquels il faut rendre hommage (sacrifices). Dans Chang-ti, ti signifie empereur et chang signifie élevé, d'où « Empereur élevé » ou « suprême Empereur ». L'auteur développe bien plus car ti signifie aussi gouverner, je vous laisse découvrir tout ça en lisant le texte de la conférence et les écrits de Léon de Rosny !

3. La philosophie taoïste. On considère Lao Tseu comme le fondateur de cette philosophie mais Léon de Rosny dit que « La doctrine que représente le Tao-teh King témoigne d'une puissance de pensée et de conception telle que je ne puis me résoudre à croire qu'elle ait été l'œuvre d'un seul homme, d'un seul philosophe, dans un pays où le travail de nombreuses générations antérieures ne lui aurait pas préparé toutes les voies. » car « le progrès s'accomplit lentement et avec le concours indispensable d'un nombre considérable de collaborateurs dévoués, tenaces et intelligents. » Et si l'auteur peut affirmer « Je n'ai donc plus aucune hésitation à soutenir désormais que la philosophie taoïste a été la conséquence d'un labeur intellectuel dont les premières manifestations se perdent dans la nuit des temps ou ont été du moins fort antérieures au VIe siècle avant notre ère. », c'est parce qu'il a étudié les textes originaux anciens et les ouvrages des sinologues. Et encore, à son époque (fin du XIXe siècle), les précurseurs et les contemporains de Lao Tseu étaient peu connus. D'ailleurs, le Tao-teh King est « d'une valeur considérable, mais dont l'intelligence présente d'énormes difficultés » et les premières traductions faites avec les connaissances de l'époque n'étaient pas exemptes d'erreurs de compréhension et de traduction... Léon de Rosny explique bien le concept philosophique du Tao qui signifie « route », « parler », « doctrine », parfois traduit par « voie », « Raison primordiale », « Principe suprême », « lumière », « Connaissance absolue » ou même « Dieu » toutefois « il s'applique à la conception d'un Dieu d'une nature non seulement immatérielle, mais indéfinissable. Lao-tse s'exprime à cet égard de la façon la plus formelle : Le Dieu qu'on peut définir, dit-il, n'est pas le Dieu absolu (en chinois : Tao ko tao, feï Tchang Tao.) ». Quant à King, souvent traduit par « Livre sacré », il signifie pourtant « écrit traditionnel ». Et Teh, « veut bien dire « vertu » dans le langage ordinaire, mais dans celui de la philosophie taoïste, il a une bien autre portée : il y exprime l'élément muable, qui est la seconde caractéristique de Dieu, dont la première est l'immuabilité. En d'autres termes, il désigne l'Activité sélective et le Devenir. ». L'auteur précise que cette notion de théologie trinitaire, présente en Chine « dès le VIe siècle avant notre ère », existe aussi en Inde (la trimourti) et au Japon (« Sintauisme primitif », c'est-à-dire shintoïsme primitif). Malheureusement, la théorie philosophique de Lao Tseu « ne devait obtenir d'écho dans les masses ignorantes que lorsque sa doctrine aurait été matérialisée de fond en comble et abâtardie de façon à devenir intelligible pour la foule inculte et à satisfaire ses instincts grossiers. À ce point de vue, il a eu la destinée de tous les grands instituteurs religieux : rien dans la pratique n'a survécu de son œuvre qu'une grossière et mercantile contrefaçon de son enseignement. » : c'est bien triste, mais c'est mon passage préféré (ce n'est qu'un extrait, l'auteur continue dans ses explications).

 

Alors, concernant le peuple chinois, athéisme ou déisme ?

L'idée de Dieu dans la philosophie religieuse de la Chine est un excellent texte à découvrir et à méditer, parfait pour ceux qui s'intéressent aux philosophies orientales, principalement de la Chine. Ce texte est écrit depuis plus d'un siècle (114 ans exactement) mais je le trouve toujours d'actualité pour la compréhension de la Chine antique et de sa (ses) philosophie(s), et surtout, il est relativement pointu mais vraiment à la portée de tous.

L'auteur rappelle « les graves inconvénients qui résultent de l'emploi insuffisamment réfléchi du mot « athée » pour désigner un individu et bien plus encore pour qualifier une race ou une fraction quelconque de l'humanité. » et j'apprécie qu'il dise que : « il n'est pas moins fâcheux de soutenir qu'un peuple est supérieur ou inférieur parce qu'on l'a qualifié plus ou moins à la légère de monothéiste, de polythéiste, de panthéiste, de fétichiste ou d'idolâtre. » car il est vrai que chaque peuple (chaque civilisation) a sa propre notion de Dieu et de la spiritualité (je ne parle pas de religion mais bien de philosophie).

J'ai été surprise du terme « la race Jaune » mais je remets cette utilisation dans le contexte de l'époque, d'autant plus que Léon de Rosny avait un profond intérêt et respect pour l'Asie, ses peuples et ses cultures.

 

En plus des Lundis philo, je mets cette lecture dans les challenges Cent pages (qui se termine le 21 juin), La Belle Époque (1879-1914), Petit Bac 2013 (catégorie Lieu) et Un classique par mois.

 

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 03:50

Première Fête de la Philo du 25 mai au 17 juin 2013

Pourquoi ces dates ? Le 25 mai est le jour de la Sainte Sophie (patronne de la sagesse, de la philosophie) et le 17 juin est le jour de l'épreuve de philosophie au baccalauréat.

Plusieurs manifestations au niveau national : cafés-philo, débats, conférences, rencontres, tables rondes, philo-concerts, lectures, cinés-philo, etc., sur plein de thèmes différents. Je trouve ça super et j'espère qu'il y aura des choses dans ma région !

Le site officiel : cliquez sur le bandeau ci-dessous.

 

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 04:11

Hier on célébrait les 200 ans de la naissance de Søren Kierkegaard et je me suis rappelée que j'avais lu quelque chose de lui. Effectivement en octobre 2011, j'avais lu In vino veritas et je n'avais pas réussi à apprécier pleinement ce classique danois...

 

Alors pour ce 7e Lundi philo avec Heide sur le thème de la littérature, j'ai deux questions auxquelles je n'apporterai pas de réponses toutes faites mais de l'eau au moulin pour qu'on puisse en discuter !

 

Philosophie et littérature font-elles bon ménage ?

La philosophie est chargée de dire le vrai alors que la littérature est chargée de divertir mais ces deux disciplines sont-elles réellement antinomiques ?

Le philosophe peut aussi avoir besoin d'imagination pour observer, apporter des arguments, élaborer une théorie, non ?

Et le romancier peut aussi dire le vrai, bien qu'il soit difficile de retrouver le vrai dans le flux de l'imagination...

À débattre donc !

 

Les philosophes sont-ils de bons écrivains/romanciers ?

Dans l'Antiquité, de nombreux philosophes n'écrivaient pas eux-mêmes, ils philosophaient tout simplement et ce sont des disciples qui ont retranscrit leurs paroles (peut-être même ont-ils parfois modifié ce qu'ils ont entendu ?).

Ne confond-on pas penseur qui écrit un roman et philosophe ? Je pense à Albert Camus mais il y en a d'autres.

Par exemple, George Fonsegrive (1852-1917) est un philosophe français mais aussi un romancier avec Le fils de l'esprit qui est un roman social alors peut-on dire que qu'Honoré de Balzac (1799 -1850) avec sa Comédie humaine ou Émile Zola (1840-1902) avec ses Rougon-Macquart – entre autres – sont des philosophes ?

Pour ça aussi, à débattre !

 

En fait, je voudrais éclater le cliché entre : ceux qui aiment la philosophie lisent des livres philosophiques, des essais et : ceux qui aiment la littérature lisent des roman, des nouvelles voire de la poésie. S'il n'y a pas de littérature dans la philosophie (et encore, c'est à voir...), je pense qu'il peut y avoir de la philosophie dans une œuvre littéraire. Et vous, qu'en pensez-vous ?

 

PS : les articles de Denis, Heide, Lee Rony et Sophie qui est de retour avec son nouveau blog !

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 17:55

LundisPhiloAprès un week-end chargé et un mois pas très présente sur la blogosphère (je veux dire sur les blogs des autres car j'ai essayé de publier régulièrement sur mon blog), je me retrouve en ce lundi 1er avril avec Lundis philo 6e édition sur le rire, thème très intéressant mais pour lequel je n'ai rien lu, rien préparé... Mauvaise élève que je suis ! Pourtant j'ai sur une étagère Histoire du rire et de la dérision, de Georges Minois depuis sa parution en 2000 et je ne l'ai jamais lu. Alors, j'ai le choix : m'en tirer avec une image amusante « Poisson d'avril » ou rédiger quelque chose de plus sérieux.

 

En fait, j'ai cette phrase qui me trotte dans la tête depuis quelques jours (c'est un signe) : « Le rire est le propre de l'homme » et je me demande deux choses :

1. Qui a dit (ou écrit) cette phrase ? (je l'ai su mais je l'ai oublié, ça peut arriver, hein !).

2. Est-ce que cette phrase dit vrai ?

 

Quelle surprise, j'apprends que cette phrase correspond à trois hommes, ayant vécu dans des lieux et à des époques différents ! Parfait, de quoi écrire de façon consistante et enrichissante !

 

Le premier est Aristote qui a vécu en Macédoine au 4e siècle avant Jésus-Christ.

Dans Parties des animaux, Livre 3, chapitre 10, il est écrit « […] l'homme est le seul animal qui ait la faculté de rire ».

Parties des animaux [Περὶ ζώων μορίων/ Perì zốôn moríôn] est un traité en 4 livres présentant une classification des animaux, incluant les humains. Il est disponible en ligne sur Remacle.org et la phrase dont on parle est ici.

 

Le deuxième est Rabelais (qui se serait inspiré d'Aristote) en France en 1534.

Dans Gargantua, dans son Avis aux lecteurs ouvrant le roman, il écrit :

« Mieulx est de ris que de larmes escripre,

Pour ce que rire est le propre de l'homme. ».

Gargantua est le deuxième roman de Rabelais. Attention le titre exact est très long ! C'est : « La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme ». Le livre est disponible librement, en particulier en ancien français sur Athena et Wikisource.

 

Le troisième est Bergson, en France toujours mais au 19e siècle.

Professeur et philosophe, Henri Bergson (1859-1941) analyse le rire dans Le rire, essai sur la signification du comique, un ouvrage philosophique paru le 1er mai 1900 et qui regroupe trois articles publiés dans la Revue de Paris, ces articles devenant les trois chapitres du livre :

Chapitre 1 : Du comique en général, Le comique des formes, Le comique des mouvements, Force d'expansion du comique ;

Chapitre 2 : Le comique de situation, Le comique de mots ;

Chapitre 3 : Le comique de caractère.

 

GorilleRit.jpgTrès intéressant tout ça mais j'ai l'impression que cette phrase ne dit pas la vérité et qu'Aristote ainsi que Rabelais avaient mal observé les animaux ! En effet, certains animaux rient, les chiens, les chevaux, les ânes, les zèbres, les dauphins, même les rats !, et surtout les singes. Sûrement chacun à leur façon, différemment de l'humain, mais il ne faudrait pas occulter cette notion de rire chez d'autres animaux. Par contre, mes chats ne rient pas... C'est bien dommage car j'aime beaucoup rire !

 

Saviez-vous qu'il existe une science qui étudie le rire ? C'est la gélotologie.

Du grec ancien γέλιο (gélio = rire) et λόγος (logos = discours et par extension étude).

Affaire à suivre donc !

 

Les articles de HeideDenis et Lee Rony.

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 17:25

LundisPhiloPremier lundi du mois = lundi philo !

 

Pour ce 5e rendez-vous, Heide a choisi le thème des femmes philosophes (sûrement parce qu'en mars, il y a la journée de la femme).

 

Je veux donc vous présenter Cléobouline (Κλεοβουλίνη), poétesse grecque maniant l'humour  et première femme philosophe (avant elle, il y a quand même eu quelques femmes philosophes en Inde, mais ce sera, pourquoi pas, un autre article !). Elle est très peu connue à tel point que son existence a été mise en doute.

 

Fille de Cléoboulos – à la fois sage et tyran –, Cléobouline a vécu à Lindos (côte est de l'île de Rhodes en Grèce) vers 570 avant Jésus-Christ. Certains, dont Diogène Laërce (début 3e siècle après JC), pensent qu'elle est la mère de Thalès (vers 625-647 avant JC) mais cela n'est pas prouvé du tout.

 

Elle est mentionnée par Diogène (413-327 avant JC) dans Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres (Livre 1, Les Sept Sages) :

« Cléoboule, fils d'Évagore, était originaire de Lindos [...]. On prétend que sa famille remontait à Héraclès, qu'il était très fort et très beau, qu'il étudia la philosophie en Égypte, et qu'il eut pour fille Cléobouline, qui écrivit des énigmes en hexamètres. Cratinos en parle, dans son drame intitulé : les Cléoboules. ».

 

Elle est aussi mentionnée par Aristote (384-322 avant JC) qui s'inspire d'une de ses énigmes :

« Rhétorique, III, 12.

En outre, il ne faut pas tirer de loin les métaphores, mais les emprunter à des objets de la même famille et de la même espèce, de façon que, si les choses ne sont pas nommées, on leur donne l'appellation qui se rattache manifestement au même ordre d'idées.

Exemple, cette énigme bien connue : J'ai vu un homme qui, avec du feu, collait de l'airain sur la peau d'un autre homme.

L'action subie n'est pas nommée, mais dans les termes il y a une idée d'application. L'auteur a donc appelé « collage » l'application de la ventouse.

Poétique.

1458a. Αἰνίγματός τε γὰρ ἰδέα αὕτη ἐστί, τὸ λέγοντα ὑπάρχοντα ἀδύνατα συνάψαι· κατὰ μὲν οὖν τὴν τῶν <ἄλλων> ὀνομάτων σύνθεσιν οὐχ οἷόν τε τοῦτο ποιῆσαι, κατὰ δὲ τὴν μεταφορῶν ἐνδέχεται, οἷον ‘ἄνδρ᾽ εἶδον πυρὶ χαλκὸν ἐπ᾽ ἀνέρι κολλήσαντα’, καὶ τὰ τοιαῦτα.

En effet, une forme de l'énigme, c'est de relier entre elles des choses qui ne peuvent l'être pour énoncer des faits qui existent ; or il n'est pas possible de faire cela par l'alliance des noms, mais il est permis de le faire par métaphore.

Exemple : « J'ai vu un homme qui, au moyen du feu, avait appliqué l'airain sur la peau d'un autre homme » et autres expressions analogues. »

 

Elle est également mentionnée par Plutarque dans le Banquet des Sept Sages (Œuvres morales ou Moralia, entre 72 et 126 après JC) comme étant célèbre et admirée :

1. « Or Anacharsis s'était installé dans cette galerie, et devant lui une jeune fille se tenait, lui séparant les cheveux avec ses mains. Lorsqu'entra Thalès, elle s'élança très librement à sa rencontre, et Thalès, après l'avoir embrassée, lui dit en riant : « Continue à rendre bien beau notre étranger, afin qu'étant devenu la douceur même il ne conserve pas au milieu de nous une mine à faire peur et un aspect sauvage. » Je lui demandai quelle était cette jeune enfant : « Quoi ! » me dit-il, « vous ne connaissez pas la savante et célèbre Eumétis ! Car c'est ainsi que son père la nomme : le plus communément on l'appelle Cléobouline, du nom paternel. » Et Niloxène : « C'est sans doute à cause de son talent et de son habileté pour les énigmes, que vous faites l'éloge de cette jeune fille : car quelques-unes de celles qu'elle a proposées sont parvenues jusqu'en Égypte. » — « Ce n'est pas à cause de cela », répondit Thalès : « les énigmes sont pour elle des joujoux dont elle s'amuse à l'occasion pour faire sa partie avec ceux qui se rencontrent. Mais ce qui est admirable en elle c'est sa profondeur d'esprit, son sens politique, l'aménité de son caractère, et le talent qu'elle a de rendre plus douce l'autorité de son père et d'inspirer à celui-ci des sentiments plus humains à l'égard du peuple. » — « Soit », dit Niloxène : « et cela se reconnaît à voir sa modestie et sa simplicité. Mais d'où vient qu'elle prend un soin si amoureux de la toilette d'Anacharsis ? » — « Parce que c'est, » répondit Thalès, « un sage, un homme des plus instruits, et parce qu'il lui a communiqué, avec de nombreux détails et de grand cœur, l'ensemble des pratiques sanitaires et des purifications que les Scythes appliquent au traitement des malades. Et dans ce moment je suppose qu'elle l'entoure de soins et d'amitiés parce qu'elle s'instruit de quelque chose en conversant avec lui. »

2. « Cléobuline a composé à propos de la flûte Phrygienne l'énigme que voici : « Le tibia du faon cède à celui de l'âne » de sorte que l'on s'étonne que l'âne, si épais et si peu musicien d'ailleurs, fournisse un os essentiellement léger et musical. »

 

Ses énigmes en vers (ressemblant aux fables d'Ésope, arrivé après : vers 620-560 avant JC) et ses charades sont citées par deux poètes comiques : Cratinos (520-423 avant JC) dans Cléboulinas (Κλεοβουλίναι), Alexis dans Cléoboulines (Κλεοβουλίνη) : « Cléobouline de Lindos, fille de Cléobule le sage ; elle composa des vers épiques, des énigmes, dont l'énigme chantée sur l'année […] » et par Aristote (384-322 avant JC) dans Poétiques (voir ci-dessus).

 

Plus tard, Cléobouline est citée par le philosophe et théologien espagnol, Juan Luis Vives (1492-1540) et par l'auteur féministe anglaise, Bathsua Makin (1600-1675).

Roger-Pol Droit et Jean-Philippe de Tonnac en parlent dans Fous comme des sages : « Une fille à énigmes » (pages 35 à 38). « Son père lui fit enseigner tout ce qu'il était possible d'apprendre. […] Elle se passionna pour les énigmes. […] Elle fit de l'invention d'énigmes son activité favorite. […] Son défi : que pas un jour ne passe sans qu'elle ait composé une énigme nouvelle, cohérente, mise en vers exacts, au mètre parfait. ». Et Roger-Pol Droit de conclure : « ces jeux d'esprit, devinettes, énigmes, paradoxes et même astuces, nous savons qu'ils participent des commencements de la philosophie. »

Depuis les années 80, des chercheurs – en particulier américains – font des recherches sur elle et son œuvre mais il ne reste que quatre courts poèmes qui lui sont attribués...

 

Les quatre poèmes-énigmes de Cléobouline

Ils sont issus de l'Anthologie grecque ou Anthologie Palatine (livre XIV).

1. J'ai vu un homme qui, avec du feu, collait du bronze sur un homme,

Le collage était si précis qu'ils faisaient un mélange de sang.

Solution : l'action de poser des ventouses (en bronze).

2. J'ai vu un homme qui volait et trompait avec violence :

Et il exerçait cette violence dans la plus grande légalité.

Solution : un homme qui vole une arme à un individu dangereux.

3. De sa jambe qui porte un sabot, un âne mort m'a frappé les oreilles.

Solution : une flûte taillée dans un os d'âne.

4. Un seul père, douze fils, à chacun d'eux

Deux fois trente filles qui ont deux aspects opposés :

Les unes blanches on peut les voir, les autres au contraire noires.

Bien qu'étant immortelles, elles périssent toutes.

Solution : l'an, les douze mois, trente journées et trente nuits.

 

À noter que les autres femmes philosophes de l'Antiquité sont : Thémistocléa, une prêtresse et philosophe de Delphes (vers 600 avant JC) ; Théana, l'épouse de Pythagore (580-495 avant JC), Damo, Arignote et Myia, leurs filles ; et Mélissa, une philosophe pythagoricienne et mathématicienne. Mais très peu de choses sont connues sur ces femmes philosophes...

 

Les liens des autres participants aux Lundis philo : Heide, Denis et Lee Rony.

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