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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 05:07

AnjinSan.jpgCoupCoeurXXe.pngAnjin-san est un manga de George Akiyama paru aux éditions Le Lézard Noir en juin 2012 (463 pages, 25 €, ISBN 978-2-35348-040-1). Anjin-san (1982-1983) est traduit du japonais par Miyako Slocombe.

 

George Akiyama (ジョージ秋山) est né le 27 avril 1943 à Ashikaga (au nord de Tokyo, dans la préfecture de Tochigi). Son vrai nom est Yûji Akiyama. Il commence sa carrière en 1966. Plus d'infos sur http://www.george-akiyama.com/. Du même auteur : Jintarô, le caïd de Shinjuku (Le Lézard Noir, novembre 2011).

 

Anjin Onodera, c'est un petit bonhomme qui voyage avec son baluchon et qui, l'air de rien, rend service à ceux qu'il rencontre : une strip-teaseuse qui a glissé sous la pluie, une fillette qui attend seule ses parents toute la journée, une vieille femme qui l'arnaque en lui proposant le logis, une autre fillette malade... Un jour, dans une gare, Anjin-san retrouve par hasard un autre voyageur, Monsieur Kirihito, écrivain sans talent que sa femme a quitté.

 

Le thème est tout simple : ce petit bonhomme, chauve et d'un certain âge mais pas vieux et même très vif, rend en fait le sourire voire leur dignité aux personnes qu'il rencontre. Comment ? Dans sa grande sagesse, il les voit telles qu'elles sont et leur renvoie – comme un miroir – ce qu'elles ne voient pas ou plus.

« Le soleil couchant est immense. » (page 100). Le cœur d'Anjin-san est immense, je devrais plutôt dire son âme car Anjin-san, qui vole dans les airs avec son parapluie, est le petit-fils de Shakyamuni qui a 2 500 ans (page 131).

Chaque chapitre est une histoire indépendante mais il y a une réelle continuité et il vaut mieux les lire à la suite plutôt que dans le désordre. Anjin-san et Kirihito vont vivre plusieurs aventures empruntes de philosophie, certaines proches du conte comme La rascasse d'or ou de la légende comme La roche en forme de vagin et sa femme-serpent. Kirihito va mûrir et prendre une place de plus en plus importante, devant Anjin-san qui s'efface peu à peu.

En effet, dans la deuxième partie (dès la page 211), l'histoire change. Anjin-san est de retour dans son village natal, et même dans une auberge qui lui appartient, donc il ne voyage plus. Kirihito reste avec lui et rencontre Hinagiku, une amie d'Anjin-san. C'est une très belle jeune femme, une geisha qui refuse les avances de ses riches clients car elle cherche le véritable amour.

 

Les femmes sont dessinées vraiment grandes par rapport à Anjin-san, c'est parce qu'il a une haute estime d'elles, même de celles qui empruntent un mauvais chemin à un moment de leur vie, comme la prostitution ou la sorcellerie par exemple.

ChallengeDragonFeuLes dessins sont simples, réalistes, il y a quelques beaux paysages, quelques voluptés, et aussi des moments drôles avec du dessin proche du « chibi » comme Anjin-san horrifié page 166 ou qui fuit page 168.

(chibi : personnage petit, mignon, amusant).

 

Parmi mes histoires préférées : Les sanglots de l'ange (page 191) qui s'attache aux relations tendues entre une jeune femme et sa belle-mère, Le choix du mari de Suzume (page 271) dans laquelle l'amie de Hinagiku demande de l'aide pour choisir entre deux prétendants beaux et riches, L'enfant le plus heureux du village (page 347) avec le vieil homme qui ayant perdu son fils unique recherche depuis trente ans un enfant heureux.

 

De l'émotion, de l'humour, un peu de nostalgie, une pointe de fantastique, de l'amour, beaucoup d'amour, de la poésie, de la sérénité, ça fait du bien.

 

En fin de volume, une postface de Rémi Boyer et un entretien entre Shôhei Ônishi et George Akiyama. C'est écrit petit mais c'est très intéressant.

 

SurPagesJaponAout.jpg Une lecture qui entre dans les challenges Dragon 2012 et Sur les pages du Japon.


Vous pouvez lire 19 pages sur http://issuu.com/lelezardnoir/docs/anjin_lesombres, consulter la page 31 sur Le mardi sur son 31 # 19 et voici une vidéo :


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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 04:38

ParisMutuels.jpgCoupCoeur2012Paris mutuels est un roman de Jean-Marie Laclavetine paru aux éditions ELB dans la collection Vendredi 13 en mai 2012 (149 pages, 15 €, ISBN 978-2-35306-051-1).

 

Je remercie Gilles Paris qui m'a envoyé au fur et à mesure les romans déjà parus dans cette excellente collection !

 

Jean-Marie Laclavetine est né le 17 février 1954 à Bordeaux (Gironde). Ce nom me dit quelque chose... Oui ! J'avais lu Première ligne en 1999 et j'en garde un bon souvenir quoique vague (ce roman avait obtenu le Prix Goncourt des Lycéens). En tout cas, il est auteur, éditeur, traducteur de l'italien, a déjà reçu plusieurs prix littéraires et vit à Tours (Indre et Loire).

 

Pour le résumé, je vais être très courte !

Vincent est un homme gentil et immature. Un jour, à l'hippodrome où il a parié sur Vendredi 13, il gagne un joli pactole et rencontre Léa, une belle Antillaise.

Et ? ... Vincent va se faire entuber en beauté !!!

Le lecteur le sait tout de suite, puisque Vincent – qui est le narrateur – raconte sa vie des années après.

 

Que dire d'autre que ce polar est jubilatoire et que j'ai passé un incroyable moment de lecture ! Presque trop court !

C'est pour l'instant mon préféré de la collection Vendredi 13 avec Le chien de Don Quichotte, de Pia Petersen, l'humour sûrement et le destin, une vie transformée pour le meilleur et pour le pire !

 

Page 57, j'ai repéré « me rédimer » que je ne connaissais pas mais dont j'ai compris à mon avis le sens : « me racheter ». Recherches... C'est ça ! « Se racheter, se délivrer, après des poursuites judiciaires ».

 

Allez, quelques extraits pour étoffer ma note de lecture. Vous allez voir, Vincent est malheureux, pathétique, et s'exerce avec succès à l'humour noir !

« J'étais parti pour vous raconter l'histoire de but en blanc, mais je sens bien qu'il va falloir prendre le temps des détours. C'est une vie, après tout, ma vie, quelque chose de normalement compliqué. » (page 8) .

« C'est parti de pas grand chose. Dès qu'elle m'a vu, elle a su que j'étais fait pour elle, c'est ce qu'elle m'a toujours dit. Dès que je l'ai vue, j'ai su que j'étais fait comme un rat. Nous étions jeunes, surtout moi. J'ai pourtant cinq ans de plus qu'elle, mais vous savez ce que c'est. » (page 9).

« La vie nous apprend beaucoup de choses, mais toujours avec un temps de retard qui les rend inutiles ou pénibles, j'ai remarqué ça. » (page 38).

« Je n'étais pas fait pour la paternité, j'ai toujours détesté les enfants, ils sont humides et mous, font du bruit, sentent mauvais, ils vous glissent des mains, courent trop vite, ont d'horribles petites voix de perceuses et semblent avoir été inventés par un démon impitoyable pour gâcher chaque instant de la vie des adultes. » (page 50).

« Bientôt hélas le ver de la lassitude s'introduisit dans le fruit de notre liaison […]. » (page 89).

 

Une lecture pour les challenges Cent pages, Le crime n'a pas de frontière, Thrillers et polars, et aussi Paris je t'aime car on bouge bien dans Paris.  ParisJet'aime

 

DefiCentPages ChallengeCrime ThrillersPolars

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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 05:57

ChienDonQuichotte.jpgCoupCoeur2012Le chien de Don Quichotte est un roman de Pia Petersen paru aux éditions ELB dans la collection Vendredi 13 en mars 2012 (220 pages, 15 €, ISBN 978-2-35306-044-3).

 

Je remercie Gilles Paris pour ce roman.

 

Pia Petersen est née à Copenhague au Danemark mais ce pays ne lui convient pas. Elle a galéré, en Grèce, et en France (où elle vit actuellement) : petits boulots, études à la Sorbonne (français et philosophie), café-librairie puis premières publications. Son premier roman, Le jeu de la facilité, est paru en 2000, et depuis six autres romans ont vu le jour : Parfois il discutait avec Dieu (2004), Une fenêtre au hasard (2005), Passer le pont (2007), Iouri (2009), Une livre de chair (2010) et Le chien de Don Quichotte (2012).

 

Hugo travaille pour Esteban, le riche directeur d'Athenar Entreprises.

Il est un tueur – un « porte-flingue » – et, même si ça a horrifié sa mère, il aime son travail, le fait bien, a la confiance de son patron et mène la belle vie.

Une nuit, dans un bar, il boit un dernier verre à côté d'un prêtre ivre qui ne croit plus en Dieu et qui lui laisse un livre.

Lors de la mission suivante, Hugo abat un homme qui a volé son patron et recueille un chiot attaché qui gémissait sur le parking.

« Il était resté ainsi très longtemps, le chiot sur les genoux et le livre à la main et quand il avait enfin posé le livre, il avait pris une décision. Tout lui paraissait du coup très clair, comme évident. Il allait devenir un autre homme. Il allait se battre pour le bien et sa première bataille serait de ne plus tuer, […]. Àce moment précis où il se décida, il se sentait heureux, […]. » (page 13).

Le chiot et le livre ont ouvert les yeux de Hugo ! Il veut changer de vie. « Il pensait que les gens devaient réapprendre à aimer la vie. » (page 64).

Mais un matin, Hugo et ses collègues, Boris (un autre tueur) et Éric (de l'informatique), se rendent compte d'une cyberattaque et d'argent détourné par le groupe de hackers Vendredi 13.

Hugo et Boris vont devoir traquer les jeunes de ce groupe. Et Hugo ne pourra pas les protéger car il est surveillé par Boris qui a remarqué le changement survenu à son collègue et veut prendre sa place.

« Depuis qu'il avait décidé de faire le bien les gens n'arrêtaient pas de mourir autour de lui. » (page 64) !

 

Un de mes passages préférés

« Les confessions l'avaient brouillé avec le genre humain. Il n'était pas sûr qu'on puisse qualifier l'humanité de genre mais il s'en foutait. Bon dieu, quelle galère. Pour lui, l'humanité n'était pas recommandable, il n'en était pas possible d'en extraire quoi que ce soit de bon, […]. Il avait bien compris que tout homme était remplaçable après consommation alors pourquoi persister à croire en un monde meilleur ? Àchaque idéologie, l'humanité se dégradait davantage. L'optimisme était l'opium des gens désespérés et il trouvait les optimistes déprimants. […]. » (page 67).

 

Pour l'instant, j'ai aimé tous les titres de la collection Vendredi 13 mais celui-ci est pour moi au-dessus du lot ! J'ai énormément apprécié l'écriture fluide et délicate de Pia Petersen, et surtout le thème : le tueur qui veut changer de vie car il a un être à aimer vraiment (un chiot) et parce qu'une lecture a changé son point de vue sur la vie et la mort, sur le bien et le mal. Ah, l'importance de nos lectures sur ce que nous sommes ! Au tout début, j'ai cru que le livre laissé par le prêtre était une Bible (c'était logique), mais il y a bien sûr un indice dans le titre de ce roman. Ainsi, notre Don Quichotte moderne ne réussira pas mieux que le chevalier de Miguel de Cervantes ! Au contraire... Et là, résident l'humour et l'horreur tragi-comique de ce qui arrive dans ce roman jusqu'à l'affrontement final.

Un roman que je verrais bien adapté au cinéma !

 

Cette lecture entre dans les challenges Voisins voisines 2012 et Défi scandinave avec le Danemark, Le crime n'a pas de frontière et Thrillers et polars avec un très très bon polar. Et j'allais oublier le challenge Animaux du monde avec le chien ! VoisinsVoisines2012 ScandinavieNoire
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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 12:41

MaisonSansPareil1.jpgCoupCoeur2012L'oiseau noir, premier tome de La maison Sans-Pareil, d'Elliot Skell est paru aux éditions Flammarion en juin 2012 (350 pages, 13 €, ISBN 978-2-0812-5393-3). Neversuch House – Night of the Black Condor (2011) est traduit de l'anglais par Alice Marchand.

 

Je remercie Brigitte et les éditions Flammarion de m'avoir fait découvrir cette mystérieuse maison !

 

Elliot Skell « est un jeune auteur britannique, qui excelle dans l'art de raconter des histoires drôles et merveilleuses » nous dit l'éditeur (et je n'ai pas trouvé d'autres infos sur cet auteur).

 

Un vieil homme dans un fauteuil roulant, une bague au rubis, un hall des marionnettes au sommet d'une tour, et un jeune homme inconnu qui pousse le fauteuil du haut des escaliers.

Omnia Capelan, 12 ans et un quart veut découvrir la vérité.

Bien longtemps avant ce crime, le Capitaine Éterlevant Capelan et son fidèle second, Bobet, accostèrent sur une plage, brûlèrent le bateau et partirent avec six grands coffres. Trois ans après, ils revinrent et achetèrent des terres pour faire construire – pendant cinq ans – la Maison Sans-Pareil.

« Ainsi, la Maison avait été terminée, bien que ce grand bazar n'eût d'une « maison » que le nom et même les termes de « manoir » ou de « palais » fussent insuffisants pour qualifier le grotesque édifice tentaculaire qui avait poussé à côté du village de Brumeville-la-Petite. » (page 17).

Dix ans après, Éterlevant Capelan épousa Bégonia Frieslander, arrivée par bateau, et en 14 ans, ils eurent six enfants, trois garçons et trois filles.

Pendant 200 ans, plusieurs générations de Capelan se sont succédées jusqu'au dixième capitaine de la maison : Étersage assassiné à l'âge de 87 ans dans son fauteuil... Sans avoir dit qui était son successeur parmi les descendants Capelan comme le veut la coutume !

Les domestiques et les employés se succèdent aussi depuis la première génération d'ouvriers mais ne se mélangent jamais avec les Capelan qui ne sortent jamais de l'enceinte de la maison Sans-Pareil.

Depuis la mort d'Étersage, sa veuve, Allévia, et plusieurs habitants ont vu un énorme oiseau noir voler au-dessus de la grande tour.

Après le banquet et la lecture du testament, tous – Capelan et employés – se précipitent dans les appartements du défunt et dans la tour pour récupérer quelque chose. Tous sauf Allévia (ses pieds ne doivent pas toucher le sol ce jour-là) et Omnia (elle est différente des autres Capela et remarque des événements bizarres).

« Pourtant, elle retourna vérifier, en se disant que ce serait la dernière fois. Si elle ne l'avait pas fait, l'enchaînement d'aventures incroyables qui lui arriva se serait sans doute arrêté là, alors qu'il avait à peine commencé, et tout le monde aurait continué à croire que la chute de cette tuile dans le Hall des Inclinaisons était juste un étrange accident, y compris Omnia. [...] » (page 105).

Heureusement Omnia peut faire confiance à son cousin Étergrand et à Basilica Capelan qui lui a sauvé la vie.

 

L'oiseau noir est un roman fantastique fascinant, intrigant aussi bien au niveau de la maison que de ses habitants.

Le retour en arrière avec le Capitaine et Bobet est passionnant et permet de découvrir l'histoire de la famille Capelan et des employés, l'origine de la maison.

Mais il y a encore des questions sans réponse : d'où leur vient cette immense richesse, pourquoi les Capelan ne sortent jamais de la maison, pourquoi les épouses des capitaines arrivent-elles de l'extérieur et de loin, etc.

Les habitants (famille Capelan et employés) sont très bien organisés, ils ont une hiérarchie, des traditions, des règles, et même des hobbies, mais c'est un monde vraiment différent du nôtre : un monde riche et mystérieux, créé par un auteur à l'imagination débordante qui prend à partie le lecteur et qui s'empare de lui pour lui faire peur, lui infliger des dangers inconnus et le sauver grâce à de judicieux passages secrets.

Les personnages sont évidemment assez nombreux mais ce n'est pas gênant car on s'attache surtout à Omnia et Étergrand quoique j'ai eu un petit faible pour Cornélius Halodule !

À noter qu'en anglais, la maison Sans-Pareil porte le nom de Neversuch House, et les Capelan se nomment Everwise.

Un petit détail, mais qui compte : la couverture est une réussite.

Mystère, aventure, intrigues et suspense sont au rendez-vous et ce premier tome est un gros coup de cœur pour moi : vivement la suite !

 

Une lecture pour les challenges Littérature jeunesse & young adults, Premier roman, Au-delà de la peur, God save the livre et Le crime n'a pas de frontière. Je me suis rendue compte que j'avais oublié Voisins Voisines 2012.

 

 VoisinsVoisines2012 JeunesseYoungAdults PremierRoman1
Audelapeur3 GodSaveLivre ChallengeCrime

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 20:01

PenelopeGreen2.jpgCoupCoeur2012L'affaire Bluewaters est le tome 2 de Penelope Green, de Béatrice Bottet. Il est paru aux éditions Casterman en mai 2012 (330 pages, 15 €, ISBN 978-2-203-04016-6).

 

Je remercie Brigitte et les éditions Casterman de m'avoir envoyé ce roman. Je rappelle que le tome 1, La chanson des enfants perdus, avait été en 2011 mon coup de cœur de littérature jeunesse/young adults (avec La route des magiciens (Les Dolce, 1) de Frédéric Petitjean).

 

Prologue : une adolescente arrive dans une pension ; elle est renommée Vivian.

« Pas un orphelinat, non. À Bluewaters les enfants n'ont pas d'identité, pas d'existence légale. » (page 45).

Des années plus tard, mais moins de deux mois après l'enquête dans le quartier malfamé de l'East End, Penelope Green et Cyprien Bonaventure sont à bord de la Pearly Mermaid, un navire transatlantique qui navigue vers New York.

Si pour son premier voyage en paquebot Penelope voyage en tant que passagère en première classe, Cyprien lui travaille en tant que marin.

« Ni marins ni passagers sur le pont. Penelope attendit tranquillement, admirant pour la première fois depuis le départ les reflets des étoiles sur l'eau, s'imprégnant de cette beauté marine, de l'odeur saline, du son des cliquetis métalliques et du vent. » (page 25).

« L'ambiance sur ces navires transatlantiques, au moins en première classe, était sans aucun doute détendue, raffinée, un peu mondaine, et chacun ici respirait une prospérité de bon aloi. Il n'en était sûrement pas de même en troisième classe, où dans des entreponts collectifs sans aération s'entassaient des familles entières de candidats à l'émigration, ou en seconde, où voyageait une population plus ordinaire. » (page 36).

J.H. Grayson, du Early Morning News, a envoyé Penelope interviewer Alison Redfern, une poétesse américaine qui vient de recevoir un prix littéraire. Elle en profitera pour écrire une série d'articles sur la condition des femmes sur le nouveau continent et sur ce qu'elle juge intéressant.

À bord, Penelope rencontre Mr Pemberton, un magicien hypnotiseur qui la délivre du mal de mer, Mr Chapman, un policier new-yorkais, et Helen Pryce qui lui remet une lettre de la part de Grayson.

Après s'être installée dans une petite pension de famille agréable, Claremont House, Penelope commence son travail de journaliste. D'abord interviewer Miss Redfern puis enquêter sur Bluewaters.

« La foule new-yorkaise semblait ne jamais s'arrêter et virevoltait autour du banc où ils s'étaient assis. Le tintamarre des tramways, des sabots de chevaux, des conversations, des vendeurs à la criée et des ritournelles des chanteurs de rues était assourdissant. » (pages 116-117).

« Des hommes qui tapent leur femme. Des gars qui se bagarrent à cause de l'alcool. Des crimes pour un drap, pour une cruche, pour une place dans un dortoir. La misère fait faire des horreurs. Ne t'étonne pas. » (page 132).

 

Après la lecture du tome 1, j'attendais avec impatience le tome 2 et je n'ai pas été déçue. Bien sûr, il est construit sur le même modèle (une découverte, une enquête, un méchant, du danger, du rebondissement...) mais il est aussi différent tant par le thème que par la démarche de Penelope et Cyprien.

Penelope va continuer d'enquêter et c'est tant mieux car je suis épatée !

« N'oublie pas que c'est lui qui m'a chargée d'enquêter, de par tout le vaste monde, sur toutes les facettes de la situation de la femme. Eh bien, ça, ça en fait partie, crois-moi. Il est question de changer les mentalités en prévision du XXe siècle, alors je peux aussi bien chercher à faire fort tout de suite. » (page 248).

Vivement la prochaine enquête donc ! Je me demande sur quel continent Grayson va envoyer Penelope.

 

Une lecture pour les challenges La Belle Époque, Littérature jeunesse & young adults et Le crime n'a pas de frontière.

ChallengeBelleEpoque JeunesseYoungAdults ChallengeCrime

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 04:13

EtrennesRussie.jpgCoupCoeur2009.pngÉtrennes de Russie est un roman de Christelle Ravey paru aux éditions de La Boucle en mars 2009 (250 pages, 14 €, ISBN 978-2-35715-003-4).

 

Je remercie les Agents littéraires et les éditions de La Boucle pour ce magnifique roman.

 

Christelle Ravey est née à Besançon en 1973 et a étudié les Lettres à Lyon où elle vit actuellement. Cette romancière écrit aussi pour la presse et anime des ateliers d'écriture.

Du même auteur : De couleur... mauve (2004), Le tapisseau byzantin (2005), Amours en fugue (2008), Partition singulière (2011).

Plus d'infos sur son site http://www.christelleravey.net/.

 

Maison de la Pomme-de-Pin, à La Tranche sur Mer, 1928.

Sidonie a six ans. Elle passe les étés au bord de l'océan avec sa mère, une belle jeune femme russe qui joue du piano, et ses frères aînés, Alix et Louis. Son père, Antoine Gauveau, notaire à Luçon, vient aussi. Ainsi que Lucia, leur bonne.

« La révolution avait changé le cours de ses rêves, mais Tatiana Nicolaevna n'en avait guère été malheureuse. Elle avait laissé en Russie les peurs et les deuils. » (page 34).

Dans la maison en face, la Bellesauve, vit un couple étrange qui ne parle à personne et Sidonie aime observer la belle inconnue.

« Il faut des mots pour continuer. Et des mots, il n'y en a plus. Rien que le silence, et le bruit des vagues, attirant, effrayant. Fait pour remplir le vide. » (page 13).

Mais la vie est cruelle et Sidonie perd sa maman en janvier 1930.

Lors des vacances à la mer, à l'été 1931, avec ses frères et Lucia, l'enfant se rend compte que la Bellesauve est – et reste – fermée.

« Sidonie aimerait être plus grande pour franchir la porte de la Bellesauve, gravir les escaliers qui montent au premier et puis regarder là, sous la marche la plus haute, le carnet que la femme a caché... » (page 51).

 

Paris, 1999.

Célia étudiante en Histoire, d'origine russe par sa mère, a trouvé un job d'été : garder une vieille dame à La Tranche sur Mer. C'est parfait pour passer ses vacances au bord de l'eau et apprendre le texte pour son rôle dans Roussalka.

« Je vous admire de faire du théâtre. Il me semble que cela m'aurait tentée, mais j'aurais été bien incapable d'aller au bout d'un tel projet. J'ai toujours éprouvé une espèce de fascination pour ces gens qui passent le plus clair de leur temps à créer d'autres mondes pour redire et re-redire le nôtre ! » (page 83).

La vieille dame s'appelle Sidonie. Sa fille, Brigitte, et son gendre, André, pensent qu'elle est devenue dingue depuis son attaque cérébrale...

« Dans la tête de Sidonie, un peu du passé revient dans le présent, un peu du présent s'éclipse, oublie de s'inscrire. » (page 73).

Un soir, sur la plage, près d'un blockhaus, Célia rencontre un Allemand, Günther Wortmann, qui était sur le front russe dans les années 40.

« Le temps passe. Un temps qui n'a rien à voir avec le temps. Un temps dépourvu d'avant ou d'après. Un temps qui n'a personne pour l'habiter, le faire exister. Un vrai temps d'éternité. » (page 95).

 

Extrait du journal de Macha : « […] les jaloux n'ont pas besoin de prétextes, encore moins de raisons. Ils fabriquent au fur et à mesure un monde imaginaire qui se substitue au réel, leur monde n'est plus le nôtre. Rien ne sert de se défendre. Ils sont ailleurs, peuplés de visions, d'étranges certitudes, de fabuleux raisonnements. » (page 230).

 

J'ai déjà parlé de ce très beau roman dans Le mardi sur son 31 # 5 avec un extrait de la page 31. J'ai été immédiatement sous le charme d'Étrennes de Russie. L'écriture de Christelle Ravey est d'une telle élégance, tout en finesse (ça m'a fait penser à Tous nos petits morceaux, d'Emmanuelle Urien lu l'automne dernier). C'est un roman qui parle du temps qui passe et qui voit partir les gens, de la famille, de l'amour, des souvenirs, d'une petite fille devenue une vieille dame qui va découvrir un secret et d'une jeune femme qui va aussi déceler d'où elle vient et qui elle est.

Étrennes de Russie a été nominé pour le Prix Chronos de littérature 2010, a reçu le Prix Vaugelas 2011 et il le mérite amplement !

Un gros coup de cœur pour moi et je vous conseille chaleureusement ce roman que j'ai tant aimé que je l'ai envoyé à une blogueuse que j'aime bien pour son anniversaire (désolée pour le petit retard).

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 22:50

LeLieutenant.jpgCoupCoeur2012.pngLe lieutenant est un roman de Kate Grenville paru aux éditions Métailié dans la collection Bibliothèque anglo-saxonne en février 2012 (239 pages, 20,50 €, ISBN 978-2-86424-852-1). The lieutenant (2008) est traduit de l'australien par Mireille Vignol.

 

Je remercie Newsbook et les éditions Métailié pour ce partenariat.

 

Kate Grenville est née le 14 octobre 1950 à Sydney (Australie). Elle est éditrice de films documentaires et professeur d'écriture créative. Elle écrit des nouvelles et des romans depuis 1984 et a reçu plusieurs prix littéraires.

Du même auteur : Le fleuve secret (Métailié, 2010).

Plus d'infos sur http://kategrenville.com/.

 

Daniel Rooke naît le 3 mars 1762 à Portsmouth où il vit avec ses parents et ses deux jeunes sœurs, Anne et Bessie. Dans ce village portuaire, tout le monde sait que c'est un enfant idiot. Mais en fait, il est particulièrement doué pour les chiffres et, à l'âge de 8 ans, il reçoit une bourse du Docteur Adair pour étudier à l'Académie navale de Portsmouth. Là, il apprend les mathématiques, l'anglais, le français, l'allemand, le latin, le grec, l'astronomie et la navigation. Il découvre qu'il a l'oreille absolue et pratique aussi le chant et l'orgue. En 1775, il a l'honneur de visiter l'Observatoire de Greenwich et de rencontrer l'Astronome royal. Évidemment, intelligence et talent attisent la jalousie et il est maltraité par ses camarades qui viennent tous de familles plus aisées.

Lorsque, à même pas 16 ans, il s'engage dans les marines, il voyage à bord du Resolution jusqu'à Antigua et se lie d'amitié avec Talbot Silk qui lui sait faire jouer les mots. Dans cette île des Antilles, il voit des esclaves pour la première fois et s'en trouve fort touché.

Blessé à la guerre, il est renvoyé chez lui en Angleterre et retrouve les siens. Il enseigne le grec et les mathématiques aux enfants mais aspire à autre chose. « Il n'en avait aucune preuve, mais il croyait dur comme fer qu'il trouverait un jour, quelque part au monde, l'endroit qui conviendrait à la personne qu'il était. » (page 21).

Et l'occasion, unique, va se présenter : en 1786. Le Docteur Vickery prévoit qu'une comète (autre que celle de Halley) sera visible entre octobre 1788 et mars 1789 mais seulement dans l'hémisphère sud. Le lieutenant Daniel Rooke embarque donc pour la Nouvelle-Galles-du-Sud. À bord du Sirius, il occupe les fonctions d'astronome. Un peu plus de neuf mois après, il débarque dans une baie inconnue (qui sera appelée Sydney Cove) et voit des naturels pour la première fois.

Une colonie se construit, formée par 800 forçats, 200 soldats et le gouverneur Gilbert (le premier gouverneur nommé par sa Majesté en Australie). Rooke, lui, installe un observatoire de fortune au sommet d'un promontoire rocheux. Il va bien sûr observer le ciel mais aussi les naturels et essayer de comprendre et de retranscrire leur langue.

« En toutes circonstances, les naturels seront traités avec cordialité et bonté, hurla-t-il [le gouverneur Gilbert] pour couvrir le grondement croissant des prisonniers. […] Nous devons absolument établir un contact amical avec les natifs, poursuivit-il. Sans leur coopération, nous risquons de compromettre le progrès et l'existence même de cette colonie. […]. » (page 57).

Mais tout ne va pas se passer comme espéré...

 

Daniel Rooke a souffert depuis l'enfance de sa différence. « Que ce soit en raison de sa stupidité ou de son intelligence, le résultat était le même : il souffrait le supplice de ne pas être plus en phase avec le monde. » (pages 14-15). « Il aspirait à devenir un garçon plus ordinaire, mais il était impuissant à devenir autre chose que lui-même. » (page 17). Il va donc apprendre consciencieusement, devenir un homme et, malgré le fait qu'il soit un soldat de sa Majesté George III, va devenir lui-même et développer une conscience humaniste.

« Il avait recherché l'insolite. Il était servi : l'étrangeté de cet endroit dépassait l'entendement. » (page 83).

Effectivement tout est insolite, en Nouvelle-Galles-du-Sud : le temps, la population, la langue, les animaux, les arbres... Même les étoiles sont différentes !

Les premiers contacts avec les naturels en auront pris du temps ! Mais Rooke se lie avec quelques natifs, hommes, femmes, enfants, et note tous les mots qu'il comprend (ou croit comprendre) dans des petits carnets bleus. « Mais une langue ne s'arrêtait pas à une simple liste de mots ni à une collection de fragments disparates comme une boîte d'écrous et de boulons. La langue était une machine. Pour l'activer, chaque aspect devait être compris en relation avec tous les autres. » (page 126).

La découverte de « l'autre » m'a fait penser aux paroles de Kenzaburô Ôé. Il y a dans l'attitude et les convictions de Rooke, non seulement la découverte, mais aussi le respect de l'autre, la volonté d'en savoir plus et de se nourrir l'un de l'autre.

Mais puisque les choses n'évoluent pas comme prévu, il faudra choisir : obéir ou désobéir.

Avec ce roman dense, qui se lit pourtant vite, j'ai vu passer le temps, différemment je veux dire. La narration prend son temps, il y a d'intéressantes descriptions, tout est à sa place sauf ces hommes qui arrivent de nulle part et sont perdus à l'autre bout du monde. J'ai appris beaucoup de choses et j'ai pris grand plaisir à la lecture de ce beau roman.

Kate Grenville explique que cette fiction est librement inspirée de l'histoire du lieutenant William Dawes qui « consacra le restant de ses jours au mouvement pour l'abolition de l'esclavage […]. » (page 239).

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 02:02

PaysKangourous.jpgCoupCoeur2012Au pays des kangourous est un roman de Gilles Paris paru aux éditions Don Quichotte en janvier 2012 (249 pages, 18 €, ISBN 978-2-35949-058-9).

 

Gilles Paris est né le 5 avril 1959 à Suresnes (Hauts de Seine). Il travaille dans le monde de l'édition. Il a déjà publié deux romans, Papa et maman sont morts (1991, réédition janvier 2012) et Autobiographie d'une courgette (2002) pour lequel il a aussi écrit le scénario du téléfilm C'est mieux la vie quand on est grand (2008). Au pays des kangourous est son troisième roman. Plus d'infos sur http://www.gillesparis.net/.

 

Je remercie les éditions Don Quichotte de m'avoir envoyé ce roman et Gilles Paris pour son amicale dédicace.

 

Simon Ravine est un enfant de 9 ans. Il est en classe de CM1, bon élève. Il aurait aimé avoir une petite sœur, Lily, mais ce sont les parents qui décident de ça. Il a des copains en particulier Jérémy et son chien, Franklin. Il joue à des jeux de société (Mille Bornes, Monopoly) et avec sa DS. Il rêve beaucoup, même éveillé. Il vit avec ses parents dans un bel appartement parisien, avenue Paul-Doumer au Trocadéro. Son papa, Paul, est écrivain et passe beaucoup de temps avec lui. Bref Simon a tout pour être heureux sauf que...

Sa maman, Carole, une jeune femme belle et ambitieuse, a préféré privilégier sa carrière et, en tant que directrice de marketing chez Danone, elle fait souvent des séjours de plusieurs mois au pays des kangourous. C'est comme ça que Simon nomme l'Australie : un pays si lointain qu'il faut de longs voyages en avion pour y aller et en revenir, et à cause du décalage horaire, il est à l'école chaque fois que sa maman téléphone.

Un matin, Simon, retrouve son père enfermé dans le lave-vaisselle. Paul n'est plus le même, ses yeux verts sont devenus gris, il n'a plus goût à la vie, il va être hospitalisé...

Heureusement, Simon a une grand-mère formidable, Lola : elle a plusieurs copines un peu excentriques qu'il appelle affectueusement Les Sorcières (elles dansent pieds nus, elles communiquent avec les morts), un chauffeur qui dit Monsieur même aux enfants, et un copain forain qui lui tourne autour car Lola ne s'est jamais mariée avec le père de papa.

Simon va rendre visite à son papa à la clinique de Meudon. Pendant que Lola est avec le médecin, Simon va chercher une boisson au distributeur. Il rencontre Lily, une fillette étrange aux yeux violets.

 

Comme c'est Simon le narrateur, tout est vu par ses yeux d'enfant et son imagination. Sa compréhension est faussée puisque les adultes ont décidé de ne pas lui dire la vérité mais il porte quand même un regard lucide sur ce qu'il voit et ce qu'il connaît. Par exemple, « Les grandes personnes adorent collectionner des tas d'objets qui ne servent à rien. » (page 12). Pour Paul, ce sont les livres, pour Carole, des bougies que Simon n'a pas le droit d'allumer et pour Lola, des grenouilles (certaines font même un peu peur).

Les rêves de Simon lui permettent de comprendre des choses mais ils sont parfois tellement oniriques qu'ils l'embrouillent aussi et lui font craindre des êtres qui n'existent pas. « Je n'ai jamais parlé des monstres à papa et à maman. » (page 33).

Simon sait qu'il y a des choses qui ne lui sont pas encore accessibles. « Je n'ai pas de copine encore. J'attends le coup de foudre comme dans les films. » (page 48). Mais il n'est pas pressé. « Toutes les filles que je connais sont bêtes. » (page 49). Ainsi il ne pose pas de questions sur les relations entre son papa et sa maman et pense même que les absences de Carole sont normales. Il l'aime, ne la juge pas et il est persuadé qu'elle va revenir. Mais il se rappelle les disputes entre ses parents, les moments où sa maman était là mais comme absente car elle s'enfermait dans la chambre d'amis et passait des heures au téléphone avec ses copines. « Papa ou maman se sont dit des choses terribles comme si je n'étais pas là et, quand il faut dire des choses vraies, ils tournent autour des mots. Tout m'échappe, parce qu'il me manque l'essentiel. La vérité. » (page 103).

Voilà le maître-mot : vérité ! Il faut dire la vérité aux enfants. Sinon, ils s'imaginent des choses complètement différentes, des choses parfois horribles, ils inventent, ils apprennent à vivre dans le mensonge et le non-dit. « Quand une grande personne décide de ne plus parler d'un souci, elle l'enterre si profond que personne n'ose proposer sa pelle. » (page 165).

Quant à Lily, la fillette que Simon rencontre à la clinique, elle est presque irréelle : comment fait-elle pour être dans chacun des trois hôpitaux où Paul est envoyé ? Comment peut-elle savoir des choses sur son papa et sa maman ? Qu'est-ce qu'elle entend par dépression ? Et pourquoi son meilleur ami, Jérémy, dit-il que Paul est dingue ?

 

Ce qui est intéressant avec ce livre triste, c'est qu'il est drôle, oui vous avez bien lu, les deux ne sont pas antinomiques ! Simon est touchant, son papa aussi, et leur histoire est émouvante. Lorsque Paul s'enfonce dans la dépression, le lecteur s'enfonce avec lui, et puis l'innocence de Simon, la vivacité de Lily, l'abnégation du chauffeur, le pardon à Jérémy, l'originalité de Lola et des Sorcières en font sortir peu à peu, en même temps que le papa, pour aller vers une fin heureuse, naturelle et pas mièvre (plutôt proche de la vie réelle en fait).

Au pays des kangourous est un conte moderne qui fait réfléchir mais qui ne juge pas, ainsi chaque lecteur pourra y retrouver une petite partie de soi, un détail, un souvenir, la joie, la tristesse, l'amour, la vie.

 

CoeurCrayonMon passage préféré

(et pas seulement parce qu'aujourd'hui c'est la Saint Valentin)

« Il vaut mieux ne parler à personne des gens qu'on aime. Les mots pour dire la magie et le mystère de la personne qu'on aime n'existent pas. En parler retire même un peu de magie et de mystère. Après, c'est quelqu'un comme tout le monde et c'est bien fait pour celle ou celui qui en a trop parlé. » (page 234).

 

PS du 21 mars : Les éditions Don Quichotte m'apprennent ce jour que Gilles Paris vient de recevoir le Prix Cœur de France 2012 pour ce roman (« Ce prix à vocation littéraire récompense un roman accessible au plus grand nombre. »). Je suis très contente pour Gilles Paris parce que son roman est très réussi et émouvant. Pour ceux qui habitent (ou qui seront) à Limoges, le prix sera décerné au Salon du Livre de Limoges le samedi 31 mars à 17 heures par les membres du Jury (Mesdames Madeleine Chapsal, Janine Boissard, Ève Ruggieri, Sonia Rykiel, Régine Deforges, Marie-Paule Barruche, et Messieurs Éric Portais et Gonzague Saint-Bris). Vous nous raconterez !

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 06:32

ObscureMemoire.jpgCoupCoeur2011L'obscure mémoire des armes est un roman de Ramón Díaz-Eterovic paru aux éditions Métailié Noir en mars 2011 (280 pages, 19 €, ISBN 978-2-86424-768-5). La oscura memoria de las armas (2008) est traduit de l'espagnol (Chili) par Bertille Hausberg.

 

Ramón Díaz-Eterovic est né le 15 juillet 1956 à Punta Arenas dans le sud du Chili (détroit de Magellan). Il est diplômé de l'université de Santiago en Sciences politiques et administratives. Il est écrivain et poète.

Du même auteur aux éditions Métailié : Les sept fils de Simenon (2001), La mort se lève tôt (2004), Les yeux du cœur (2007) et La couleur de la peau (2008).

 

Après avoir lu La couleur de la peau, j'ai voulu lire les autres romans de Ramón Díaz-Eterovic. L'obscure mémoire des armes est le dernier paru. Je lirai les précédents plus tard.

 

« Le pire, c'était de n'avoir rien à faire. Ou presque rien car, de temps en temps, je me donnais la peine d'allumer une cigarette, de mettre une autre cassette dans la chaîne stéréo et d'humecter mon index droit pour tourner les pages du livre que je lisais sans cesser d'être attentif aux coups que quelqu'un pourrait frapper à la porte de mon bureau. Parfois j'essayais aussi de parler avec Simenon, et quand l'ennui me serrait la gorge, je quittais l'appartement et descendait au kiosque d'Anselmo parler des programmes hippiques de la semaine […]. » (page 13, début du roman).

Heredia a maintenant 50 ans et voit régulièrement Griseta qu'il a rencontrée il y a 13 ans. Sa vie n'a pas changé, il a toujours peu de clients donc peu d'argent et en plus il y a prolifération d'agences de détectives donc concurrence.

« Sale temps pour un détective tout juste capable d'offrir à ses clients son flair aléatoire et la certitude de ses doutes. » (page 19).

Il n'a même pas une histoire à raconter au Scribouillard, son ami écrivain... Ce qui ne l'empêche pas de lire (Wilkie Collins, Osvaldo, Soriano, Philip K. Dick, Mankell...).

Mais Griseta arrive avec une amie retrouvée il y a peu, Virginia Reyes, professeur de maths : son unique frère, Germán a été tué à la sortie de son travail alors que depuis une semaine, il se sentait suivi et avait peur.

Germán avait 60 ans ; il avait été torturé à la Villa Grimaldi et avait témoigné pour la commission Valech : « commission gouvernementale chargée de réunir les dépositions de personnes torturées ou de prisonniers politiques » (page 49). Il devait épouser Benilde de Roos, une infirmière plus jeune que lui, et fréquentait le Centre culturel América.

Le Commissaire débarque en pleine nuit chez Heredia : Carvilio, le collègue de Germán à la Casa Léon vient d'être lui aussi assassiné.

Ainsi donc, Heredia doit enquêter sur les victimes de la junte militaire et retrouver les tortionnaires... Il va mettre son ami journaliste et fondateur de La Trace Rouge, Marcos Campbell, sur le coup. Et aussi travailler avec un autre privé, Atilio Montegón, embauché par le patron de la Casa Léon qui soupçonne des voleurs parmi ses employés.

 

Décidément, ce détective privé, allergique à l'informatique et à Internet, est bien attachant. Mais Simenon commence à se faire vieux (14 ans) et j'espère qu'il y aura de prochaines aventures.

Heredia est confronté dans cette enquête au passé (aux démons) du Chili et j'ai encore appris beaucoup de choses sur ce pays à travers ce roman noir et passionnant.

« Le passé était une blessure qui n'avait jamais été totalement désinfectée et laissait échapper sa pestilence à la moindre inadvertance. » (page 144).

 

Quelques extraits

« […] les feuilles du calendrier étaient tombées peu à peu avec leur inévitable rigueur. » (page 15).

« La ville impose une vie rapide et impersonnelle, sans laisser beaucoup de chance aux sentiments. Pas de quoi s'inquiéter sauf si on a une vocation de voisine cancanière ou d'écrivain intéressé par les tracas d'autrui. » (page 18).

« Le temps engloutit tout et on les oubliera, comme tant d'autres. Ils ne seront plus que des noms gravés sur une pierre. » (page 95).

« Ça me déplaît de voir les assassins se promener dans les rues. » (page 123).

 

Mon passage préféré

« – Dans cette pièce, il y a assez de place pour un autre bureau. Vous avez lu tous les livres posés sur les étagères ou ils sont là pour décorer ? a-t-il demandé après s'être levé.

Je les ai presque tous lus.

Pourquoi lire autant ?

Pour vivre mieux et plus.

Montegón s'est dirigé vers la porte :

Mon père ne m'a jamais permis d'avoir beaucoup de contacts avec les livres. Aujourd'hui encore, il dit que trop de bouquins et de branlettes ramollissent le cerveau. Qu'en pensez-vous ?

D'autres pensent que d'aussi nobles occupations stimulent l'imagination.

J'en ferai part à mon père à notre prochaine rencontre. »

(page 136).

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 18:51

CouleurPeau.jpgCoupCoeur2008.pngLa couleur de la peau est un roman de Ramón Díaz-Eterovic paru aux éditions Métailié Noir en mai 2008 (230 pages, 18 €, ISBN 978-2-86424-655-8). El color de la piel (2003) est traduit de l'espagnol (Chili) par Bertille Hausberg.

 

Ramón Díaz-Eterovic est né le 15 juillet 1956 à Punta Arenas dans le sud du Chili (détroit de Magellan). Il est diplômé de l'université de Santiago en Sciences politiques et administratives. Il est écrivain et poète.

Du même auteur aux éditions Métailié : Les sept fils de Simenon (2001), La mort se lève tôt (2004), Les yeux du cœur (2007) et L'obscure mémoire des armes (2011) pour lequel il a reçu le « Premio Altazor de Narrativ » en 2009.

 

Lorsque j'ai vu que ce roman mettait en scène un détective privé qui vit avec un chat, j'ai tout de suite voulu le lire et tant pis si je n'avais pas lu les précédents tomes !

 

Le détective privé, c'est Heredia. Il a un bureau « Heredia, enquêtes légales » attenant à son appartement au dernier étage d'un immeuble dans un quartier populaire de Santiago.

Le chat, tout blanc, c'est Simenon, philosophe, gourmand et impertinent ; il connaît Shakespeare.

 

Au bistrot du coin, Heredia prend la défense d'un jeune Péruvien solitaire, Aparicio Méndez.

« Une partie du quartier s'appelle 'la petite Lima'. Les Péruviens viennent au Chili en croyant que c'est le paradis, mais c'est une erreur. Il y a beaucoup de monde autour de la table et, aujourd'hui, plus personne ne multiplie les pains. » (page 28).

Peu de temps après, Aparicio Méndez se présente au bureau du détective avec un ami, Roberto Coiro, 40 ans. Le frère cadet de Roberto, Alberto Coiro, 25 ans, a disparu depuis deux semaines. Heredia est-il d'accord pour enquêter ?

« La vie est plus facile si on ne parle pas de religion, de politique ou de foot, disait un de mes professeurs à l'orphelinat […]. » (page 32).

Heredia va se démener pour savoir ce qui est arrivé au jeune Alberto. Il va enquêter parmi les émigrés péruviens qui subissent le racisme et vivent dans la pauvreté même s'ils ont un travail.

« Chiliens, Péruviens, Argentins, Boliviens, on est tous dans la même galère. La misère a partout le même visage. » (Aparicio Méndez, page 175).

 

Un de mes passages préférés

« Simenon est venu s'installer près de moi. Son oisiveté et sa beauté étaient intactes malgré l'âge et les coups de griffe récoltés dans ses bagarres avec les autres chats du quartier. Nous avions tous deux grossi depuis l'après-midi où il était arrivé dans mon bureau maigre et affamé, avec juste assez de forces pour s'allonger sur les quatre tomes des romans de Simenon. Depuis lors, il avait un nom, un foyer et toujours quelques gouttes de lait et de quoi manger. Depuis lors, le volume de mes livres entassés au hasard avait lui aussi augmenté. » (page 59).

 

Voilà un privé tout ce qu'il y a de plus attachant : il a bientôt 50 ans, il est célibataire mais a quelques liaisons, il est souvent à court d'argent et joue aux courses (parfois il gagne), il picole juste un peu histoire de fréquenter les bars du quartier (on y append beaucoup de choses), il écoute du jazz et du classique (surtout Mahler) et c'est un gros lecteur (Léo Malet, Simenon, Shakespeare, Boulgakov, Conrad...). Il a des relations intéressantes avec quelques amis, en particulier le vieil Anselmo, kiosquier en bas de l'immeuble, Cardoza l'inspecteur de police, Campbell le journaliste, Franklin Serón le flic retraité, et un mystérieux écrivain en panne d'idées à qui il balance ses histoires.

Et puis aussi, il y a un véritable dialogue entre Heredia et Simenon, bon pas devant témoin, seulement lorsqu'ils sont les deux, mais j'adore !

 

Un autre de mes passages préférés

« La sirène d'une ambulance m'a fait penser qu'une tragédie avait dû avoir lieu à l'autre bout de la ville. Allons, me suis-je dit, la vie continue. Je me suis éloigné de la salle de billard, en pensant au compagnon de mes nuits d'insomnie : Le livre des samouraïs du maître Yamamoto Tsunetomo. Pour vivre, disait le texte, il faut se nourrir d'intelligence, d'humanité et de courage. L'intelligence consiste à savoir apprendre des autres, l'humanité, à œuvrer pour les autres, et le courage à 'serrer les dents et à avancer en toutes circonstances'. » (page 88).

 

Je veux lire les autres tomes !!!

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